J Street galvanisé par le déroulement de sa première convention nationale
C’est depuis Tel Aviv où nous commençons notre voyage, que je vous adresse la traduction de cet article sur la conférence de J Street qui se déroule du 25 au 28 octobre à Washington. Ce nouveau mouvement auquel s’est joint récemment Brit Tzedek VeShalom témoigne d’un renouveau de l’expression la communauté juive américaine qui aura un impact nous l’espérons sur la politique de l’administration américaine.
Le lobby pro-israélien et pro-paix J Street a lancé sa première convention nationale dimanche dernier, réunissant plus de 1500 participants dans l’Hôtel Grand Hyatt à Washington. En dépit des polémiques et des tensions entourant cette convention, les organisateurs affirment que l’affluence a dépassé toutes les attentes.
De nombreux militants de la paix, des politiciens, des diplomates, des lobbyistes, des rabbins (hommes et femmes), des conseillers politiques, des artistes, des étudiants et des journalistes remplissaient les salles. Les participants qui quittaient les salles de tables rondes s’asseyaient en cercle sur le sol de l’entrée, débattant avec passion de l’état des forces de gauche en Israël et aux Etats-Unis, de religion et des nouveaux médias.
« Nous ne pouvions être plus heureux » confirme Jeremy Ben-Ami, un responsable de JStreet. « Le nombre de participants a dépassé de très loin nos espérances – 148 membres du Congrès ont soutenu l’événement, 250 étudiants et journalistes de 17 pays différents sont venus. On assiste véritablement à la naissance d’un mouvement. Cela montre qu’il existe un espace politique ainsi qu’un désir de promouvoir une paix immédiate, plus urgente que jamais. Notre vision de la paix est très claire : Deux Etats sur la base des frontières de 1967 ».
« La violence peut faire des ravages, il y a des extrémistes dans les deux camps » ajoute-t-il, « mais nous ne pouvons pas laisser les fanatiques bloquer la réalisation d’un avenir meilleur pour les deux peuples ». Un journaliste a demandé à Jeremy Ben-Ami comment JStreet pouvait être pro-Israël alors que l’ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis, Michael Oren, a boycotté l’événement. Ben-Ami a répondu que l’ambassadeur « faisait une grave erreur. Nous représentons une partie de la communauté juive américaine et refuser de participer à cette conférence est une erreur profonde, de même que son refus de débattre avec ceux qui cherchent à promouvoir la paix. J’aurais préféré qu’il vienne, au moins pour nous exprimer son désaccord. Nous aimons Israël et nous soutenons Israël. Mais nous avons des interrogations sur sa politique. »
Interrogé sur le rapport Goldstone, Ben-Ami répond que « la façon dont la communauté internationale a traité ces questions était imparfaite. Mais cela ne signifie pas qu’Israël ne doivent pas répondre sur le fonds. »
En face de l’hôtel, Bob Kunst, du groupe de droite « Shalom International », brandissait une pancarte où l’on pouvait lire « JStreet Nazis ».
Meir Sheetrit, membre de la Knesset (Kadima), clame qu’il n’a aucun remord à participer à cette conférence. « J’ai assisté à la convention de l’AIPAC, et aujourd’hui je suis ici. Le gouvernement israélien fait une erreur en ne venant pas. Nous participons à de nombreux types de forums où l’on condamne Israël, même dans des pays arabes et il faudrait boycotter une conférence pro-israélienne ? Je suis de ceux qui pensent que le soutien de JStreet à Israël est réel et sérieux ».
Les participants vont se presser au Capitole aujourd’hui et demain pour plus de 200 rencontres au Congrès. Ils tenteront d’expliquer aux divers élus et conseillers du Congrès que la communauté juive américaine n’est pas monobloc, qu’une implication active dans le processus de paix est dans l’intérêt des États-Unis et d’Israël, et qu’une approche diplomatique du problème iranien devrait être privilégiée.
Cinq familles venues de Sheikh Jarrah – une commune proche de Jérusalem – ont une mission spéciale. « Ils sont venus pour exposer leur situation, ils souhaitent que l’administration américaine les aide à retourner dans leurs maisons et empêche l’expulsion de 500 autres personnes » explique Angela Godfrey-Goldstein de l’Association Israélienne contre les Démolitions de Maisons.
« C’est passionnant de se trouver au milieu d’une foule de jeunes gens qui clament leur amour d’Israël et leur volonté de faire avancer le processus de paix » affirme Colette Avital, ancienne membre travailliste de la Knesset. « Je n’ai pas vu une telle ferveur depuis longtemps, ni en Israël, ni aux États-Unis. Alors que là-bas, nous sommes marginalisés dans tous les campus, ici, le potentiel est très important ».
L’analyste de la vie politique Jim Gerstein, explique lui que ce n’est pas Israël qui boycotte JStreet. « Ce n’est pas un boycott d’Israël mais de Netanyahu. Ils ont reçu des lettres du Président et de Tzipi Livni. 150 membres du Congrès soutiennent cette conférence. Si l’administration Obama prend cela au sérieux, imaginez ce que cela signifie pour Netanyahu».
Traduction : Yoël Amar pour La Paix Maintenant
Auteur : Natasha Mozgovaya
Source : Haaretz