“Bioéthique : une découverte révolutionnaire”, par Marius Morin, m.s.a.
Les progrès scientifiques dans le domaine des sciences de la vie posent de délicates questions éthiques : clonage thérapeutique ou reproductif, recherche sur l’embryon, brevetabilité du vivant et du génome humain… Les lois relatives à la bioéthique d’avant 2006 doivent être révisées et mises à jour. Pourquoi ? À cause d’une grande découverte scientifique ! Ce qui a conduit, cette année en France, à la tenue d’États généraux sur la bioéthique en vue de promulguer une nouvelle loi en 2010. Les évêques français n’ont pas tardé à réagir et viennent de publier un ouvrage intitulé « Bioéthique. Propos pour un dialogue ».
Cela a provoqué chez moi une réflexion. Je veux la partager avec vous sur un des thèmes traités dans leur document concernant l’embryon humain. La question cruciale est la suivante : Pour sauver des malades, peut-on utiliser des cellules souches sur des embryons humains qui de toute façon vont finir par être détruits dans les laboratoires ? Peut-on légiférer l’instrumentalisation de l’être humain embryonnaire pour soigner et sauver des malades ? Comme chrétiens que devons-nous penser ?
Depuis 2006, une révolution copernicienne s’est produite dans les recherches sur les cellules souches permettant de refaire des tissus et de soigner de graves pathologies. Cette révolution serait aussi importante que la découverte de la relativité d’Einstein, selon le Dr David Scadden, co-directeur de l’Institut des cellules souches d’Harvard [1].
L’équipe du professeur Shinya Yamanaka de Tokyo, en 2006, est arrivé à reprogrammer des cellules sur des souris. En novembre 2007, les professeurs Shinya Yamanaka et James Thomson ont réussi, chez l’homme, à obtenir des cellules souches pluripotentes à partir de cellules déjà différenciées (cellules de la peau). D’autres chercheurs américains des universités Wake Forest et Harvard ont découvert que le liquide amniotique, le fluide dans lequel baigne le fœtus avant la naissance, était une source importante de cellules souches. Depuis ces découvertes, nous possédons des cellules souches reprogrammées appelées iPS (cellules pluripotentes induites).
Ce qui est surprenant, c’est qu’on n’en parle pas beaucoup dans les revues scientifiques et dans les médias, et que les responsables politiques, un peu partout à travers le monde, ne semblent pas informés de ces avancées scientifiques.
Ces découvertes scientifiques ont démontré que de simples cellules de peau, de liquide amniotique, de sang de cordon, de moelle épinière, pouvaient être reprogrammées en de nombreux types de cellules souches possédant les mêmes caractéristiques que les cellules souches embryonnaires. Elles possèdent les mêmes propriétés d’autoreproduction et prolifération.
Ces iPS renferment trois grandes prérogatives :
1. Comme on prélève ces cellules directement sur le patient, il n’y a pas de risques de rejet immunologique, comme dans le cas des greffés.
2. Ces cellules ne soulèvent pas de problèmes éthiques, puisqu’on ne détruit aucune cellule embryonnaire.
3. Les recherches sur l’embryon et le clonage ne semblent plus nécessaires après la découverte des cellules iPS, selon le professeur Ian Wilmut président du Conseil de recherche médicale en biologie reproductive du Centre de médecine régénérative à l’université d’Édimbourg (Écosse). Ce chercheur, le premier à avoir cloné avec succès un mammifère, la brebis Dolly, a tenu ces propos lors d’une interview à la BBC [2].
De plus, selon Jean-Marie Le Mené, président de la Fondation Jérôme Lejeune, [3] il y aurait aujourd’hui plus de 300 laboratoires dans le monde travaillant sur ces cellules iPS, alors que ces découvertes n’ont que deux ans et que de nombreuses équipes de recherche ont délaissé les embryons humains pour se tourner vers les cellules iPS.
Il y a donc lieu de s’en réjouir. Si chacun de nous y apporte sa petite contribution, il y a lieu d’espérer que les nouvelles législations, à travers le monde, en matière de bioéthique, redonneront à la science ses lettres de noblesse et proposeront aux médecins et aux malades une médecine responsable, au Canada, en France et ailleurs.
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NOTES
[1] Dr. David Scadden, cité dans le Time du 2 février 2009.[2] Ian Wilmut. Voir ce compte rendu sur le site : http://www.genethique.org/mai_2009.asp
[3] Bulletin de la Fondation Jérôme Lejeune, Paris, 28 juillet 2009, p. 2
Auteur : Marius Morin, m.s.a.
mariusmorin@sympatico.ca
Source : Culture et foi