Autriche : sanction symbolique pour un curé qui a proclamé vivre en ménage
Un prêtre autrichien qui a proclamé vivre avec une femme, a été déchu lundi de sa charge de doyen mais pourra jusqu’à nouvel ordre continuer à rester curé, selon une décision épiscopale.
Ecclésiastique très populaire, Josef Friedl, 65 ans, avait publiquement témoigné le 7 mars vivre en ménage, alors que l’abolition du célibat des prêtres est réclamée jusqu’au sein de cercles conservateurs en Autriche.
M. Friedl qui a expliqué qu’il vivait depuis de nombreuses années avec sa compagne, a précisé qu’il n’avait “jamais caché” ce fait à ses paroissiens et à sa hiérarchie qui selon lui tolérait la situation.
Convoqué lundi chez l’évêque de Linz, Ludwig Schwarz, à la suite de ce que la presse a salué comme son “coming-out”, Josef Friedl “a été informé qu’il était déchargé de sa charge de doyen”, qui lui permettait de représenter les paroisses de sa région auprès de l’évêché, a indiqué le diocèse.
La règle du célibat “reste encore valable aujourd’hui et sa validité a été très clairement soulignée” par le Vatican, a précisé Mgr Schwarz, annonçant que le prêtre serait convoqué pour de nouveaux entretiens.
M. Friedl n’a toutefois pas été relevé de sa charge de curé de la paroisse d’Ungemach (centre), où il officie depuis 1977.
Le fait qu’il puisse continuer à exercer la prêtrise témoigne de l’embarras de l’Eglise catholique à un moment où la lutte pour l’abolition du célibat des prêtres dépasse de très loin désormais les seuls cercles progressistes en Autriche.
L’éminent théologien Paul Zulehner, ancien doyen de la Faculté de Théologie de Vienne, a estimé que jusqu’à un quart des prêtres autrichiens entretenaient une relation de type conjugal.
Le mouvement d’origine conservatrice Initiative laïque, parrainée notamment par l’ancien président chrétien-démocrate de l’Assemblée nationale Andreas Khol, a pour sa part recueilli 10.000 signatures en trois mois pour l’abolition de l’obligation du célibat qu’elle juge “absolument indaptée” et à l’origine de la crise des vocations.
Josef Friedl s’était déjà fait connaître ces dernières années pour avoir recueilli une jeune Kosovare, Arigona Zogaï, que le gouvernement souhaitait expulser bien qu’elle fût parfaitement intégrée dans son village.
Source : La Croix, 16 mars 2009