Comment promouvoir la justice ? De quels leviers disposons-nous ? Qu’est-ce qui se joue pour le chrĂ©tien, dans ce genre de combat ? Pour tenter de rĂ©pondre Ă ces questions, je souhiaterais m’arrĂŞter d’abord sur la notion de justice. La perspective que je vous proposerai est la suivante : on peut distinguer, en fait, deux dimensions de la justice, toutes deux indispensables et indissociables — mais distinguables malgrĂ© tout. D’abord un sens courant, qui associe la justice Ă des calculs bien effectuĂ©s. Et un sens qui apparaĂ®t moins immĂ©diatement, qui associe la question de la justice Ă celle du dĂ©voilement des potentialitĂ©s que les ĂŞtres portent. Je propose d’explorer successivement ces 2 dimensions, Ă partir de quoi nous reviendrons sur la question des leviers, des points d’appui, et sur ce qui se joue pour le chrĂ©tien dans ce genre de combats.
1- La justice : une rétribution proportionnelle à ce que chacun apporte
Le premier versant de la question de la justice (telle qu’on l’entend habituellement), c’est finalement une question de comptes bien faits (image de la balance) — que les rĂ©tributions soient proportionnelles Ă ce qui a Ă©tĂ© apportĂ© par chacun. Alors, bien entendu, dès que l’on creuse un peu, on s’aperçoit que c’est un tout petit peu plus complexe que cela, car quel critère va-t-on prendre pour Ă©valuer une prestation ?
En effet, il y a différents critères possibles. Si vous prenez comme valeur phare l’efficacité, vous n’évaluerez pas une contribution de la même manière que si vous choisissez la créativité comme valeur ultime.
a) Quels critères pour mesurer ?
Un sociologue comme Luc Boltanski a montré qu’il y a 6 ou 7 manières différentes d’évaluer une contribution. Chacune de ces manières d’évaluer peut être associée à une vision du monde qui a sa cohérence et prétend pouvoir régenter le vivre ensemble ; c’est pourquoi il les appelle des « cités ». Ces manières d’évaluer proposent différents critères pour évaluer une prestation. Par exemple le critère :
– de la crĂ©ativitĂ© (est-ce que la prestation sort de l’ordinaire ?)
– des relations de connivence et d’influence (est-ce qu’elle crĂ©e un lien qu’on va pouvoir faire jouer ?)
– de la notoriĂ©tĂ© (est-ce qu’elle entraĂ®ne l’adhĂ©sion ?)
– de ce que ça apporte quant aux règles du jeu (est-ce que la prestation aide Ă vivre ensemble ?)
– de la rentabilitĂ© marchande (est-ce qu’elle rapporte ?)
– de l’efficacitĂ© (est-ce que ça marche, est-ce qu’on avance ?)
La pluralité des critères possibles va entraîner disputes et compromis.
b) Disputes et compromis
Puisqu’on dispose de plusieurs règles graduées, il va falloir se mettre d’accord sur celle que l’on privilégie. Chaque manière de compter peut critiquer les autres manières de compter. D’où des disputes souvent complexes, qui portent simultanément sur la prestation qui a été fournie, et sur la manière de l’évaluer, sur le type de grille qu’on privilégie. Heureusement : ces manières d’évaluer ne sont pas absolument incompatibles les unes avec les autres. Entre elles, des compromis sont possibles.
Cet aspect de la justice qui compte, évalue et dispute n’est en aucun cas à négliger ou mépriser au nom de la foi chrétienne (comme si nous étions au dessus de ces calculs mesquins).
c) Indispensable calcul des rémunérations
En effet, nous avons absolument besoin de règles du jeu pour vivre ensemble :
– lorsque quelques exceptions ne jouent pas le jeu, ça perturbe dĂ©jĂ pas mal,
– si personne ne jouait le jeu, ce serait la catastrophe.
Si ces manières d’évaluer en vue de rémunérer nous manquaient, nous irions vers le chaos. La société deviendrait une sorte de grosse mêlée ou chacun est imprévisible pour les autres. Autrement dit, pas moyen de se mettre d’accord sur ce qu’on peut attendre de chacun, et cela parce qu’il n’y a aucun outil de mesure qui fasse référence et qui puisse être accepté par tous. A travers cette question de justice, il s’agit d’un effort de rationalisation (pas au sens d’une rationalité technique, mais de ce qui est raisonnable, de ce qui permet d’échapper au non sens).
C’est sans doute à cause de cette menace du chaos que personne n’osera délibérément dire qu’il faut renoncer à compter, à évaluer, à rémunérer en proportion de ce que chacun apporte. C’est pourquoi la posture du cynique n’est acceptée que de manière exceptionnelle (comme en fait une critique radicale de tous les critères sauf un, celui de l’originalité).
