L’Eglise des racines, vous connaissez ?
Nos amis anglo-saxons, pour désigner l’Eglise Peuple de Dieu, utilisent l’expression “grass roots Church“, juxtaposition des deux mots herbe et racines. On pourrait traduire : « l’Eglise au ras des pâquerettes ».
L’image de l’herbe drue d’un beau gazon anglais ou celle d’un pâturage fleuri de haute montagne, évoque vitalité et étendue. Parler de l’Eglise des racines, c’est se référer à un phénomène désormais mondial. En redonnant leur place aux laïcs dans le Peuple de Dieu, c’est Vatican II lui-même qui a fait se lever cette herbe drue, ce pâturage fleuri, jusqu’aux extrémités de la terre. La semence évangélique était déjà là, déposée dans le cœur de tous les baptisés. Lentement elle germe grâce aux ouvertures du Concile : utilisation de la langue maternelle dans la liturgie, renouvellement de la catéchèse, accès pour un grand nombre d’adultes aux sources bibliques et aux études théologiques, nouvelle manière de se situer dans la société, tout un ensemble qui contribue puissamment à l’émergence d’un laïcat vivant, adulte, libre et responsable, conscient d’être l’Eglise et aussi le monde dans lequel ils vivent. La diversité des charismes et des ministères ne demande qu’à s’y développer. Dans cette « Eglise d’en-bas », on rencontre déjà des “prêtres ordonnés” et même quelques évêques. Ce qui la caractérise c’est avant tout une nouvelle façon de se situer dans la communauté humaine et, à l’intérieur de celle-ci, dans la communauté ecclésiale.
L’apparition, un peu partout dans le monde, de ces immenses pâturages, est un signe des temps, un signe d’espérance.
Auteur : Ingegerd alias Ingrid, NSAE
Cette église au ras des pâquerettes à laquelle j’appartiens puise aux racines même de l’institution catholique,l’Ecriture sa source d’inspiration première, et ose interroger sa foi en vérité dans l’examen de deux millénaires d’histoire de notre église, dans les rencontres oecuméniques, et inter religieuses. Contrairement à la hiérarchie institutionnelle qui veille à la pérénité et la suprématie de l’institution, cette église au ras des pâquerettes sera plus attaché à vivre l’authenticité charitable de sa foi en Jésus-Christ, sera plus attaché à suivre les pas de Jésus dans les évangiles, qu’à suivre un modèle théologique. Finalement cette église au ras des pâquerettes aura bien du mal à se reconnaître dans les discours imposés, les ordres infaillibles, les interdits de cette hiérarchie cléricale de plus en plus décalée, repliée et soumise en ses certitudes institutionnelles, souvent contre témoignage de la simplicité évangélique.