Par Régine et Guy Ringwald
Lundi 22 janvier à 16h, La Croix met en ligne un article de Nicolas Senèze qui relate des propos du Pape tenus lors de la conférence de presse qu’il a donnée dans l’avion qui le ramenait du Pérou.
“Je dois présenter des excuses parce que le mot preuve a blessé… J’ai voulu traduire un principe légal, et je m’excuse auprès d’elles si je les ai blessées (les victimes) sans le vouloir… je me rends compte maintenant que mon expression a été malheureuse.”
L’article retrace en quelques mots l’affaire, mais en édulcorant beaucoup les choses. Barros est présenté comme “évêque de longue date (auxiliaire à Valparaiso, puis évêque d’Iquique, et aux armées ; à Osorno depuis 2015)”. C’est oublier de dire que dans toute la période jusqu’à 2011, les agissements de Karadima n’étaient pas connus.
Il est dit aussi : Jeune homme, “Juan Barros avait fait partie d’un groupe de jeunes dont la vocation avait été éveillée par Karadima”. En fait, Barros a été proche de Karadima jusqu’au moment de sa condamnation par le Vatican. Il lui avait organisé un voyage à Lourdes pour ses 50 ans de sacerdoce en 2008. Dans une homélie, lors de son départ d’Iquique, il rendait un chaleureux hommage à Karadima.
Par ailleurs, une confusion est entretenue, y compris dans les propos du pape, quand on parle de “victimes de Barros”. Ce qui est reproché à Barros, ce n’est pas tant d’avoir lui-même abusé, que d’avoir su, de toute évidence, et de n’avoir rien dit. Il est aussi accusé d’avoir fait disparaître des lettres qui arrivaient à l’Archevêché où il était secrétaire du Cardinal Fresno.
Dans la suite de l’article, il est dit que le Pape maintient entière sa position de fond, y compris le terme de “calomnies”. Il articule une argumentation purement juridique. Qu’en est-il de la pastorale à Osorno ?
Remarquons d’abord que, bien avant les propos du Pape, jugés insultants par les intéressés, le Chili avait déjà été choqué par la présence indécente de Barros aux célébrations, et en bonne place, ostensiblement.
Le porte-parole des laïcs, Juan Carlos Claret, fait remarquer que c’est surtout le mot “calomnies” qui avait provoqué leur colère, plus que la question des preuves. Il récuse l’argument juridique qui n’est pas de la compétence du pape, et qui esquive l’aspect pastoral.