Nous sommes tous conscients de ce que la société repose sur ce type d’accords implicites que nous passons entre nous et qui permettent de vivre ensemble. En même temps, nous avons conscience aussi de la fragilité de ces accords (si l’un dit : vous ne jouez pas le jeu, vous trichez et entre dans la violence, c’en est fini). Cela dit, on peut questionner le poids donné à certains critères. Et insister sur la légitime pluralité des manières de mesurer.
d) Refuser la survalorisation de certains critères
Si un critère l’emportait sur les autres au point de les Ă©liminer, n’aboutirions-nous pas Ă un considĂ©rable appauvrissement de l’humanitĂ© ? Actuellement, ce qui tend Ă l’emporter, c’est :
– le critère marchand (qu’est-ce que ça rapporte ? qu’est-ce que ça vaut ? importance de l’échange monĂ©taire)
– le critère de la notoriĂ©tĂ© (est-ce que ça fait qu’on est connu, et qu’on entraĂ®ne l’adhĂ©sion ? sociĂ©tĂ© des mĂ©dias)
– le critère de l’efficacitĂ© (est-ce que ça marche ? importance de la technique)
Les autres critères me semblent davantage remisés dans l’ombre, et cela entraîne sans doute un appauvrissement de ce que nous faisons. Cela dit, il faut en même temps noter les limites de ce type de fonctionnement, qui accorde tant d’importance au calcul.
e) Les limites de la justice qui calcule
Les règles graduées nous stimulent : elles donnent envie à chacun de parvenir à être le plus performant possible à partir du critère privilégié. Mais, elles ne font que nous situer sur une échelle (elles permettent de repérer où est le curseur). Je dis de « nous situer », j’aurais dû dire de situer « ce que j’ai fait », ou « ce que nous avons fait », car en fait, ces instruments de mesure ne peuvent pas classer les personnes mais seulement leurs prestations. Elles ne parviennent jamais à dire la singularité d’une personne.
Mais, dans les faits, nous sommes sans doute très tentĂ©s de penser comme si ces règles graduĂ©es avaient le pouvoir d’évaluer la personne — comme si, en mesurant ses capacitĂ©s, elles disaient la vĂ©ritĂ© sur ce qu’est cette personne. Or cela, Ă©videmment, est faux. Car une personne est irrĂ©ductible aux prestations qu’elle peut produire.
Conséquences :
– nous sommes très souvent occupĂ©s Ă classer : qui est au-dessus de qui (en fonction de tel ou tel critère) ;
– on est prĂŞt Ă tuer père et mère pour obtenir d’être bien classĂ© (bien Ă©valuĂ©, conformĂ©ment aux critères en vigueur). Car on pense que ce que l’on est dĂ©pend de ce classement ; on pense que c’est cela qui nous fait vivre ;
– Ceux qui sont le plus souvent perdants quel que soit le critère retenu, sont socialement morts, n’existent plus, ne valent rien.
Ceci, traduit en termes théologique, a un nom : ça s’appelle l’idolâtrie. Une idole, c’est :
– ce qui prĂ©tend donner la vie sans le faire ;
– et qui Ă©nonce des exigences terribles, qui ont quelque chose de mortifère.
A partir de là , il ne s’agit pas de mépriser, bien entendu, cette justice qui fait des comptes. Elle est indispensable pour que nous puissions vivre ensemble. Et il convient, bien entendu, de la promouvoir en faisant droit au débat et aux disputes auxquelles elle donne lieu. Cela dit, on sent bien que cette justice qui compte ne dit pas le tout de ce que nous sommes, et que les classifications qu’elle permet d’établir peuvent être très dangereuses si l’on se met à croire qu’elles disent la vérité de ce que nous sommes.
2- La justice : le plein dévoilement de ce que chacun est
D’où l’importance de ne pas oublier un second versant de la question de la justice. Là , il est question moins de comptes bien faits, que du sentiment, pour chacun, d’avoir pu donner sa pleine mesure, d’avoir pu faire passer au jour, ce qu’il porte de manière secrète ou latente en lui, d’avoir pu partager au moins un peu de ce qu’il est.
Sommes-nous ici encore dans le champ de la justice ? Oui, je le pense, car chacun sentira comme une injustice le fait de n’avoir pas pu exprimer ce qu’il est, ce qui en lui était destiné à contribuer à la vie du monde. C’est ce que des philosophes ont thématisé autour du thème de la reconnaissance (Axel Honneth, Emmanuel Renaut, Paul Ricoeur). A la limite, on pourra voir tous les conflits autour de la justice qui calcule, comme des effets d’un désir de justice plus fondamental, mais qui s’exprime plus difficilement (on a un peu honte d’avouer : je désire être reconnu).
a) Les plus démunis radicalisent la question de la justice
Personnellement, ce qui m’a rendu sensible à cet aspect de la question de la justice, ce sont les personnes qui connaissent la grande pauvreté. Il me semble qu’on peut dire qu’ils radicalisent la question de la justice. Ces personnes, en général, ont un sens aigu de la justice. Mais elles ne visent pas d’abord une meilleure rétribution de leurs prestations, ni ne revendiquent des gratifications proportionnelles à ce qu’elles ont apporté. En ce sens-là , elles ne se satisferaient sans doute pas d’une manière de concevoir la justice qui s’en tient à calculer à partir d’échelles de grandeurs. Elles associent en fait la justice au dévoilement de la vérité, vérité qui porte sur les êtres eux-mêmes, et qui échappe à toute mesure, à tout tableau comptable.
