Lettre ouverte aux évêques de France, par l’association Confrontations
Paris, le 20 avril 2009
Monseigneur,
L’association Confrontations, qui succède au CCIF (Centre Catholique des Intellectuels Français), regroupe des chrétiens souvent professionnellement impliqués dans l’analyse de l’opinion publique et des fonctionnements institutionnels. A ce double titre, nous nous sentons tenus en conscience de nous adresser à vous, de façon urgente, au sujet de la façon dont L’Église catholique est gouvernée. Apparue au grand jour au cours des dernières semaines, cette manière nous semble porter atteinte à notre capacité collective d’annoncer l’Évangile, laissant beaucoup d’entre nous stupéfaits et humiliés.
Après la gestion de la levée de l’excommunication des quatre évêques de la Fraternité saint Pie X et de l’affaire Williamson, après l’approbation apportée à l’action du successeur de Dom Helder Camara par le Cardinal Rè, président de la Commission pour l’Amérique Latine, et préfet de la Congrégation des évêques, nous avons été aux prises avec des déclarations sur la propagation du sida faites d’une manière telle qu’elles ont, hélas, complètement occulté l’enjeu du voyage du pape en Afrique.
Loin d’être l’effet du hasard, ces trois incidents, fort significatifs, en leur proximité même, ne peuvent être réduits à des problèmes de communication : ils révèlent, en effet, un mode de gouvernement.
Surmontant nos émotions, nous nous sentons obligés, en nous détachant de l’actualité immédiate, de vous faire part de nos réflexions sur le gouvernement ecclésial tel qu’il s’exerce habituellement tant à Rome que dans notre propre espace ecclésial. Pour cela, nous nous appuyons sur le numéro 37 de la constitution dogmatique sur l’Église de Vatican II (1), ainsi que sur le devoir que nous en fait le can. 212, § 3 du code de droit canonique (2).
Plutôt que nous adresser directement au Saint-Siège, nous préférons nous adresser à vous qui portez solidairement la responsabilité de la proposition de la foi en notre pays, là où se situent également nos responsabilités au sein de nos diocèses et de nos Églises locales.
Pour plus de clarté, nous exprimons d’emblée notre conception de la conduite du Peuple de Dieu car c’est sur elle que repose l’ensemble de nos propositions.
Pour Vatican II, le Peuple de Dieu est premier même si les évêques y ont une place essentielle : ensemble nous cherchons à connaître Dieu révélé en Christ, pour transmettre la Bonne Nouvelle. Sans écoute mutuelle, respectant la diversité des charismes, le Peuple de Dieu ne trouvera pas sa fidélité à l’Évangile, surtout dans une société humaine en transformation profonde et rapide.
Le recours à la réflexion de tous ceux qui sont concernés et ont des responsabilités y est ordinairement la condition de prises de parole et de décisions fructueuses. C’est cela que visaient la synodalité, impliquant les laïcs au plan local ou national, et la collégialité des évêques au sein de l’Église entière, toutes deux promues par Vatican II. Les avoir négligées n’est-il pas à la source de bien des difficultés présentes ?
Après un essai de diagnostic du fonctionnement actuel de l’Église (I), nous avons élaboré quelques propositions (II) que nous souhaiterions voir prendre en considération dans les délibérations pastorales de votre diocèse espérant qu’elles seront reprises également au niveau des différentes commissions épiscopales dans un travail collectif. De ce message qui vous est adressé, vous saurez, nous en sommes persuadés, vous faire l’écho à Rome.
Nous vous remercions pour l’attention que vous porterez aux propositions que vous trouverez ci-jointes et vous prions de croire, Monseigneur, à l’expression de nos sentiments respectueux et de notre fidèle attachement à l’Église.
Pour le conseil d’administration de Confrontations
Jean-Louis Piednoir – Président
N.B. Copie envoyée à son Excellence Monseigneur le Nonce Apostolique à Paris
P.S. Nous avons apprécié le travail de réflexion accompli par la dernière rencontre des évêques de France à Lourdes ainsi que le discours de clôture de son président (écrit à la main par Jean-louis Piednoir).
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NOTRE MESSAGE
I – Un essai de diagnostic
Le diagnostic que nous proposons veut aller bien au-delà des remous actuels. Il s’appuie sur une réflexion collective de membres de notre association. Il s’appuie également sur les résultats d’enquêtes, connus et publiés, ainsi que sur notre expérience de chrétiens engagés dans la société contemporaine et dans l’Église.
