Lettre ouverte adressée aux évêques de France
C’est avec joie que nous avons reçu le rapport des dominicains hollandais «Kerk en Ambt » (l’Eglise et le ministère). Les situations décrites et les questions soulevées sont en effet directement transposables à la France.
Le vieillissement des prêtres, sans renouvellement, constitue une crise grave. Comme vous, nous avons vu nos communautés privées progressivement des services d’un prêtre ordonné. Chrétiens “de la base”, nous sommes en droit de vous interpeller avec liberté et respect : malgré de nombreux cris d’alarme, n’avez-vous pas nié la crise et préféré garder le silence plutôt que de déplaire à Rome, laissant les communautés se débrouiller elles-mêmes, souvent sans eucharistie ? Avez-vous perçu le côté positif de la crise qui nous pousse à nous adapter à la situation nouvelle de l’Eglise dans un monde qui a changé ?
Nous ne sous-estimons pas les difficultés liées à la charge épiscopale. Mais il nous faut avancer. Le grand mérite du rapport hollandais est d’avoir mis ces questions sur la place publique. Il provoque des discussions, notamment sur le pouvoir dans l’Eglise : qui a le pouvoir de désigner les ministres ? Qui a le pouvoir de consacrer ? Ces mêmes ministres doivent-ils obligatoirement être des hommes célibataires ? Quel est le statut des femmes ? Faut-il donner priorité à la prêtrise dans sa forme actuelle contre le droit des communautés à l’eucharistie ? etc…
Le chantier est immense. Il est ouvert à toutes et à tous. Comme le dit le dominicain français Hervé Legrand, par ailleurs très critique par rapport au texte de ses frères hollandais : « On doit donner acte aux autorités provinciales que leur cri d’alarme est justifié en tant que tel […] Maintenant que le débat est lancé autour de cette démarche et de sa réponse, il convient de le mener selon des règles claires et adéquates, comme tout débat méritant ce nom ».
La requête que nous vous adressons est simple : que vous mettiez en place une large confrontation à l’intérieur de la communauté et que vous en stimuliez les débats. Loin d’être une menace pour l’Eglise, il s’agit d’une véritable aubaine dont il faut savoir profiter.
« Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira vers la vérité tout entière » (Jean 16:13)
Par “Nous Sommes Aussi l’Eglise”
Note à l’intention des journalistes Un cri d’alarme est lancé par des chrétiens catholiques. Face à la crise profonde de l’Eglise, ils interpellent leurs évêques et leur demandent d’ouvrir un large débat sur l’Eglise dans le monde de ce temps à partir d’un rapport que les dominicains de la Province de Hollande ont largement diffusé dans les paroisses de leur pays. Ce texte, intitulé « Eglise et ministère », pose publiquement des questions brûlantes concernant le statut des prêtres ordonnés et le pouvoir clérical. Il propose, par exemple, que les futurs responsables des communautés soient choisis démocratiquement par la base, avant d’être présentés à l’évêque ; ils ne seraient plus obligatoirement de sexe masculin et célibataires. Loin d’être anodines, ces questions et beaucoup d’autres touchent à des points extrêmement sensibles et révélateurs de profonds changements de mentalités qui vont de pair avec l’évolution de nos sociétés. Il ne devrait plus être possible de dire « Eglise » en pensant « Institution » ou « Hiérarchie ». Vous trouverez ces différents textes sur le site nsae.fr.
Alors que vous disséquez si bien les effets de la crise, je ne comprends pas pourquoi vous n’en analysez pas la ou les causes.
“La crise grave” n’est pas constituée par la manque de prêtres, mais par la perte de la foi de très nombreux catholiques jeunes et moins jeunes.
Ce ne sont pas le manque de prêtres, la restriction des conditions à la prêtrise, les conditions d’exercice du ministère qui importent, mais de savoir quel devrait être leur rôle et si l’existence des clercs est nécessaire dans le monde moderne.
Les débats devraient porter sur ces points fondamentaux.
Mais comment les évêques pourront-ils accepter un débat qui risque de mettre en cause leur existence ?
Ils ne sont mentalement pas prêts à discuter du bien fondé de leur disparition ou d’une refonte radicale de leur rôle.
Je ne vois pas trace de cette lettre ouverte dans la prssse. Avez-vous eu des réactions quelque part ? Si oui il faudrait les publier sur ce site (à propos, il y a encore des zones qui ne fonctionnent pas : y a-t-il du travail en cours sur ce sujet ?).
Bon courage.