Voici un petit poème réalisé par des membres du Sappel (Chrétiens du Quart-Monde) pour un chemin de croix :
« L’oubli est présent,
vie injuste,
abandonnée depuis le plus jeune âge,
la vérité n’est pas faite. »
Voilà , il me semble, la protestation ultime des plus pauvres. La vérité en question porte sur ce que l’on est. On ne peut pas en dire beaucoup plus, précisément, parce que cette vérité demeure masquée : ce que l’on est vraiment – que l’on peut seulement pressentir – n’a pas trouvé l’occasion de se manifester. Cette non-manifestation, ici, est associée à l’abandon : un être abandonné ne peut pas manifester ce qu’il est.
Le thème de la justice s’en trouve radicalisé. Il ne s’agit plus d’abord d’une affaire de rétribution à opérer correctement. Fondamentalement, il est question de faire droit à la singularité de chaque être, de lui permettre de venir au jour afin qu’il s’exprime, se manifeste, partage un peu de ce qu’il est.
Cela peut-il se régler au terme de disputes, de négociations et de calculs ? Non, bien entendu. Car de cela, je peux espérer être mieux situé sur une règle graduée. Mais ce que je porte de singulier en moi, qui est incomparable, dont aucune évaluation ne peut rendre compte, de cela une meilleure situation dans un classement ne peut rien dire du tout.
C’est pourquoi sont mis en cause non seulement telle ou telle manière de compter qui n’est pas juste, mais également le fait même de compter. Aucun compte ne pourra venir à bout de ce désir de justice que nous portons (tous). La justice que l’on peut attendre de la bonne gestion des différends et des contentieux est incapable d’appeler ce que chacun porte en lui-même et qui demeure caché.
b) Les jeux de la reconnaissance
Les plus pauvres, parce qu’ils sont tenus en dehors de la plupart de nos jeux comptables, ne nomment-ils pas ce qui, en fait, se cherche Ă travers les diffĂ©rents conflits de justice — que chacun soit accueilli dans sa singularitĂ©, appelĂ© Ă apporter, dans l’espace public, les harmoniques que lui seul peut faire entendre ?
Sur quoi pouvons-nous nous appuyer pour que cela puisse avoir lieu ? Nous sentons bien qu’ici, il en va de la liberté de chacun : je ne peux forcer ce type de reconnaissance. Je peux certes forcer une reconnaissance en vue d’un meilleur classement (au terme d’une épreuve où je montre ce que je vaux). Mais la reconnaissance de ma singularité ne peut s’obtenir ainsi. Elle suppose la décision d’accepter qu’à travers cette personne, quelque chose d’inouï, d’incomparable, se dit. C’est une attitude d’hospitalité : j’accueille ce que je n’ai encore jamais vu, ce que je n’avais même jamais imaginé : toi, un être unique.
Le ressort est du côté de la décision, de la liberté donc. Mais cette attitude d’hospitalité va souvent encore plus loin : je ne me contente pas de t’accueillir, mais je t’appelle : j’appelle ce qui en toi n’est encore jamais paru au jour, ne s’est encore jamais fait entendre. Il y a mille manières pour dire à quelqu’un : on n’a pas encore tout vu de toi ; reste à venir au jour, peut-être le plus beau, qui ne s’est pas encore dit, qui n’a pas encore trouvé le moyen de se dire ; et qui, probablement nous étonnera tous.
c) L’existence, sous-tendue par l’hospitalité et l’appel
L’existence, vue dans cette perspective, n’est pas avant tout sous-tendue par le règlement des différends. La venue au jour de chacun est rendue possible par un jeu d’hospitalité (j’accueille en toi l’être inouï qui se présente), et d’appel (j’appelle en toi ce qui n’est pas encore venu au jour, que je ne connais pas, que je pressens, et qui nous étonnera tous).
Cette hospitalitĂ© et cet appel sont des attitudes risquĂ©es (je ne sais pas comment tu vas ĂŞtre) ; c’est un engagement vis-Ă -vis de toi, qui est sans condition prĂ©alable. Je ne dis pas : “je t’accueille ou je t’appelle Ă condition que tu fasses ça et ça”. En ce sens, on n’est pas du tout ici dans le registre prĂ©cĂ©dent, oĂą l’on devait tout mesurer — voir si telle prestation a Ă©tĂ© bien rĂ©munĂ©rĂ©e. Ici, on ne cherche pas d’abord cela, et l’on n’a pas besoin de calculer.