Des paroisses en déshérence
Sur le moyen terme, le problème le plus visible est celui de la déshérence des paroisses qui a un rapport très réel avec le mode de gouvernement de l’Église. C’est dans leurs assemblées locales que les chrétiens de tous âges se retrouvent pour écouter la Parole, partager la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, vivre les sacrements et en particulier celui de l’eucharistie. Ceci devient de plus en plus difficile car en moins de 50 ans, 90% des prêtres français ont disparu. La seule réponse apportée à ce problème fondamental a été jusqu’à maintenant de regrouper administrativement les paroisses et cela ne concerne plus, depuis longtemps, seulement les petites paroisses rurales. Un désert spirituel s’instaure aussi dans les petites villes et les banlieues. N’a-t-on pas d’autres réponses chrétiennes à une situation désormais structurelle ?
Tous les évêques et les prêtres savent qu’en 2009 nous sommes entrés dans la 75ème année consécutive de baisse du nombre des ordinations. Il y a 40 ans, tous âges confondus, il y avait en France 41 000 prêtres. Dix ans plus tard, ils n’étaient plus que 36 000. Et dans cinq ans ils seront seulement 4500 âgés de moins de 65 ans pour un pays d’environ 65 millions d’habitants. Depuis un quart de siècle nous ne réussissons à ordonner, en moyenne, qu’un prêtre par diocèse et par an, ce qui implique que tel diocèse, celui de Verdun par exemple, puisse être privé d’ordinations pendant huit ans.
Telle est la dure réalité, qui n’est pas seulement le résultat de ce qu’on appelle la sécularisation, terme très général qui dispense d’inventorier nos responsabilités propres. On y a répondu jusqu’à maintenant, sans succès, par la prière et des regroupements administratifs de paroisses. Mais pourquoi les secteurs paroissiaux et les diocèses au lieu d’être gouvernés seulement d’en haut, ne prendraient-ils pas un peu plus en mains propres leur destin chrétien ? Des réalisations en ce sens existent déjà dans certains diocèses.
Ne faut-il pas développer la confiance dans les capacités du Peuple chrétien, en sa diversité, à se constituer en assemblées de prière, d’écoute de la Parole et de services aux autres ?
Bien accompagné, ne suscitera-t-il pas lui-même des appels aux ordinations ? Certaines années, n’a-t-on pas ordonné, par exemple, plus de diacres que de prêtres ?
Des diocèses en déficit de synodalité
Peut-on affirmer qu’en France notre Église cultive vraiment une synodalité qui permettrait de faire appel aux ressources du Peuple chrétien de façon structurelle ? Ainsi, 45 ans après Vatican II, nous constatons que la moitié des diocèses français n’ont toujours pas convoqué un seul synode. Seule une dizaine parmi l’autre moitié en a célébré deux et très rarement trois.
Dans la société française contemporaine, instruite, informée, changeant très rapidement, quel avenir peut avoir une Église où les fidèles restent passifs, gouvernés sans possibilité de faire entendre leur voix et de s’intégrer dans la recherche de tant de solutions urgentes concernant, par exemple, l’invention de nouveaux langages de la foi ou l’avenir des ministères ?
La visite des paroisses par les évêques pourrait contribuer à la création de l’esprit requis. Mais comment est-elle conçue ? Quelle est sa fréquence ? Est-ce l’occasion d’une vraie rencontre avec le Peuple de Dieu ?
Prier ou parler avec son évêque est souvent difficile. Certes, on le sait occupé. De ce fait, en plus des synodes, ne faudrait-il pas imaginer des formes de communication plus habituelles dans le peuple chrétien ? Pour utile qu’il soit, internet ne saurait être un moyen adéquat pour que les évêques puissent écouter leur peuple et non pas seulement lui parler.
Des orientations de la Conférence des Évêques peu lisibles
Les réactions tardives du Président de la Conférence des Évêques de France au vu des évènements récents, le fait même qu’il n’y ait pas eu de parole commune mais seulement une parole épiscopale dispersée, laissent place à bien des interrogations sur les modes de concertation et de consultation entre les évêques de France. Sur l’affaire du Brésil, révoltante à tous égards, on aura noté par exemple le décalage dans le temps et le contenu entre les diverses interventions. Comment la Conférence des Évêques de France s’informe-t-elle et quels instruments se donne-t-elle pour pouvoir réagir en concertation, sans priver un évêque de sa liberté de parole ?
