NSAE réagit à la lettre papale “Ecclesia in Europa”
“L’Eglise en Europe”, lettre du pape Jean Paul II, est la synthèse des conclusions du synode des évêques catholiques qui s’est tenu à Rome en 1999. Au chapitre VI, le Pape s’appuie sur le déficit spirituel de l’Europe pour mieux imposer l’idée que, sans l’Eglise catholique, il ne saurait y avoir de salut pour l’Europe. C’est elle, en effet, la détentrice des “valeurs fondamentales” qu’il résume ainsi : “l’affirmation de la dignité transcendante de la personne, de la valeur de la raison, de la liberté, de la démocratie, de l’état de droit et de la distinction entre politique et religion” (109).
On croit rêver ! L’Eglise a-t-elle oublié que la plupart de ces valeurs ont été conquises de haute lutte contre elle et qu’elle continue de les ignorer lorsqu’il s’agit du fonctionnement de sa propre institution ? Dans ces conditions, comment oser se proposer comme “un modèle d’unité dans la diversité” pour l’Europe ?
Ne doutant de rien et fort de ses convictions, Jean Paul II essaie sans relâche de se positionner en bonne place dans les structures politiques européennes, au cœur des mécanismes du pouvoir. Il fournit un effort considérable pour arriver à ses fins, en payant de sa personne ou par diplomates et lobbies interposés.
Il semble que la plupart des européens, chrétiens ou non, ne mesurent pas les conséquences des fortes pressions exercées par le Vatican. L’exemple de l’Allemagne et de l’Espagne augurent mal de ce qui pourrait s’étendre à toute l’Europe. La morale sexuelle et le statut des femmes, avec toutes les conséquences sociales qui en découlent sont les domaines les plus vulnérables.
Il nous semble nécessaire, en tant que catholiques, d’attirer l’attention sur ces aspects moins visibles de la construction européenne.
Bien sûr, comme de nombreux chrétiens, nous sommes pour une Europe fondée sur des valeurs humanistes et qui ne serait ni mercantile ni religieuse. Mais nous pensons que l’Eglise catholique, en tant qu’institution, n’a pas sa place dans les structures de pouvoir proprement dites.
Avant de nous lancer dans une “nouvelle évangélisation”, ne devrions nous pas revenir à l’Evangile et essayer de mettre en pratique dans notre propre Eglise ce qu’il nous dit de subversif sur cette réalité fondamentale que nous appelons « le pouvoir » ?