ESSAI LA FOI CHRETIENNE
La foi chrétienne : chemin d’humanisation
transcription résumée de la conférence de Y. BURDELOT
tenue à Montpellier le 2 juin 2004 à l’invitation de : CIME, NSAE34 et les Amis de La Vie.
Introduction:
La foi chrétienne peut être chemin d’humanisation
Est-il possible aujourd’hui d’être croyant et intelligent car notre christianisme est devenu incrédible aux yeux du grand nombre, et la foi à laquelle je suis attaché est à la fois inaudible; (tous les mots et termes sont usés et ils ont, dans la conscience de ceux à qui on en parle, une toute autre signification que celle que j’aimerais leur donner ) – et ineffable. Or une des grandes requêtes de notre temps, qui est simple et vaut dans tous les domaines, est : “Tu dis ça mais que veux- tu dire ?” .C’est aux croyants de vérifier ce qu’ils disent et de se demander si ça leur paraît encore crédible; c’est la recherche du sens, et l’appel à devenir humain est une question que nous pouvons partager avec un grand nombre de nos concitoyens.
C’est dans cet appel que le christianisme peut retrouver, peut être, un socle à partir duquel il pourrait reprendre sens.
“le maillon manquant entre le singe et l’homme, c’est nous” dit K. Lorenz.
C’est une prise de conscience intéressante; elle ne condamne pas ce que nous sommes, mais cela ouvre une perspective : l’humanité est une valeur à découvrir, à promouvoir. La foi en l’homme sur laquelle nombre d’entre nous peut aujourd’hui se reconnaître demande à être travaillée.
Notre humanité se révèle souvent inhumaine au plan collectif -local ou mondial- et même dans chacun de nous, il y a des parts d’inhumanité dans nos comportements. Rimbaud avait raison d’utiliser la formule : “la vraie vie est absente”, et Sartre, également avec cet appel : “comment faire pour que les sous-hommes que nous sommes soient un peu moins sous-hommes demain et peut être un jour des hommes ? ”
1- Le devenir humain : Etat des lieux
Il y a une façon de vivre et de réussir la vie qui sauve la vie; ce n’est pas réservé aux chrétiens.
Les bonnes questions :
Les questions essentielles aujourd’hui ne sont pas celles des religions mais celles du sens de la vie.
“L’homme c’est quelqu’un qui va quelque part et quand il ne sait plus où il va, il tue ou il meurt”. Le jeune homme qui a écrit cela a ajouté : “j’ai choisi” et il s’est tiré une balle dans la tète.
Ou allons-nous ? c’est bien la question du sens; rappelons-nous le mythe d’Icare, le fils, qui voulait s’envoler vers le soleil). L’homme d’aujourd’hui est retombé sur la terre mais il est dans l’obligation d’inventer les chemins de sa vie en sachant que les grandes valeurs absolues dont nos sociétés d’il y a 25 ou 30 ans étaient jalonnées ne tiennent plus.
La question du devenir humain a pris une ampleur toute nouvelle car : Il n’y a plus de cadres préétablis
Auparavant, il y avait des univers spirituels composés ( idées, valeurs, comportements, organisations sociales) dans lesquels on pouvait s’engager pour donner sens à sa vie. On peut citer
– la lutte ouvrière
– le monde de la science,
– la laïcité militante
– le christianisme avec ses différents chemins….
Tout ceci dans une société qui était d’elle-même critique, avec des va et vient, des appartenances diverses, des conflits, des débats : par exemple le rapport entre chrétiens et marxistes.
Aujourd’hui aucun de ces univers spirituels ne fonctionne de lui-même. Nous sommes dans une société qui n’est plus du tout critique, une société aplatie, avec une information de masse qui contribue à cet aplatissement. Ces cadres dans lesquels on pouvait investir sa recherche humaine ne fonctionnent plus.
• le fondement même de l’absolu a totalement changé, d’allure et de lieu :
L’absolu qui en philosophie s’appelle la transcendance = une valeur considérée comme suprême, au nom de laquelle on peut engager toute notre vie et même mourir, par exemple : un “Dieu” transcendant, tout puissant, au nom duquel on peut régir toute sa vie, au nom duquel on peut offrir sa vie et même prendre la vie des autres (au nom de “Dieu”, on peut tuer…).
Dans l’histoire, il y avait un autre lieu de transcendance : le “temps du Prince” où une population se reconnaissait dans son souverain : “Qu’il est bon de donner sa vie et pour son prince et pour son “Dieu” ! “Avec le prince, on avait l’interface entre l’humanité et “Dieu”.
Au 18ème siècle, le pouvoir sacré absolu a été mis en cause et remplacé par la Nation qui devient une valeur forte, organisée : on peut vivre et mourir pour sa patrie.
Ave la 2ème guerre mondiale, ce n’est plus la patrie qui est en danger mais la liberté qui devient la valeur suprême.
Aujourd’hui la valeur suprême au nom de laquelle on veut vivre, c’est soi-même. La question du Soi, de la détermination du Soi est la grande préoccupation du jour. C’est au nom de ce que “je” pense, de ce que “je” découvre, de “mes” propres besoins et intérêts que chacun veut vivre.
Comment réussir ma vie dans ce quotidien, dans ce passage du berceau à la mort ? Comment accomplir l’humanité unique que je suis?
L’enjeu : “devenir humain, c’est à dire sauver l’humain dans l’homme”, c’est une interrogation concrète dont dépendent mes choix : qu’est ce qui vaut la peine d’être vécu et où cela me conduit-il ?
Je propose une première thèse :