A Grenoble, 600 personnes pour exprimer leur malaise dans l’Eglise catholique
A l’initiative des Amis de la Vie, un débat a été organisé, samedi 14 mars au soir, au centre œcuménique Saint-Marc à Grenoble, sur le thème « Que faire pour être bien dans mon Eglise ? ». Dans le contexte de malaise actuel, six cents personnes se sont déplacées pour montrer leurs préoccupations sinon leur indignation face aux prises de position de hauts dignitaires de la hiérarchie de l’Eglise.
L’évêque de Grenoble, Guy de Kérimel, figurait parmi les invités aux côtés de Guy Aurenche, président national des Amis de la Vie, et Philippe Mouy, enseignant universitaire et prêtre ; Christine Graven animait le débat.
Pour la première partie de la soirée, le public fut appelé à intervenir et il le fit vigoureusement en reprochant au pape d’avoir couvert la réintégration des quatre évêques intégristes alors qu’aucun geste n’a jamais été fait dans d’autres directions : divorcés ou prêtres remariés, prêtres ouvriers, Jacques Gaillot…
Le sujet devint plus brûlant lorsque les intervenants se dirent scandalisés par l’excommunication par l’évêque de Recife de la mère d’une fillette de 9 ans ayant avorté au Brésil ; excommunication soutenue par le cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la congrégation pour les évêques à Rome. « Aucune condamnation du beau-père coupable », ont souligné les intervenants.
Une autre personne a trouvé lamentable la position du successeur de dom Helder Camara en soulignant que la hiérarchie de l’Eglise basculait de plus en plus dans un conservatisme qui l’éloignait des populations. Beaucoup de gens ont fait état des réactions des jeunes les interpellant en leur disant « Comment peux-tu encore adhérer à cette Eglise inhumaine qui prêche, soi disant, l’amour ? »
« Le mot de libération fait peur à l’Eglise et la théologie du même nom l’effraye. Le Christ n’est-il pas venu pour libérer les hommes ? », a interrogé l’un. « Aucune mère ne peut comprendre ou admettre l’attitude de l’évêque brésilien et son soutien par Rome », a dit une femme.
Un intervenant a tenté de contrer ce flot débordant en disant que ses enfants sympathisaient avec la Fraternité Saint Pie X et qu’il comprenait certaines de leurs positions sur la perte des repères dans l’Eglise. Un autre a mis en cause la théologie de la Libération, le communisme international et la disparition de toutes les valeurs ; les grondements de la foule ont montré la désapprobation.
Guy Aurenche a rappelé tout ce que Vatican II avait permis comme ouverture et refusé une remise en cause de ces valeurs. « Les laïcs doivent avoir leur mot à dire dans l’Eglise et votre présence ici montre que vous ne voulez plus d’une Eglise pyramidale où les décisions viennent d’en haut ».
L’évêque de Grenoble, assez mal à l’aise, car il se trouvait pour la première fois devant autant de diocésains mécontents (les visites pastorales sont soigneusement préparées) a parlé de charité chrétienne vis-à-vis des excommuniés et de risques de schisme si le pape n’avait pas fait un premier pas. Il a argumenté en droit canon en disant que la levée de leur excommunication ne signifiait pas leur réintégration.
Auteur : Pierre DESBRUYERES (NSAE)