M. Sarkozy envisage de faire entrer les religions au Conseil Economique et Social
Dans un communiqué rendu public à l’issue de la cérémonie des voeux présidentiels aux représentants des cultes, jeudi 17 janvier en début de soirée, le président de la République a, de nouveau, donné une définition de la laïcité telle qu’il la conçoit, mettant cette fois l’apport des religions et des Lumières sur le même plan.
Réaffirmant son “attachement au principe de laïcité, principe de respect de toutes les croyances et non un combat contre les religions“, Nicolas Sarkozy estime aussi, selon le texte lu par son porte-parole, que “la reconnaissance du sentiment religieux comme une expression de la liberté de conscience et la reconnaissance du fait religieux comme un fait de civilisation font partie, au même titre que la reconnaissance de l’héritage des Lumières, de notre pacte républicain et de notre identité“.
Au cours d’une heure d’échanges avec les représentants catholique, protestant, musulman, juif, orthodoxe et, pour la première fois, bouddhiste, et en présence de Michèle Alliot-Marie, ministre de l’intérieur chargée des cultes, le chef de l’Etat a, selon les religieux présents, commenté et réitéré la teneur des discours tenus en décembre à Rome et, cette semaine, à Riyad, en Arabie saoudite, sur l’importance de la place des religions dans la société et la “politique de civilisation” ; discours qui avaient suscité de vives réactions à gauche, au centre et dans le camp laïque en général.
Demeurés sur la réserve dans ce débat, les représentants des cultes se sont plutôt montrés satisfaits des derniers développements présidentiels. “Si on peut relever des maladresses dans le discours de Latran, notamment sur les racines “essentiellement” chrétiennes ou la place du prêtre par rapport à l’instituteur, il n’y a pas de quoi en faire des histoires“, juge Claude Baty, le président de la Fédération protestante de France, interrogé par Le Monde.
“HÉRITAGE DES LUMIÈRES”
Se félicitant que “l’on puisse parler de la place des religions dans la société“, le président de la Conférence des évêques de France, le cardinal André Vingt-Trois, estime aussi que “le volume des réactions (aux discours) est disproportionné“. “Les convictions de M. Sarkozy sur le rôle des religions sont connues de longue date ; elles ne se traduisent pas en décisions factuelles. Que je sache, ses propos n’ont pas entraîné le démantèlement de l’équilibre républicain. S’il proposait une révision de la loi de 1905, alors, là, ce serait autre chose !”
Le chef de l’Etat leur a toutefois fait part d’un projet sur lequel, selon le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, il souhaite avancer assez vite : faire entrer au Conseil économique et social les représentants des différents courants religieux.
Source : Stéphanie Le Bars, Le Monde, Article paru dans l’édition du 19.01.08