L’enseignement public à la peine, l’enseignement privé renfloué
« Le C.E.D.E.C. (Chrétiens pour une Eglise Dégagée de l’Ecole Confessionnelle) est scandalisé par l’attribution d’un « fonds spécifique » à l’enseignement privé (à plus de 95% catholique) pour ouvrir des classes qui assureraient, dit-on, plus de mixité sociale dans les zones scolaires « difficiles ». Ce n’est pas là une contribution à l’effort éducatif, mais une concurrence.
Il n’est pas nécessaire d’être un sociologue patenté pour comprendre que les « nouveaux » élèves accueillis par l’enseignement privé seraient ceux dont l’environnement familial – lié à l’Eglise catholique ou pas – atténue déjà les disparités sociales par un souci de « mise à l’abri »… alors que les enseignants des mêmes quartiers seront confrontés à plus de difficulté : ils devront gérer un pourcentage plus élevé de carences (linguistiques, comportementales, etc.) et avec moins d’enseignants, si on applique les suppressions de postes promises.
Si l’enseignement privé veut ouvrir de nouvelles classes, qu’il le fasse, mais sans les fonds publics, alors qu’un effort national est demandé pour éponger la dette de l’Etat.
Les membres du C.E.D.E.C. éprouvent un sentiment de honte devant un tel cadeau qui voudrait laisser croire qu’on se préoccupe des plus pauvres alors qu’il s’agit en fait d’instaurer un système éducatif à deux vitesses en se cachant derrière le paravent de la «liberté de choix ». On ne saurait accepter de tels détournements de fonds à l’heure où les jeunes les plus défavorisés clament dans la rue leur inquiétude. L’égalité n’est pas la parité. Comment l’enseignement catholique peut-il contribuer à alimenter la rancoeur des enseignants du service public ? Ces derniers ont bien compris que leurs revendications actuelles se heurtent à une fin de non-recevoir. La tirelire existe bien… mais elle ne leur est pas destinée ! »
Tours, le 17 avril 2008
M. CABOTTE-CARILLON, pour le Bureau du C.E.D.E.C.