Lettre du Groupe multipartis “Séparation, Religion, Politique” du Parlement européen
Lu dans Euronews (revue du Réseau Européen Eglises et Liberté) n°30 du 30 mars 2008 :
Strasbourg, 12 décembre 2007
A M. Hans-Gert Pöttering, Président du Parlement européen,
A M. José Manuel Durao Barroso, Président de la Commission européenne,
A M. Janez Jansa, Président entrant au Conseil de l’Union européenne.
Dialogue avec les Eglises et les organisations non-confessionnelles selon l’art.15 du Traité de l’Union européenne.
Messieurs,
Ces dernières années, les trois institutions de l’UE ont organisé des réunions à haut niveau avec des responsables religieux. A différentes occasions nous avons exprimé notre préoccupation au sujet de la forme de ces réunions. Les institutions de l’UE devraient se montrer neutres, et aucune organisation, religieuse ou autre, ne devrait avoir un accès privilégié aux institutions de l’UE et une influence privilégiée sur le processus de décision.
La liberté de religion et la liberté de conscience sont des droits fondamentaux dans l’UE. Elles ne peuvent être garanties que dans un contexte de laïcité. Il ne convient pas qu’une institution de l’UE offre une plateforme exclusive à un groupement quelconque, y compris en particulier les religions, alors que la majorité des citoyens européens ne sont pas religieux ou ne pratiquent plus leur religion. Ainsi des millions de citoyens sont sans voix dans le dialogue.
Le nouveau Traité modificatif a intégré le paragraphe du Traité constitutionnel instituant un dialogue « ouvert, régulier et transparent » avec les Eglises et les organisations non-confessionnelles.
Les Eglises et les organisations non-confessionnelles ont une voix importante dans le dialogue avec la société civile. En conséquence le dialogue avec les Eglises et les organisations non-confessionnelles devrait satisfaire aux mêmes critères que le dialogue avec les autres organisations de la société civile, notamment la transparence. C’est pourquoi nous réitérons notre recommandation que les réunions soient tenues publiquement et que les ordres du jour et documents en soient publiés à l’avance et les comptes-rendus et conclusions et les noms des participants a posteriori.
En outre, le dialogue doit être inclusif et représentatif. Jusqu’à maintenant n’ont été invités aux réunions que des responsables religieux, représentant les branches les plus conservatrices des religions et des Eglises, et tous masculins. Aussi recommandons-nous : 1. d’inviter des responsables d’organisations non-confessionnelles, telles que les humanistes européens, 2. d’inviter des représentants de groupements religieux libéraux et progressistes, 3. de faire en sorte que les femmes soient également représentées et qu’un effort soit demandé aux participants à cet effet.
Enfin nous suggérons un ordre du jour abordant des questions telles que le racisme, la xénophobie, l’extrémisme, la discrimination de genre et la violence contre les femmes, l’homophobie et la violence contre les personnes LGBT, la liberté d’expression et la liberté de religion, la discrimination dans l’éducation, la santé sexuelle et reproductive, et le rôle que les églises et les organisations non-confessionnelles peuvent jouer en abordant ces questions.
Bien à vous,
Au nom du Groupe multipartis sur la séparation de la religion et de la politique, Sophie in‘t Veld, Présidente, Karin Resetarits, Vice Présidente, Magda Kosane Kovacs,Vice Présidente