Les divorcés remariés ne comprennent pas la position de l’Eglise catholique
L’hebdomadaire Pèlerin a publié jeudi 17 septembre un sondage choc sur les catholiques pratiquants concernés personnellement ou par leurs proches par le divorce (1). Une majorité d’entre eux souhaite que l’Église « adopte une attitude plus souple ». Quels sont les résultats de cette enquête ?
Premier constat, les catholiques pratiquants réguliers se disent « concernés par le divorce » à 38 %, autant que l’ensemble des Français (40 %) : soit personnellement (13 % pour les pratiquants réguliers, contre 17 % pour l’ensemble des Français), soit en ayant des parents divorcés (11 % pour les catholiques pratiquants, 21 % des Français), soit comme parents d’enfants divorcés (19 %, contre 9 % des Français).
Ces chiffres s’expliquent par l’effet de génération, les pratiquants réguliers étant plus âgés que la moyenne des Français. Par ailleurs, les catholiques pratiquants divorcent moins que les Français (13 % contre 17 %), mais se remarient dans les mêmes proportions (5 %). À noter qu’un retraité sur cinq a divorcé et la moitié des retraités divorcés se sont remariés ou vivent en union libre : un chiffre « explosif », selon le P. Nicolas de Bremond d’Ars, sociologue, qui commente ce sondage pour Pèlerin, étant donné que les retraités forment la majorité des catholiques pratiquants.
Comment est comprise la position catholique ? L’incompréhension domine. Sur l’ensemble des Français, 85 % disent ne pas comprendre l’interdiction de se remarier à l’église pour les divorcés qui avaient déjà été mariés religieusement, et 80 % ne comprennent pas l’impossibilité pour ceux-là de communier. Cette incompréhension est largement partagée par les catholiques : 24 % seulement des pratiquants réguliers qui se déclarent concernés considèrent que « l’Église a raison d’interdire » le remariage à l’Église, et 16 % seulement que « l’Église a raison d’interdire de communier ».
« Dans ce monde sécularisé, la communion apparaît comme un “rite d’appartenance” auquel tous les chrétiens devraient pouvoir prétendre », note Nicolas de Bremond d’Ars. À signaler : la grande attente d’un changement de l’Église catholique sur cette question. Pour 79 % des pratiquants concernés par le divorce, « l’Église devrait adopter une attitude plus souple pour tenir compte de l’évolution des mœurs ».
Pourquoi l’Église maintient-elle sa position ? La doctrine catholique affirme le caractère indissoluble du mariage sacramentel. Le remariage après un divorce, étant donc assimilé à l’adultère, exclut par là même le fidèle de la vie sacramentelle, notamment de l’Eucharistie. Le défi, pour l’Église, est d’accompagner dans leur souffrance les chrétiens divorcés remariés, sans nier ce caractère sacré du mariage. Depuis une quinzaine d’années, une pastorale spécifique des divorcés remariés a été mise en place dans plusieurs diocèses. Mais, déplore le P. de Bremond d’Ars, « on ne peut que constater un réel fossé entre l’opinion catholique et l’autorité de l’Église ».
(1) Sondage Pèlerin/TNS Sofres/Logica, réalisé en février et mars auprès de 1 000 personnes. Pour consulter le sondage, cliquez ici.
Auteur : Antoine BELIER
Source : La Croix, édition du 16 septembre 2009.