Ce qui nous fait exister comme être singulier, c’est donc d’abord ce genre d’attitude qui accueille et qui appelle, sans condition préalable, sans terme prévu, capable de perdurer malgré les non réponses (Dieu sait qu’en général, les réponses se font attendre), pardonnant.
d) Un accueil et un appel qui passent par bien des canaux
Cet effet d’appel, par quoi est-il porté ? On pourrait dire : avant tout par des proches (parents, amis, éducateurs). Et c’est vrai que c’est extrêmement important ; on s’en rend compte a contrario : lorsque nous avons été mal accueillis, ou mal appelés, cela laisse des blessures pour toute la vie.
Cela dit, il ne s’agit pas que d’une question de rapports interpersonnels. Tout d’abord parce que ces rapports interpersonnels sont eux-mêmes en partie formatés par la société dans laquelle nous vivons (les règles du jeu qu’on se donne : ex : placement des enfants ; et plus largement, la physionomie de la famille – élargie, nucléaire, etc.). Donc ces rapports ne tiennent pas tout seul en l’air ; ils sont portés par un substrat de rapports sociaux.
Et puis cet accueil et cet appel, peut Ă©galement passer par des mĂ©diations instituĂ©es : une institution comme l’école, le système Ă©ducatif, est bien chargĂ©, Ă l’échelle d’une sociĂ©tĂ©, de donner consistance au dĂ©sir que nous avons que les plus jeunes trouvent leur place et expriment quelque chose de ce qu’ils sont. Pour aller Ă l’extrĂŞme, quelque chose qui paraĂ®t totalement anonyme comme un numĂ©ro de sĂ©curitĂ© sociale, ça dit quand mĂŞme, sous une forme très assourdie : “on tient Ă toi ; tu existe pour nous ; et pour cela, on s’engage pour que tu sois soignĂ© quand tu es malade”.
Cet accueil et cet appel de l’être singulier que nous sommes est également porté par des médiations complexes. C’est pourquoi il y a aussi une dimension politique de ce type de reconnaissance. Ceci apparaît clairement lorsqu’on réfléchit à ce qui se passe par exemple pour les jeunes des banlieues ; voilà sans doute des groupes sociaux – enfant issus de l’immigration maghrébine ou africaine – que nous n’avons pas vraiment accueillis ; et que nous appelons encore moins.
Les signes que nous leur faisons percevoir sont le plus souvent du type : on a peur de vous ; on ne sait pas quoi faire avec vous ; ou pire : on sait déjà ce que vous valez, et que ce n’est pas grand-chose. Tout cela passe par des paroles (le mot « racaille », par exemple, est suffisamment explicite), par des décisions (une manière d’organiser le service de la justice – un type d’intervention de la police) et par une ambiance qui se diffuse (« zones de non droit »).
Cela dit, bien entendu, on ne peut pas attendre de la seule instance politique qu’elle porte cet appel.
3- Le jeu des deux composantes de la justice
A partir de là , on peut se demander : comment les deux dimensions de la question de la justice vont jouer ensemble ? Plusieurs interprétations sont possibles, plusieurs options possibles.
On peut tout simplement passer totalement sous silence tout ce que j’ai mis sous le thème de l’accueil et de l’appel. Et considérer que l’on se fait soi-même (soi seul). C’est le mythe du self made man. L’idéologie sous-jacente ? Ce qui apparaît de ce que nous sommes est le simple fruit de notre effort ; en conséquence, il faut l’attribuer à notre mérite personnel, et il est normal qu’il soit rémunéré en conséquence. Ici, on a seulement besoin de la justice qui mesure et pas de la justice qui appelle (car ce qui surgit de neuf chez un être ne dépend en rien de nos manières de nous rapporter les uns aux autres).
On peut considérer aussi que l’accueil et l’appel sont confinés aux rapports interpersonnels ; dans ce cas, on reportera sur les familles et le réseau des proches, la question de l’accueil et de l’appel. Et une fois sorti de cette sphère, on considère qu’on ne peut plus rien faire.
Troisième option : on considère que l’accueil et l’appel font partie aussi de la responsabilitĂ© de la sociĂ©tĂ©. Et dans ce cas, on se demande comment leur donner consistance. On va chercher Ă ce que la justice ne se contente pas de rĂ©munĂ©rer au mieux les prestations fournies par chacun, mais que chacun soit appelĂ© Ă apporter la contribution singulière qu’il porte — et qui en mĂŞme temps lui Ă©chappe, car il demeure en partie un mystère pour lui-mĂŞme.
a) Comme Chrétiens : à quoi sommes-nous appelés ?
