Le nouveau chef de l’Eglise allemande ouvre un débat sur le célibat des prêtres
L’archevêque de Fribourg, Mgr Robert Zollitsch, 69 ans, a été élu mardi 12 février par les évêques allemands pour succéder au cardinal Karl Lehmann à la tête de la conférence épiscopale allemande. Il a été préféré à l’archevêque de Munich, Mgr Reinhard Marx, qui partait favori. Libéral, le cardinal Lehmann, 71 ans, avait maintes fois tenu tête à Rome, notamment sur l’animation par les catholiques de centres de planning familial. Mgr Zollitsch a déclaré envisager sa mission dans la continuité théologique et l’esprit oecuménique de son prédécesseur. « Aucun d’entre nous ne cherche des conflits avec Rome et j’espère qu’il n’y aura pas d’éclats avec le Vatican », a-t-il déclaré.
Elu le 12 février à la tête de l’épiscopat allemand, l’archevêque de Fribourg-en-Brisgau, Robert Zollitsch n’a pas perdu de temps pour exprimer quelques-unes de ses idées-forces, qui le situent dans la lignée libérale de son prédécesseur, le cardinal Lehmann, connu pour ses interventions dans les débats de société et ses confrontations avec Rome.
Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Der Spiegel du 18 février, le nouveau chef de file de l’Eglise allemande, âgé de 69 ans, esquisse un débat sur le célibat des prêtres catholiques qui tranche avec le traditionalisme du pape allemand Benoît XVI.
S’il reconnaît que ce principe “constitue un grand cadeau pour notre Eglise”, Mgr Zollitsch se dit aussi hostile aux “interdictions de penser” et assure que ” le lien entre la prêtrise et le célibat n’est pas un impératif théologique”. Il estime toutefois que l’abandon du célibat serait “une révolution qu’une partie de l’Eglise n’assumerait pas” et juge qu’un tel changement ne pourrait être évoqué qu’à l’occasion d’un nouveau concile.
“THÈMES QUI NOUS SONT CHERS”
Mgr Zollitsch réaffirme qu’il ne souhaite pas “de conflits avec le Vatican”. Mais, en filigrane, il nuance une position rappelée en juillet 2007 par la Congrégation de la doctrine de la foi qui avait suscité de vives réactions chez les protestants. Ce document soulignait que ” l’unique Eglise du Christ subsiste dans l’Eglise catholique”. Mgr Zollitsch, résolu à entretenir de bons rapports entre protestants et catholiques, dont les poids respectifs sont en Allemagne à peu près équivalents, affirme quant à lui : ” L’Eglise protestante est une Eglise, je ne peux pas lui enlever cela.”
Choisi au détriment d’un adversaire plus conservateur, l’archevêque de Munich, Reinhard Marx, le nouvel élu se démarque aussi de certains de ses confrères critiques envers la communauté homosexuelle et hostiles au nouveau modèle de la famille, qui favorise le travail des femmes. Il ne dédaigne pas non plus le terrain politique, où il distribue bons et mauvais points. A ses yeux, le Parti démocrate-chrétien (CDU) de la chancelière Angela Merkel s’est ” fortement rapproché des thèses néolibérales et court le risque de ne plus accorder la même attention à l’économie sociale de marché ou au social”. Dans le même temps, estime-t-il, “le SPD (Parti social-démocrate) et d’autres partis se préoccupent de thèmes qui nous sont chers”, citant “la protection de la vie”, portée par les Verts.
Source : Stéphanie Le Bars pour Le Monde, article paru dans l’édition du 21.02.08.