En finir avec les paradis fiscaux !
Vous avez l’impression d’être impuissants face aux dérives de la finance mondiale ! Or des associations et services d’Eglise militent pour mettre fin à l’injustice des paradis fiscaux. Vous pouvez les soutenir.
Comment ? Tout simplement en cliquant ici et en signant par Internet la lettre ouverte au Président de la République Nicolas Sarkozy.
Le G20 et les paradis fiscaux
A Washington le 14 et 15 novembre, les principales puissances économiques de la planète ont adopté un plan d’action visant à relancer l’économie et mieux encadrer le système financier mondial. Est-ce un progrès dans la lutte contre les paradis fiscaux ? Les réponses de Michel Roy, animateur de la plate-forme contre les paradis fiscaux et judiciaires.
Pèlerin : Le G20 et la crise financière remettent les paradis fiscaux sur le devant de la scène. Pourquoi ?
Michel Roy : Les paradis fiscaux sont au cœur de la crise actuelle. Ce sont « les trous noirs » de la finance internationale. Les banques y ont fait transiter en masse les subprimes à l’origine de cette crise, et la moitié des fonds spéculatifs, qui diffusent ce genre de produits financiers, y sont logés, sans visibilité ni contrôles.
Le « plan de travail » établi à l’issu Le G20 va-t-il dans le bon sens ?
Pour le moment, rien de concret n’est prévu. On en reste encore au stade déclaratif. Mais la réunion du G20 a le mérite de remettre le problème sur la table. Les différentes recommandations, comme celle de promouvoir l’intégrité des marchés, d’introduire plus de transparence et de renforcer la régulation, peuvent s’avérer efficaces pour réduire la nocivité des paradis fiscaux si on dépasse le stade de la bonne volonté. Cependant, au delà du G20, c’est le travail des citoyens, des associations, des médias de nous mettre en alerte : c’est aussi à eux de relayer les recommandations du G20 et de faire en sorte qu’elles aboutissent à des mesures concrètes.
Quelles seraient les mesures à prendre d’urgence par le G20 pour lutter contre les paradis fiscaux ?
On peut, d’ores et déjà, prendre un certain nombre de mesures concrètes. Il s’agit, par exemple, de ne pas accepter de renflouer les banques dont le siège est situé dans un paradis fiscal. On peut interdire la mise sur le marché de produits financiers émanant des fonds spéculatifs non régulés qui opèrent depuis les paradis fiscaux. Il faut aussi rétablir une liste noire. La seule liste qui existe, à l’OCDE, n’en recense que trois : le Liechtenstein, Monaco et Andorre qui ne sont que de « petits » paradis fiscaux. C’est peu, sur la soixantaine qui existent.
Le G20 a prévu de se réunir à nouveau en avril prochain. Peut-on alors attendre d’Obama, qui aura alors pris ses fonctions, des avancées significatives sur le dossier des paradis fiscaux ?
Barack Obama a eu des mots très durs pendant la campagne présidentielle américaine sur les paradis fiscaux. J’ai bon espoir que son élection puisse faire évoluer les choses mais cela va dépendre de qui il s’entoure. Dans tous les cas, cela ne pourra pas être pire qu’avec G.W. Bush, qui, dès le départ du G20, a donné le mauvais signal en considérant que la crise actuelle n’appelait pas une réforme profonde du système financier mondial. Ceci dit, l’arrivée d’Obama à la présidence américaine, tout comme le G20, n’est qu’une partie de la solution : les mécanismes financiers qui nous ont conduits à la crise impactent tous les pays du monde. Il est important d’aller au delà des 20 pays les plus riches de la planète, il faut impliquer toute la communauté internationale pour définir un nouveau type de gouvernance économique. Le prochain sommet de Doha [le 28 novembre 2008, sous l’égide de Ban-Ki-moon, sécretaire général de l’ONU] est, en ce sens, un premier pas.
Michel Roy, du Secours catholique, est animateur de la plate-forme contre « les paradis fiscaux et judiciaires ». Propos recueillis par Nicolas Gateau directement accessibles sur le site du magazine Le Pélerin en cliquant ici.