Par ailleurs, le travail de réflexion fondamental sur l’annonce de l’Évangile dans notre société semble absent ou n’est pas repérable.
Quelles ont été les suites du remarquable rapport Dagens (3) qui avait bénéficié d’une concertation, comportant quelques théologiens ? S’est-il perdu dans les sables ?
Depuis lors, quelles réflexions neuves sont proposées aux chrétiens ?
Ne reproduit-on pas en France le fonctionnement institutionnel du Pape et de la Curie ?
Le mode de décision à l’oeuvre dans la tentative de réconciliation des évêques de la Fraternité saint Pie X semble marqué par l’absence de dialogue entre les acteurs concernés tant au sein de la Curie qu’au sein de l’Église catholique en ses instances nationales et locales. C’est, en effet, par la presse que les évêques français ont appris les décisions du pape.
Les récents événements ont fait apparaître un pape solitaire, des congrégations et des commissions romaines qui ne communiquent pas entre elles et des décisions prises sans consultation des instances locales concernées.
C’est précisément sur l’absence de toute consultation préalable des évêques de France, alors que le « lefébvrisme » concerne bien notre pays, que l’on aurait pu attendre une réaction de la Conférence. Elle se borne à dire que la pleine reconnaissance de Vatican II était une condition indispensable et incontournable à l’unité, mais elle reste muette sur cette absence d’information et de consultation. Et on constate le même silence sur ce point dans la lettre d’explication postérieure du pape alors que cette absence avait choqué bien des croyants.
Au plan de l’analyse institutionnelle, tous les maillons de la chaîne souffrent de dysfonctionnements de haut en bas, le maillon du dessous reproduisant le mode de fonctionnement pyramidal de celui du dessus.
La crise a tout de même révélé un attachement profond du peuple chrétien à Vatican II, ce en quoi les évêques peuvent se réjouir et ce sur quoi ils peuvent s’appuyer.
Une chance s’offre ainsi à notre Église : la confiance réciproque entre les fidèles et leurs pasteurs pourra ainsi être restaurée et permettre un nouveau départ pour la réflexion sur la présence de l’Église dans notre culture.
Un faible niveau d’inculturation
Beaucoup de fidèles souffrent du décalage entre le discours ecclésial et les évolutions de la société. Le discours de l’Église devient inaudible et le fonctionnement de certains de ses organes est devenu incompréhensible.
L’inculturation, qui est loin d’être une simple adaptation à la société environnante, demande d’analyser les mutations culturelles de nos sociétés, qui ne sont, en soi, ni bonnes ni mauvaises. Faute de les comprendre, on reste fixé sur des modèles culturels qui eurent leur pertinence dans le passé. Il arrive ainsi qu’on transforme en norme théologique et pastorale des figures de la vie ecclésiale, pertinentes en leur temps mais devenues stériles aujourd’hui. On peut penser notamment au régime de l’autorité, au statut des prêtres, à l’évolution de la vie des couples et des jeunes et au nouveau statut de l’affectivité dans les engagements personnels et institutionnels.
Trois évolutions majeures devraient ainsi faire l’objet de réflexions approfondies en Église :
– Le rapport à l’autorité de nos concitoyens qui sont sensibles aux mécanismes permettant de concilier autonomie personnelle et nécessité d’une autorité.
– La place des femmes dans l’expression publique de l’Église et dans la prise de décisions.
– Les conditions d’émission du message évangélique : on ne peut plus séparer le contenu du message de la crédibilité de ses émetteurs.
Cette réflexion conditionne fortement l’annonce de l’Évangile aujourd’hui.
II – Nos propositions
Au regard de ce diagnostic initial, les propositions qui suivent voudraient contribuer à résoudre des dysfonctionnements récurrents qui ne sont que secondairement des “problèmes de communication” entre l’Église et notre société. C’est l’Église elle-même, avec tous ses membres, qui doit mieux prendre en charge le témoignage à rendre à l’Évangile, en instaurant un régime d’écoute mutuelle parce que l’ensemble des dons du Saint Esprit ne se trouve que dans l’ensemble de l’Église ; ce qui devrait se traduire par une synodalité plus active.
