Les commentaires envoyés du Canada expriment parfaitement le sentiment que j’ai eu lors de la lecture du texte de Hervé Legrand.Mais après une seconde reflexion je me suis demandée si peut-être cette insistance (presqu’insolente!) sur le “code de conduite” des Dominicains hollandais n’était peut-être qu’une tentative pour ouvrir une porte.
Je m’explique. Les problèmes posés et les solutions proposées par les Dominicains hollandais ne sont pas neufs. En fait il s’agit de la mise en paroles d’un malaise bien connu dans l’Eglise. Jusqu’à présent, exprimer ce malaise face à une situation qui ne cesse de pourrir et formuler des sorties possibles, n’a pas donné de résultat, car “Rome” dort sur ses deux oreilles. Il ne faut pas oublier que lors des différents synodes d’évêques, que ce soit le Synode pour l’Affrique, pour l’Asie, pour les Amériques ou pour l’Océanie, il y a eu toujours des évêques qui ont parlé sur les difficultés terribles de leur mission vu le manque de prêtres. Il y a toujours eu quelqu’un pour proposer l’ordination de viri probati. Il y a eu toujours quelqu’un pour dire que la place des femmes dans l’èglise n’était pas suffisament reconnue, etc…
Mais comme dans la préparation et l’exécution des Synodes “Rome” avait pris soin de charger des inconditionnels de la réaction avec les tâches de secretariat et présidence, tous ces appels ont été simplement ignorés.
Alors pour la réponse de Hervé Legrand, qui en fait s’étend sur 90 % de son texte sur l’art de discuter, pour presque cacher dans les 10 % restants son avertissement sur le fait que les préoccupations de ses frères hollandais sont justifiées et que “Rome” aurait la liberté de chercher des (vraies) solutions, je me demande si ce n’est pas un effort pour faire appel à l’intelligence des Ratzinger et autres hommes de pouvoir à “Rome” pour qu’ils refléchissent un peu sur leur propre pratique de la discussion.
En allemand on dirait qu’il “tape sur le sac et veut signifier l’âne” (er schlägt den Sack und meint den Esel).
En mettant tant l’accent sur une culture du débat et sur les techniques de la communication, Hervé Legrand tente peut-être de poser un problème préliminaire au débat: clarifier d’abord les termes de la “négociation”, avant de débattre du contenu.
“Rome” ne sait pas écouter. En voyant “la base” accusée de ne pas savoir “parler”, peut-être les puissants à “Rome” se rendent-ils compte de leur terrible incapacité d’écoute.
Mais bien sûr, je peux me tromper et le texte de Hervé Legrand est simplement un exemple de cynisme.
Elfriede Harth
Représentante européenne de Catholics for Choice