La réponse est dans ma question : j’ai employé le terme « appelé » ; c’est un tic de langage chrétien. Mais il est révélateur de quelque chose d’extrêmement important : comme chrétiens, nous pensons l’existence en termes de réponse à un appel. Pour cela, nous avons en tête les figures d’Adam (où es-tu ?), d’Abraham, de Samuel, des prophètes, des disciples : tous sont appelés. Nous plaçons clairement l’existence dans la réponse à un appel. Et un appel qui n’est pas seulement ponctuel ; un appel qui ouvre une alliance (une alliance, c’est un accueil et un appel qui se prolonge indéfiniment dans le temps). C’est cela qui est fondamental dans la relation à Dieu.
Cela dit, en mĂŞme temps, vient une loi, avec des interdits, des choses Ă faire, bref des exigences — et en plus, des avertissements (si tu ne respectes pas la loi que je te donne, il va t’arriver des bricoles). Avec la loi, on va pouvoir reconnaĂ®tre clairement des choses, et faire la distinction entre ce qui permet de rĂ©pondre Ă Dieu, et ce qui l’empĂŞche.
On entre ici dans la zone des échanges où l’on rétribue, où l’on compte. Mais la loi est sous-tendue par l’engagement de Dieu. On peut se reporter au décalogue (Ex 20) : ça commence par : « je suis Yahvé ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude ». Voilà ce qui est premier, ce qui appelle à la vie. Et la loi donnée ensuite, comme ce qui permet de répondre à cet engagement de Dieu (« tu n’auras pas d’autre dieux devant moi, tu ne te feras aucune image sculptée… »).
b) La tradition chrétienne : une prise de position par rapport aux deux composantes de la justice
Alors bien sĂ»r, on pourra ĂŞtre tentĂ© de donner le premie rĂ´le Ă la loi — Ă faire de l’échange calculĂ© ce qui dit la vĂ©ritĂ© sur qui l’on est. Dans ce cas, on fait de la loi ce qui est la source de notre existence. La tradition chrĂ©tienne tranche ce dĂ©bat de manière claire : la vie et la mort du Christ disent Ă quel point l’engagement de Dieu est sans condition prĂ©alable. Puisqu’il va jusqu’à s’y risquer lui-mĂŞme.
Le débat sera tranché, en un certain sens, par le Christ et la tradition chrétienne : l’alliance est fondamentalement un engagement de la part de Dieu, qui est sans condition préalable ; et les éléments de loi que Dieu donne sont provisoires et ils ont une fonction pédagogique (nous aider à articuler notre réponse à Dieu).
A noter cependant que les deux éléments sont indispensables : un engagement sans condition vis-à -vis d’un autre, sans qu’il y ait entre nous aucun élément de contrat (où l’on mesure), peut facilement dériver vers quelque chose de fusionnel, ou bien vers une emprise de l’un sur l’autre.
C’est pourquoi la loi est indispensable : elle rappelle ce que l’on attend de la part de chacun ; elle souligne l’importance des échanges ; elle permet la réciprocité ; elle donne des médiations concrètes par lesquels l’engagement sans condition se dit ; elle permet d’éveiller une liberté, de mesurer la capacité à répondre, à tenir ses engagements, d’enregistrer les progrès, etc. La loi est donc très importante (et donc l’aspect de la justice qui mesure). Mais elle n’est pas fondamentale. Ce n’est pas cela qui constitue le socle de la relation avec Dieu : le socle, c’est l’engagement sans condition de la part de Dieu.
La justice qui calcule est indispensable, mais elle ne peut prétendre assumer à elle-seule la question de la justice. En fait, elle joue pleinement son rôle lorsqu’elle est la médiation par laquelle l’appel à l’existence et l’accueil de chacun se dit.
c) A partir de là , revisiter quelques thèmes connus
A partir de là , on retrouve un certain nombre de thèmes qui nous sont connus :
– « Je ne suis pas venu abolir la loi mais l’accomplir ». Ici, JĂ©sus souligne que la justice qui fait ses comptes ne peut pas ĂŞtre Ă©vacuĂ©e (elle ne peut ĂŞtre abolie), mais elle est accomplie au sens oĂą est bien mise en place sa vraie fonction : porter l’appel Ă l’existence et l’accueil de chacun. C’est-Ă -dire, ĂŞtre comme le rappel de l’engagement de Dieu vis-Ă -vis de l’humanitĂ© et de ce qu’il nous est possible d’y rĂ©pondre.
– « Si votre justice ne dĂ©passe pas celle des scribes et des pharisiens ». Ici, on voit bien les deux dimensions de la justice, avec la tentation de s’en tenir Ă la justice qui compte ; elle est plus commode, plus simple et avec elle on peut avoir l’impression d’être quitte.
– « Celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi » (Rm 13, 8 ) : la loi est accomplie quand on aime ; ceci peut se comprendre si l’on se souvient que la loi est lĂ pour signifier l’engagement de Dieu vis-Ă -vis de l’humanitĂ©, qui est un appel et un accueil (autres termes pour dire l’amour). La loi rappelle, signifie l’amour de Dieu, elle lui donne consistance concrète ; et en mĂŞme temps, elle indique des chemins pour rĂ©pondre Ă cet engagement de Dieu. Elle est accomplie lorsque nous nous mettons dans les mĂŞmes dispositions que Dieu, vis-Ă -vis de tous nos frères : lorsque nous rĂ©pondons Ă Dieu en adoptant sa propre manière d’être (marquĂ©e notamment par l’engagement sans condition vis-Ă -vis de l’autre, attitude d’accueil et d’appel ; autres mots pour amour).
La mĂ©ditation de ce qui se passe entre l’humanitĂ© et Dieu dans la Bible permet de distinguer le jeu de deux Ă©lĂ©ments en toute relation : 1) un engagement sans condition prĂ©alable et sans autre rĂ©ponse Ă la question « pourquoi » que : “parce que c’est toi” ; 2) des Ă©changes qui peuvent se mesurer (et lĂ il y a d’autres « parce que »).
Le premier élément est fondamental. C’est lui qui donne la vie. Ce sont les engagements sans condition de tous ceux qui nous disent : je tiens à toi ; nous t’appelons ; on n’a pas encore tout vu de ce que tu portes. Le second élément est indispensable mais pas fondamental. Ce n’est pas lui qui donne la vie. Il est là comme une aide pour que chacun trouve sa manière singulière de répondre au don de Dieu.
Conclusion : Quels points d’appui ou leviers ?
Cette vision insiste beaucoup sur le fait que la justice, ce n’est pas seulement des calculs bien faits, mais c’est aussi l’accueil et l’appel de chaque être. Du coup, nous savons que nous ne verrons pas la fin de ce combat : car le mystère que chacun est, n’est jamais totalement dévoilé. Nous n’en avons jamais fini de nous révéler.
Cela situe le combat pour la justice du côté de l’utopie (non pas au sens négatif de quelque chose de totalement irréaliste ; mais au sens positif d’un ce vers quoi que nous n’atteindrons jamais, mais qui nous fait avancer).
Cela incite à refuser d’absolutiser les combats pour la justice qui calcule. Parfois on a l’impression que dans les calculs bien faits se trouvent la solution à tous les maux ; or quand on raisonne ainsi, on fait de cette justice une idole, et de fait, on est souvent prêt à lui sacrifier énormément.
Cela empêche de considérer les combats comme des luttes à mort ; car si chacun doit être appelé à l’existence, c’est vrai aussi de mon adversaire ; invite à sortir de l’imaginaire de la purification, dans lequel j’identifie l’adversaire à l’impur qu’il faut éliminer, pour préserver l’espace que je suppose pur en moi.
Cela invite Ă ne pas zapper les combats pour que les calculs soient faits le mieux possible (la justice du Royaume ne peut pas venir recouvrir des comptes tordus).
Mais plus précisément que ces grands rappels, je crois que cette vision permet de faire le rapport entre des actions en apparence anodines, tout à fait à notre portée, et des enjeux beaucoup plus larges : finalement il s’agit d’un même combat, pour que nous nous engagions dans l’accueil et l’appel de l’autre (nos proches, les générations plus jeunes ; l’étranger ; le migrant). Je ne sais pas si cela donne des points d’appui et des leviers ; mais en tout cas, c’est l’incitation à une certaine manière de vivre les nécessaires combats à mener pour la justice.
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Extraits des débats avec la salle
Q. Témoignage d’un travail avec des visiteurs de prisonniers qui souligne l’importance de l’écoute et du travail d’apprentissage à l’écoute.
E.G. On a des réflexes qui consistent à évaluer une personne et à prononcer des jugements : c’est le plus facile, ce qui nous vient en premier. L’écoute c’est l’accueil de la personne telle qu’elle est, c’est plus risqué parce qu’on ne sait pas trop ce qui va arriver, vers quoi ça nous entraîne. Mais quand on a développé son goût à l’écoute on y trouve aussi richesse et intérêt : comprendre comment un être se développe.
Q. Les PDG qui s’octroient des salaires pharamineux et dont on dit « ils les valent bien », ou pire encore quand il s’agit de footballers ou des chanteurs : une insulte pour les autres
E.G. On est là en face d’un phénomène de même nature que celui des bulles spéculatives. A partir du moment où tout le monde pense qu’il faut miser sur telle personne, sur telle valeur, on en fait augmenter la valeur, jusqu’à ce que ça prenne des proportions folles. Une société humaine sans régulation fonctionne ainsi parce que nous avons en nous le réflexe spontané d’imiter ce que font les autres. Une société laissée livrée à elle-même va ainsi vers toutes sortes de bulles : engouements, modes… Il faut réguler, d’où l’importance du politique qui édicte des règles du jeu pour le vivre ensemble et permet de contrôler ce genre de choses.
