Nos amis du CEDEC (Chrétiens pour une Eglise Dégagée de l’Ecole Confessionnelle) ont éprouvé le besoin de formuler à nouveau les convictions de leur association en insistant sur les motivations citoyennes de leur attachement à la laïcité. Vous trouverez ci-après leur texte de présentation.
Le CEDEC demande tout simplement à l’Église catholique de retirer son label, donc sa caution officielle, à toute école privée (excepté, bien entendu, les écoles de théologie). Il ne s’est pas donné comme objectif la suppression de la liberté d’enseigner et de fonder des écoles hors de l’enseignement public.
Les motivations du CEDEC sont d’abord citoyennes : les militants du CEDEC sont souvent engagés, par principe de vie, dans des activités collectives sociales laïques donc ouvertes démocratiquement à tous. Ils sont parfois connus comme chrétiens. C’est pourquoi ils regrettent fortement que la communauté religieuse dont ils font partie, continue, malgré des déclarations de loyauté républicaine, à soutenir une école dont la persistance fragilise la démocratie et son indispensable laïcité, dans leur esprit et même dans leur lettre.
Même si l’école catholique affirme ne pas vouloir pratiquer un prosélytisme direct envers ses usagers – ce qui fait partie des obligations contractuelles avec l’État -, son inévitable caractère religieux (son « caractère propre », concédé sous pression et contradictoirement par la loi Debré) est toujours affiché dans ses statuts de 1992. Et des évêques tentent actuellement de renforcer encore cette qualification ! On est donc bien dans la catégorie des activités religieuses (« cultuelles ») ne pouvant bénéficier de l’argent public, selon la loi de séparation. Il y a là une exception (de circonstance, disait-on) dommageable pour ladite loi : elle oblige l’État à soutenir financièrement et sembler encourager, volens nolens, un élément fondamental du dangereux communautarisme.
D’autre part, il semble aux adhérents du CEDEC que le système libéralo-concurrentiel fortement inégalitaire, actuellement à son paroxysme, est aux antipodes de la démocratie. Ils regrettent amèrement que leur Église paraisse, par son école privée, participer à ce système et bénir une société de la réussite individuelle à tout prix.
Ces motivations sont, en deuxième lieu, d’ordre évangélique et participent de l’amour du prochain. Pour lui, cette référence de foi ne contredit pas les arguments précédents, bien au contraire. Un pays comme le nôtre essaie de vivre et développer la démocratie respectueuse des diversités de conviction : l’école publique, par exemple, n’est pas une école d’État. L’Église aurait dû, depuis longtemps et spontanément – par nature pourrait-on dire-, encourager les croyants à se joindre dans tous les cas, aux autres citoyens, quand ils œuvrent collectivement – avec l’esprit de laïcité nécessaire à la compréhension réciproque-, pour faire progresser sans cesse leur humanité.
Ceci est vrai en particulier pour la formation scolaire : les élèves ont à apprendre à aimer l’action solidaire et les échanges libres et écoutants, d’égal à égal avec tous les autres. Ainsi acquièrent-ils en même temps l’indépendance d’esprit indispensable à un choix réfléchi de leurs convictions personnelles. Seule la laïcité de l’école publique assure, dans tous les cas, les conditions nécessaires : donner l’occasion d’être à part, dès l’enfance, autour d’une conviction religieuse, peut devenir la première marche vers le communautarisme. L’Église, que l’Évangile exhorte à une « sortie » de la religion sacralisante et à tendance trop pesamment englobante, peut comprendre cela.
RÉSUMÉ : Le CEDEC ne remet pas en cause les lois instituant la liberté d’enseignement. Il demande simplement à l’Église de se détacher de l’école confessionnelle de tout niveau. Pourquoi ?
Avec la persistance d’une école privée catholique, l’Église ne peut que rester suspecte auprès des démocrates convaincus : cette école induit en effet, d’une part, une ambiguïté sur les rapports de celle-ci avec la laïcité – condition pourtant essentielle pour construire une démocratie diverse, solidaire et pacifiée -, et, d’autre part, le sentiment qu’elle a fait le choix du système individualiste et arriviste dominant.
En même temps, l’Église catholique donne à la société une image faussée de la foi chrétienne, alors que l’Évangile porte instamment à l’effort d’humanisation, avec tous les autres hommes et femmes, dans l’égalité et à tous les âges de la vie.
Source : texte transmis le 6 octobre 2012 par Monique Cabotte-Carillon, présidente du CEDEC.
En savoir plus : C.E.D.E.C. CHRÉTIENS POUR UNE ÉGLISE DÉGAGÉE DE L’ÉCOLE CONFESSIONNELLE
100 Rue de la Fuye 37000 Tours (tél. 0247461576)