1 Mettre en oeuvre la synodalité à tous les niveaux
– Promouvoir une réelle collégialité épiscopale, en conférant des capacités de proposition et des pouvoirs de décision à des conférences épiscopales régionales ou continentales. Une papauté solitaire et se voulant omni-compétente n’aide ni la pastorale ni les rapprochements oecuméniques.
– Évaluer la mise en oeuvre de Vatican II tant dans la ligne de Lumen Gentium et de l’oecuménisme que dans celle de “l’Église dans le monde de ce temps” qui porte un message sur la vie publique, la construction européenne, la mondialisation…
– Proposer des formations spécifiques aux clercs et aux laïcs tant à l’écoute qu’à l’expression, et au dialogue afin de promouvoir la participation du plus grand nombre. Ainsi différentes formes de synodalité pourront se mettre en place peu à peu, et les chrétiens pourront faire entendre leur voix.
– Revaloriser les églises locales comme sujets de droit : les consulter au préalable sur le choix des futurs évêques, sur les projets d’encycliques et sur l’ordre du jour des synodes romains. Des développements en ce sens ne demandent pas de créer de nouveaux instruments synodaux mais de donner de réels pouvoirs à ceux dont on dispose déjà, qui restent souvent méconnus et sous-utilisés.
2 Développer la prospective
L’Assemblée des Évêques de France a désormais une cellule prospective ce dont nous nous réjouissons. Avec beaucoup de groupes chrétiens nous espérons pouvoir y collaborer.
3 Retrouver la primauté du service de l’Évangile
Dans les difficultés actuelles, une urgence semble s’imposer : donner la primauté à l’Évangile tant dans les nombreux messages de l’Église que dans sa gouvernance.
a) Donner la priorité à l’Évangile dans les messages de l’Église
Les messages de l’Église sont nombreux, y perçoit-on facilement l’originalité et la nouveauté de l’Évangile ? L’esprit du monde y fait obstacle, mais probablement aussi la traduction trop rapide de l’Évangile en une morale que l’on demande, en même temps, aux autorités civiles de transformer en lois, en référence à la loi naturelle. Ce glissement fréquent, de l’une dans l’autre, des trois instances que sont l’Évangile, la morale et les lois civiles, ne permet plus d’honorer ni la spécificité de l’Évangile – qui est bien autre chose qu’une éthique – ni l’originalité de la morale, ni la responsabilité spécifique des législateurs. Ces courts-circuits détournent nos contemporains de l’écoute du message évangélique, en partie parce que dans leur mémoire historique, notre Église est perçue comme s’étant opposée aux libertés et qu’aujourd’hui encore elle leur donne l’impression de vouloir s’emparer autoritairement de leur liberté.
b) Donner la priorité à l’Évangile, créateur de communion, dans la gouvernance de l’Église
Ces dernières semaines l’exercice solitaire des ministères d’autorité est apparu aussi problématique que celui de tout ministère. Car dans la communion de l’Évangile, tout ministre est situé dans l’Église, avant de l’être face à elle. Saint Augustin aimait répéter : « avec vous je suis chrétien, pour vous je suis évêque ». Dans le droit canon et dans certaines théologies, cet équilibre a été perdu. C’est l’une des sources de la crise actuelle de tous les ministères.
Épiscopat et communion ecclésiale.
Vatican II l’a certes rappelé : « on ne doit pas les considérer comme les vicaires des Pontifes romains » (Lumen Gentium 27). Néanmoins dans le droit en vigueur, les évêques ne sont-ils pas l’équivalent des préfets de notre République ? Le pape les nomme librement et ils n’ont de comptes à rendre qu’à lui seul. Si d’autres évêques sont impliqués dans leur choix, des réseaux sans statut ecclésial le sont aussi. Mais comment justifier, dans une ecclésiologie de communion, que les instances du diocèse concerné soient ignorées ? De plus quand, structurellement, l’évêque catholique est situé seulement face à son diocèse, que devient la synodalité ? On est loin de l’adage canonique médiéval « ce qui concerne tout le monde doit être délibéré par tous », et plus encore de la patristique, quand le pape saint Léon demandait que l’évêque, « qui préside à tous, soit élu par tous ». La bureaucratisation actuelle est facteur de crise pour les Églises locales, réduites au statut de départements de l’Église universelle et privées de créativité pour l’inculturation de l’Évangile.
