Lettre de NSAE au recteur de l’Institut catholique de Paris
Nous Sommes Aussi l’Eglise
68 rue de Babylone – 75007 Paris
membre de la Fédération Réseaux du Parvis
membre du Réseau Européen Eglises et Libertés
membre du Mouvement international We are Church
site internet : http://www.nsae.fr
à Monsieur le Recteur
Institut Catholique de Paris
21, Rue d’Assas
75006 PARIS Cedex
Monsieur le Recteur,
Notre association, « Nous sommes aussi l’Eglise – France » tient à vous faire savoir qu’elle s’associe aux nombreuses protestations qui vous ont été adressées par diverses associations françaises ou européennes ainsi que par l’ambassade du Honduras à Paris, ou encore par le chanoine François Houtart, à propos de votre initiative de nommer Docteurs Honoris Causa de l’Institut Catholique de Paris le Cardinal Evêque de Tegucigalpa, Oscar Rodriguez Maradiaga, ainsi que l’ancien directeur général du Fonds Monétaire International (FMI), Michel Camdessus.
Nous partageons l’indignation et l’analyse dont vous a fait part le SICSAL (Servicio Internacional Cristiano de Solidaridad con los Pueblos de America Latina) dans le courrier qu’il vous a adressé et dont « Nous sommes Eglise – Chili » nous a communiqué la copie que nous joignons.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Recteur, l’expression de nos sentiments distingués.
Servicio Internacional Cristiano
de Solidaridad con los Pueblos
de América Latina – Sicsal
octubre 2009
Madame Florence Bastien
21, Rue d’Assas
F-75006 PARIS Cedex 06 – FRANCE
Chère Madame, Bastien,
Au nom du Comité Oscar Romero, qui, à partir de la foi du Christ et en solidarité avec les personnes précarisées, se solidarise avec la lutte des peuples latino-américains; je me permet de me diriger vers vous afin de vous exprimer notre préoccupation sur l’octroi par votre Institut du titre de Docteur Honoris Causa au Cardinal et Evêque de Tegucigalpa (Honduras) Oscar Rodriguez Maradiaga, ainsi qu’à l’ex-directeur général du Fonds Monétaire International (FMI), Michel Camdessus.
S’il est certain que Monseigneur Maradiaga avait pu montrer ces dernières années – en particulier au moment de sa candidature pour la succession de Jean-Paul II – une image progressiste de défenseur de la cause des pauvres; à partir du coup d’Etat du 28 juin 2009, ses déclarations ont provoqué la déception parmi le peuple hondurien.
Il ne s’agit pas seulement du fait que, comme d’autres membres de la Conférence épiscopale hondurienne et avec le total appui du Vatican, il n’ait pas dénoncé le coup d’Etat. Mais il l’a surtout légitimé en déclarant que « la Constitution a été respectée par les putschistes ».
Il n’a pas condamné ni évoqué les assassinats, les tortures et les détentions massives dont s’est rendu coupable le gouvernement putschiste. Il n’a pas prononcé une seule parole sur la suppression des libertés civiques, ni sur la fermeture des média de communication qui ne voulaient pas se soumettre aux putschistes, en particulier la radio jésuite, Radio Progreso.
Le Cardinal Maradiaga a choisi le camp des militaires et des grandes familles putschistes, au contraire de Monseigneur Luis Alfonso Santos (Evêque de Santa Rosa de Copan), de la Confédération des Religieux du Honduras, du Gouvernement provincial apostolique des Jésuites au Honduras et des Dominicains d’Amérique central qui ont condamné le coup d’Etat et les crimes commis.
Il nous est aussi particulièrement affligeant de constater que le Cardinal sera honoré en même temps que Michel Camdessus, dont les politiques qu’il a impulsé à la tête du FMI de 1987 à 2000 ont été reconnues coupables d’encore plus grandes souffrances parmi les peuples que le coup d’Etat militaire hondurien. Certains analystes ont même appelé ces politiques du FMI « les crimes économiques contre l’humanité ».
Nos valeurs chrétiennes nous font douter du bien fondé de l’octroi du titre de Docteur Honoris Causa à ces personnes ainsi que de l’adjectif « Catholique » de votre Institut (MT, 25-40).
Je vous prie d’agréer, Madame Bastien, l’expression de nos sentiments distingués