Lire “L’Economie Sociale, une alternative au Capitalisme”, de Thierry Jantet (Economica, mars 2008)
Contrairement à ce que l’on entend souvent sur ce genre de sujet, il ne s’agit pas pour Thierry Jeantet d’une question, mais bien d’une affirmation ! L’auteur est convaincu ! Oui , il y a bien une alternative crédible au capitalisme et elle existe déjà : « l’économie sociale » . C’est à dire celle qui place l’Homme au centre du dispositif économique (un homme = une voix) en lieu et place de l’argent, la solidarité au lieu de l’individualisme (que ça profite à tous et non à quelques privilégiés qui possèdent les capitaux), une organisation démocratique et non « féodale » (tous participent à égalité quelque soit son « apport » et non les plus forts ou les plus riches au détriment des plus faibles).
Thierry Jeantet divise son petit opuscule de 82 pages en trois parties :
-I/ le capitalisme et ses méfaits : il montre très clairement que les fondements même du capitalisme – qu’il appelle « financiarisé » (le pouvoir par l’argent) – sont mauvais et ne peuvent pas conduire au développement de tous les hommes . Il donne aussi les explications sur les conséquences désastreuses que cela entraine pour les plus pauvres et les moins développés. Et encore il a écrit cela , il y a un an, avant donc que « La Crise » ne soit vraiment déclarée ! Il pourrait donc donner d’autres développement actuellement ! Cette partie est la plus claire et la plus instructive.
II/ L’économie sociale : avec un petit aperçu historique qui mériterait bien d’être développé, il montre que d’autres formes d’économie existent déjà depuis longtemps : il remonte ainsi au « compagnonnage » du Moyen-Age. Puis il décrit les créations et le fonctionnement des expériences « socialisantes » que sont les coopératives, les mutuelles, les associations très diverses de producteurs et de consommateurs. Il insiste aussi sur la diversité des réalisations, montrant par là qu’il n’y a pas de système unique – contrairement au capitalisme – ce qui fait de l’économie sociale sa richesse. En même temps il décrit les liens forts avec les partenaires historiques et en particulier bien sûr les syndicats.
Cette richesse cependant contient en elle ses principaux défauts (difficultés ?) : elle est complexe, lente à mettre en place et peu « lisible » pour les citoyens. Ceci l’handicape donc fortement face au capitalisme triomphant, car dans ce cadre il suffit que le « possédant » dise « banco » pour que l’organisation se mette en place !
III/ En terme de futur, il préconise ensuite les développements à mener pour passer un stade autre que l’expérimentation. A savoir d’abord une meilleure lisibilité. Il est très dommageable que l’image qu’elle donne d’elle ne soit pas claire et qu’elle ne revendique pas son originalité. Il est vrai que certaines expériences mutualistes ne se distinguent pas vraiment des sociétés capitalistes ! Ceci devrait pour Thierry Jeantet par une meilleure coordination locale et mondiale. Celle-ci est en route, mais encore bien modestement. Ensuite, et par la même occasion, susciter de nouvelles initiatives, de nouveaux domaines et de nouveaux lieux à investir. Il relate en particulier les nombreuses réalisations dans les pays « du Sud ».
En conclusion , ce « petit traité » donne une idée claire sur un problème très complexe. Il nous montre non seulement que l’alternative est possible … mais qu’elle existe déjà. Contrairement en effet au discours ambiant qui qui confine cette alternative économique au rang des utopies par définition irréalistes ! Il invite les acteurs à poursuivre cette dynamique dans un cadre démocratique et solidaire. A noter justement que dans la postface, Didier conseille de se « saisir de la mondialisation pour afficher sa différence … dans l’action » . Décidemment la lisibilité semble être le point névralgique de cette bataille – qui ne veut pas en être une – entre capitalisme et économie sociale.
Il n’est pas interdit, non plus, de faire un parallèle entre l’alternative « capitalisme-économie sociale » et « Eglise catholique – démocratie » . On retrouve en effet les mêmes ingrédients et les mêmes recettes , qu’on peut appeler dogmes. C’est l’individualisme contre le collectif, le « libre exercice » contre la solidarité, le droit et les dogmes contre l’amour, … Oui, c’est bien le même combat !
A ceux qui seraient tenter d’y plonger d’un peu plus près , il faut rappeler que le texte est parfaitement clair et très facile à lire. A noter aussi, que depuis un an les choses ont déjà bien changées, et qu’il serait très utile de prendre en compte les nouvelles catastrophes que le capitalisme nous a concocté !
Auteur : Jean-Marie Berthou (8 avril 2009)