Sur quelles bases fonder nos propositions ?
Ce que nous révèle l’Evangile face aux grands défis d’aujourd’hui :
– L’universalité du salut : l’apport des autres cultures par le dialogue œcuménique et avec des non-croyants, le contact avec des groupes non confessionnels : ATTAC, Agir ici…, pour plus de justice et de solidarité (exemple : défense du service public) ;
– justice et solidarité ne sont pas une option facultative mais des conditions indispensables, puisque seul un monde de justice et de solidarité peut ressembler au Royaume de Dieu. En ce sens, l’incarnation est une prise au sérieux de l’humain. Il faut la vivre et l’agir.
Ce monde matérialiste, royaume de l’argent, voulons-nous :
– L’humaniser ? Certes, car il est trop dur pour tous les laissés pour compte qu’il faut remettre debout ; mais le libéralisme, aidé par les nouvelles technologies, impose sa finalité : le profit ; il se moque des tentatives d’humanisation, et même, les utilise…
– Le christianiser ? Surtout pas de « nouvelle évangélisation », mais insuffler l’Evangile et le faire vivre ; faire de l’Evangile l’énergie de notre action, mais sans référence religieuse, en respectant les règles de la laïcité, ce qui contribue à la crédibilité du témoignage.
– Le combattre ? Assurément, pour attaquer les causes du mal par notre militance et nos votes ; en révélant les « failles » du système à partir de la situation actuelle en France. Exiger d’autres orientations économico-financières internationales pour un monde plus humain et plus fraternel pour les générations actuelles et futures. Pour cela, il y a nécessité de contre-pouvoirs.
Remettre en cause notre manière de vivre et de consommer : le déséquilibre entre nantis et exclus et les destructions et dégradations dues au productivisme dominant nous imposent des changements radicaux.
La lecture de cet article me met mal à l’aise :
1 – d’un côté, je suis en accord avec les grandes lignes de ces “propositions”,
2 – de l’autre, je ne trouve pas qu’elles relèvent de la mission qui devrait être celle de NSAE.
En lisant La Requête je constate, il est vrai, que NSAE s’investit beaucoup dans des actions. Mais le moteur de l’action n’est-il pas constitué par nos convictions et plus particulièrement notre spiritualité ?
La mission première de NSAE n’est-elle pas de nous fournir les bases de cette spiritualité ?
Cette mission serait d’apporter à chacun les éléments qui vont lui permettre de faire les propres choix de son engagement dans ce monde et la force d’y persévérer ou de le moduler.
NSAE ne devrait pas rivaliser avec des mouvements ou organisations d’inspiration humaniste, mais donner à chacun d’entre nous, à sa manière, l’éclairage pour trouver sa voie et l’énergie pour y agir avec les autres, sans esprit de corps, sans prosélytisme.
NSAE devrait fournir le carburant, l’énergie pour nos engagements avec et parmi les autres femmes et les autres hommes.
Ce qui me gêne, c’est l’implication dans l’action, à défaut de fournir le “carburant” nécessaire à chacun. Ce sont les moyens de la démarche qui ne me semblent pas bons, non sa finalité avec laquelle je suis en accord.
Cette subtilité apparente de la spiritualité qui, à force de méditation et de réflexion, incite à l’engagement, sans y contraindre, m’est apparue au début de ma vie d’étudiant. Ayant des responsabilités dans un groupe d’étudiants catholiques, j’ai refusé de m’engager dans la création d’activités “catho” rivalisant avec des activités existant déjà à l’UNEF, car j’estimais que notre rôle n’était pas d’entrer en rivalité, mais d’agir avec les autres étudiants, selon nos convictions, mais sans en faire état.
De la même façon je trouve anormal que l’Eglise catholique ait créé son “Secours catholique” au lieu d’inciter les catholiques à travailler au sein du “Secours populaire”.
Je n’aime pas les “crèmeries” maison en dehors desquelles il n’y a pas de salut pour mener des actions.
Dans ces conditions, “si le grain ne meurt”, où est le levain ?