Ceci va à l’encontre de la pensée libérale : « laissez tout faire et ça s’harmonisera » ; non, parce que si on laisse tout faire le phénomène du mimétisme conduit à la bulle. Cela a été très bien analysé par un anthropologue comme René Girard qui montre que ce phénomène du mimétisme est profondément ancré dans l’humanité ; ou encore par Jean-Pierre Dupuis dans le champ économique.
Il faut des régulations.
Q. Dans l’évaluation de « ce que je vaux » comment prendre en compte tout ce qui m’est apporté dès ma naissance par tous ceux qui m’ont précédé ? Cela n’a-t-il pas à voir avec notre identité ?
E.G. Oui, on doit accepter de reconnaître que ce que l’on est on ne l’a pas fait soi-même : on le doit à tous ceux qui nous ont appelés à l’existence. Nous sommes tentés de le passer sous silence et de penser que nous nous sommes faits nous-mêmes ; et la publicité joue là -dessus « ma banque c’est moi » ; « parce que je le vaux bien »… Elle fait entendre le message « vous êtes à la source de vous-mêmes », ce qui est faux. La tradition chrétienne dit « la vie, ça se donne » ; ça se reçoit et ça se donne.
Q. Deux exemples de situations engendrées par le manque de courage. Dans l’Eglise : on a comme critère de choix, par exemple des évêques, des gens « bien gentils » qui ne font pas de vagues. Dans le monde politique on évite les mesures tout à fait nécessaires qui auraient des conséquences négatives sur le plan électoral. On manque ainsi les rendez-vous de l’histoire.
E .G. Appeler chacun avec la singularité qu’il porte a un côté risqué, qui va mettre de la différence. Dans l’Eglise, on a souvent peur de la différence, peur du conflit. Quelqu’un comme saint Paul n’avait pas peur du conflit ; on le voit quand il remonte les bretelles à celui qu’on considère aujourd’hui comme le premier pape, saint Pierre, et cela fait tout à fait partie de la tradition chrétienne.
Avoir peur de s’engueuler, veut dire qu’on ne vit pas la communion : on s’évite mutuellement.
Q. Peut-on faire l’économie d’une révolution, dans le sens où il appartiendrait aux citoyens de réinstituer les sociétés dans lesquelles ils se trouvent ? Les institutions d’aujourd’hui contribuent à maintenir le monde tel qu’il est, à préparer les individus à la violence du monde, à la compétition, la lutte de tous contre tous.
E.G. La situation du monde, avec tous les problèmes qu’a révélés la crise, problèmes du fonctionnement de l’économie, de la non régulation de la finance, les problèmes écologiques extrêmement graves qui vont entraîner rapidement des conséquences pour des millions de personnes, appelle de manière très urgente de nouveaux modes de régulation. Comment les mettre en place ? Faut-il miser sur les opinions, les politiques en place, les contourner ? Le Forum social mondial était un essai pour faire cristalliser quelque chose à partir de la base. Faut-il faire pression sur les élus, faire des propositions nouvelles que les politiques puissent reprendre à leur compte ? Je pense qu’il faut attaquer dans tous les sens.
Le problème c’est que, très souvent, on sait que la catastrophe va arriver, et on ne fait rien du tout. La question est très grave.
Q. Je voudrais relever l’énorme gâchis éducatif dans lequel nous nous trouvons. Spontanément, beaucoup d’enfants veulent être au service des autres, les autres pouvant même être des animaux. Quand ils arrivent sur le marché du travail, on leur fait vite comprendre qu’il ne s’agit pas d’être au service des autres mais de gagner plus qu’eux, quand ce n’est pas aux dépends des autres. Quand ils arrivent dans le milieu professionnel, on ne tient aucun compte de leurs qualités humaines, ni même de leurs compétences ou de ce qu’ils exercent bien leur travail ; on leur demande de faire du chiffre et de remplir le tiroir-caisse du patron.
E.G. Ceci plaide pour chercher d’autre voies pour aider les jeunes à exprimer ce désir de service des autres qu’ils ont en eux. Il s’exprime par exemple par l’engouement – peut-être critiquable par ailleurs sur certains points – pour l’humanitaire. On doit s’interroger sur l’évolution très grave du monde du travail. Peut-on imaginer des sursauts, des prises de conscience ? Peut-être à travers ces suicides dans l’entreprise prend-on conscience qu’on ne peut pas faire n’importe quoi avec les salariés. Il faut des instances où les salariés se font entendre et, à mon avis, le syndicat est une instance incontournable.
Q. L’école a un rôle important, quand dans l’école les jeunes se sentent appelés. Toute recherche pédagogique est essentielle pour l’évolution sociale. Lorsque les jeunes se sentiront appelés, dans l’école, on aboutira à une révolution.
