Ingrid Betancourt n’aurait pas été libérée au cours d’une action militaire d’inflitration, mais achetée au prix fort à ses geôliers, 20 millions de dollars, selon la Radio Suisse Romande (RSR)…
C’est une source “fiable, éprouvée à maintes reprises au cours de ces vingt dernières années”, qui aurait informé les journalistes la RSR. La libération d’Ingrid Betancourt et de ses compagnons de captivité aurait été “achetée au prix fort” par les Etats-Unis, qui comptaient trois agents du FBI parmi les otages. Montant de la transaction : 20 millions de dollars.
L’épouse du gardien des otages aurait servi d’intermédiaire. Son arrestation par les forces régulières colombiennes puis sa réintroduction au sein des Farc, auraient en effet permis d’ouvrir un canal de négociations avec les ravisseurs, et de “retourner” Geraldo Aguilar, le gardien des 15 otages libérés. Après quoi, toute l’opération aurait été mise en scène.
Dans ce scénario que décrivent nos confrères suisses, la libération “arme au poing et façon opération Ninja” ne serait qu’une “vaste mascarade”. Plusieurs éléments viennent d’ailleurs corroborer cette hypothèse. En premier lieu, le fait qu’aucun coup de feu n’ait été tiré au cours de la libération. Et puis, aucune vidéo complète n’a été diffusée, alors que ce genre d’opération est, en règle générale, filmé de bout en bout par le commando.
Enfin, la libération hyper-médiatisée d’Ingrid Betancourt permet au président colombien de redorer son blason, alors même qu’Alvaro Uribe vient de demander au Congrès colombien de convoquer de nouvelles élections présidentielles anticipées. Hasard du calendrier… La version officielle de l’opération commando permet en outre au numéro un colombien de rester fidèle à sa ligne dure : pas de négociation avec les Farc aussi longtemps qu’ils retiendront des otages. Et ils en retiennent encore des centaines, bien moins populaires qu’Ingtrid Betancourt. “Timing parfait” donc, conclut la RSR.
Le Quai d’Orsay dément, “off micro”, la version de la radio suisse “dans un grand éclat de rire”. La réponse officielle étant : “N’ayant pas été associés à cette opération, nous n’avons pas été associés à ses modalités de financement, si tant est qu’il y ait eu des modalités de financement”, explique Eric Chevallier, porte-parole de la diplomatie française.
Une troisième version circule, celle d’une réédition de la faction qui détenait Ingrid Betancourt, en échange de l’immunité et d’un exil en France. C’est la version développée par le site mediapart et qui rejoint celle de la RSR sur un point : l’objectif électoral du président Uribe.
Auteur : Gilles Halais (pour France Info)