« Vocations » et synodalité de l’Église locale.
Ce qui est vrai des évêques, l’est aussi des prêtres. La vocation de ces derniers a été largement privatisée et fondée sur le volontariat, très valorisé spirituellement, d’une personne d’abord appelée dans son intimité, directement par Jésus. En l’absence de volontaires de ce type, on se condamne à ne plus avoir de prêtres. Pourtant, en bien des secteurs pastoraux, les chrétiens de l’endroit ne pourraient-ils pas prendre en charge leur propre avenir, analyser ensemble les besoins du service de l’Évangile et repérer les personnes qui pourraient les assumer, moyennant formation ? Mais cela suppose à nouveau des formes de synodalité favorisant de telles démarches. Cela suppose aussi qu’on donne une priorité résolue à l’Évangile dans la détermination des critères actuellement requis pour l’ordination. Certes en introduisant une limite d’âge pour les évêques (sauf paradoxalement pour celui de Rome dont la charge est plus complexe), on a commencé à faire prévaloir les nécessités du ministère sur la personne des ministres. Mais est-il suffisant de ne réviser dans leur statut que le seul paramètre de l’âge ?
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Au terme de ce message, nous redisons combien il serait périlleux de ramener la crise actuelle à des erreurs de communication ou à une tempête médiatique, bientôt remplacée par une autre. Le vrai problème est celui d’une gouvernance de l’Église catholique à laquelle il faut commencer à remédier, dès maintenant, sur deux points essentiels :
– la décision de la constitution dogmatique de Vatican II de faire précéder le chapitre sur les évêques par le chapitre sur le Peuple de Dieu n’a pas encore été mise en oeuvre. C’est une requête de synodalité de l’Église et non de démocratisation, car les dons de l’Esprit sont finalisés par le bien commun. Personne ne les monopolise, même si certains, légitimement, doivent décider dans l’Église en dernière instance.
– la gouvernance actuelle montre un déficit plus important encore dans sa faible capacité à surmonter la crise des ministères (des vocations, comme on dit) et à faire entendre sa parole parce que, dans les deux cas, la priorité n’est pas donnée à l’Évangile.
La réception du concile n’en est qu’à ses débuts. Le Cardinal Kasper le notait, il y a vingt ans. Ses attentes d’alors sont toujours les nôtres : « plus de collégialité, de participation et de co-responsabilité, plus de circulation de l’information et de transparence dans les processus de décision » (4).
Comme l’indique encore Guy Coq (5), Vatican II, qui a rendu possible « une image de l’Église amie de la raison et solidaire des combats humains contre la mort », est loin d’avoir porté tous ses fruits !
(1) « Avec l’aide de l’expérience des laïcs, les pasteurs sont mis en état de juger plus distinctement et plus exactement (distinctius et aptius) en matière spirituelle aussi bien que temporelle et ainsi toute l’Eglise qui, renforcée par tous ses membres, remplir plus efficacement sa mission pour la vie du monde ».
(2) « Selon leur savoir et la compétence (et le prestige) dont ils jouissent, les fidèles ont le droit et même parfois le devoir de donner aux pasteurs leur opinion sur tout ce qui touche le bien de l’Église et de le faire connaître aux autres fidèles, étant sauves l’intégrité de la foi et des moeurs et le respect dû aux pasteurs, compte tenu du bien commun et de la dignité des personnes ».
(3) « Nous pensons que les temps actuels ne sont pas plus défavorables à l’annonce de l’Evangile que les temps passés de notre histoire. La situation critique qui est la nôtre nous pousse au contraire à aller aux sources de notre foi et à devenir disciples et témoins du Dieu de Jésus-Christ d’une façon plus décidée et plus radicale ». Paris, Ed. du Cerf, 1999, p.21.
(4) W. Kasper, La théologie et l’Eglise (Cogitatio Fidei 158), Paris, Ed. du Cerf, 1990, p. 405 (revu sur l’original Theologie und Kirche Mainz, 1987).
(5) Article dans Marianne, 4-11 avril 2009.
Auteur : CONFRONTATIONS, association d’intellectuels chrétiens, rassemble des personnes qui veulent contribuer à la vitalité, à la créativité et à l’espérance face aux rivalités de pouvoir et à la marginalisation des plus faibles dans la vie sociale et économique.