E.G. J’ai un copain qui a travaillé la question de la pédagogie. Quand on demande les valeurs que les enseignants veulent transmettre, peu font référence à l’histoire, à la mémoire ; on est dans une pédagogie qui occulte l’histoire. Et il s’est mis à enseigner la physique et les mathématiques en montrant beaucoup plus comment les grands savants avaient émis leurs hypothèses, les difficultés, les risques qu’ils avaient pris, au lieu de présenter un savoir comme intemporel, et il a constaté que cela débloquait plein de choses. C’est important parce que le trésor dont on dispose aujourd’hui nous a été transmis. Cela donne des racines, des assises plus solides.
Q. Comment accède-t-on au meilleur de soi ?
E.G. Cela passe par des liens privilégiés, relations interpersonnelles, nos parents, nos amis ; une ambiance qui permette à chacun de révéler qui il est, de s’exprimer par la confiance établie. Pour un chrétien quelque chose se joue dans la lecture de l’Evangile et dans la relation au Christ. A travers ce qu’il découvre du visage du Christ, quelque chose de lui-même lui est révélé dans une relation personnelle avec le Christ. Des figures instituées peuvent nous appeler. Je souhaite un développement des ministères qui ne soit pas limités aux seuls prêtres ; je vois dans la concentration des ministères dans la personne du prêtre une analogie avec la musique liturgique dans laquelle l’orgue joue à lui seul tous les instruments.
Q. Et ceux qui se mettent contre la loi pour aider les migrants ? la loi qui met des bâtons dans les roues de la Cimade.
E.G. C’est la transgression. Elle nous oblige à reconnaître que l’on ne peut rien savoir de la situation des autres et à reconnaître qu’il y a des principes de fraternité. On a là un bon exemple de dépassement de la loi.
Q. La loi peut souvent engendrer le légalisme desséchant ; Jésus critique la loi. Quant aux lois de l’Eglise fabriquées par les humains, elles trahissent.
E.G. A propos de l’institution : les choses ne marchent pas trop mal quand il y a un jeu entre ce qu’apporte chacun et l’institution. Si l’institution devient sclérosée, qu’elle empêche l’expression de chacun, elle ne joue pas son rôle. Mais s’il n’y avait pas d’institution, on serait condamné à tout réinventer à partir de zéro. L’institution donne une durée, une expansion possible aux intuitions. On peut la comparer à un texte écrit, un texte qui porte des choses précieuses. Si on lit mal comme un robot, il ne parle plus. Comment faire pour habiter les institutions, les faire vivre ? Ce texte a été complété par les apports des autres. Il doit accepter d’être modifié, enrichi et qu’une partie de lui-même ne soit plus réactivée à certains moments.
A ce propos E.G. commente l’initiative « Diaconia 2013 » :
Cette manifestation a été relayée aux Semaines Sociales en novembre dernier. Il s’agit de répondre aux inquiétudes de beaucoup dans l’Eglise de France sur un repli su soi, sur le culte et la piété au détriment des engagements sociaux. On a quelques points d’applique précieux avec la dernière encyclique : l’engagement social est constitutif de l’Eglise, cela fait partie du cœur de l’Eglise. Je ne serai pas étonné que l’on commence à voir les limites de l’option traditionaliste, que l’on commence à voir dans l’Eglise, au niveau des instances dirigeantes, que cela a des côtés dangereux et contreproductifs pour l’Eglise.
En France il y a eu un trésor d’engagements des gens du côté d’ATDQM. Il y a des gens qui ont vécu des choses très fortes, qui ont beaucoup de choses à apprendre à L’Eglise. Pour donner consistance à cela, il y a l’idée d’un rassemblement en 2013 qui s’appellerait « Diaconia 2013 » (http://www.diaconat.cef.fr/breves/diaconiat2013-1.html), un peu comme ce qui avait eu lieu en 2007 autour de la catéchèse, mais ici autour de la diaconie. C’est une manière de revisiter la théologie sous-jacente à l’engagement social, avec ce terme un peu nouveau.
François Soulage (Président du Secours Catholique – Caritas France) est moteur dans « Diaconia 2013 » ; autour des problématiques suivantes : comment la dimension de la solidarité peut être mise au cœur de la vie de l’Eglise et pas sous-traitée par des spécialistes ; que ce soit l’affaire de toute la communauté ; retrouver un contact régulier avec des personnes en situation de précarité. A signaler des créations de ces dernières années comme par exemple « Réseaux de veilleurs », « Voyage de l’espérance » etc.
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Des lectures pour en savoir plus :
– « Un lien si fort – Quand l’amour de Dieu se fait diaconie » de E. Grieu, Ed. L’Atelier (2009).
– « Qui es-tu pour m’empĂŞcher de mourir ? » de Gilles Rebèche, Ed. L’Atelier (2010).Une expĂ©rience très intĂ©ressante dans l’Eglise de France (dans le Var) et facile Ă lire.
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Source : AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de Nous Sommes Aussi l’Eglise, 24 janvier 2010