BEATIFICATION DE JEAN PAUL II : APPEL A LA CLARTE
A la suite de la proclamation de Benoît XVI du 19 décembre 2009, déclarant « vénérables » Jean Paul II et Pie XII, et des réactions qui concentrent leur critique sur Pie XII, il nous a paru intéressant de publier cette déclaration qui date de 2006.
L’ouverture officielle de la cause de béatification de Jean Paul II le 28 juin 2005 sollicite les catholiques, hommes et femmes, qui se sentent responsables de leur Eglise et participent à sa vie, d’envoyer leurs témoignages sur les œuvres du Pontife Romain décédé le 2 avril 2005.
Comme cela a été correctement annoncé, on peut envoyer à l’office compétent du Vicariat à Rome des témoignages favorables ou défavorables pour la glorification de Karol Wojtyla, pourvu que ceux-ci soient fondés sur des données objectives.
En tenant compte de la surmédiatisation des derniers jours de maladie du Pape et à l’occasion de sa mort, il nous semble opportun de proposer des référence à ceux des catholiques, hommes et femmes, qui évaluent de façon négative de nombreux aspects des actions du Pape, sans ignorer bien entendu les aspects positifs de son pontificat, comme son engagement pour la paix où ses efforts pour reconnaître les fautes historiques des fils et filles de l’Eglise, sans lui dénier ses côtés vertueux et sans juger sa conscience intime.
Dans cet appel, nous invitons donc ces personnes à dépasser leur répugnance et leur timidité et à exprimer officiellement avec une liberté évangélique les faits qui, fondés sur leur connaissance et leurs convictions, pourraient faire obstacle à sa béatification.
Les signataires de l’appel pensent qu’en ce qui concerne le pontificat de Jean Paul II, les points suivants devraient en particulier être évalués de façon critique :
1 – La répression et l’éviction exercées à l’encontre de théologiens et de religieux à travers les interventions autoritaires de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
2 – L’opposition tenace à reconsidérer, à la lumière de l’Evangile, de la science et de l’histoire, des règles d’éthique sexuelle qui se sont montrées contradictoires, limitées et intenables, tout au long des 26 ans du pontificat.
3 – Le rappel strict de la discipline du célibat ecclésiastique obligatoire dans l’Eglise Latine, en ignorant l’expansion du concubinage au sein du clergé dans de nombreuses régions, et en cachant ce fléau ravageur que sont les abus sexuels exercés par des prêtres sur des enfants, jusqu’à l’explosion publique.
4 – Le manque de contrôle des manipulations financières troubles effectuées par les institutions du Saint Siège et les obstacles opposés aux autorités italiennes pour les empêcher de faire la lumière sur les implications de l’Institut pour l’œuvre de la religion (IOR, la banque du Vatican) avec le crack de la banque Ambrosiano.
5 – Le refus réaffirmé du pontife et de la Curie qu’il dirigeait à ouvrir un vrai débat sur la condition des femmes dans l’Eglise catholique romaine.
6 – Le report continuel à la mise en œuvre des principes de collégialité dans l’Eglise romaine, bien qu’ils aient été énoncés solennellement par le Concile Vatican II.
7 – L’isolement ecclésial de fait dans lequel Mgr Oscar Arnulfo Romero, Archevêque de San Salvador, a été laissé par la diplomatie pontificale et le Saint Siège et la politique de faiblesse imprévoyante à l’égard des gouvernements en Amérique Latine – du Salvador à l’Argentine, du Guatemala au Chili – qui ont persécuté, fait disparaître des laïcs, des religieux, des prêtres et des évêques qui dénoncèrent courageusement les structures de péché des régimes politiques et des pouvoirs économiques dominants, et les ont fait mourir.
Dans un esprit ecclésial.
Cette déclaration a été signée initialement à Rome le 6 décembre 2006 par : Vittorio Bellavite (au nom de “Noi Siamo Chiesa”) Rome ; Jaume Botey, théologien et historien, Barcelone ; José Maria Castello, théologien, San Salvador; Giancarla Codrignani, écrivain, Bologna ; Rosa Cursach, théologienne, Palma de Mayorque ; Casiano Floristàn, théologien, Salamanque ; Giovanni Franzoni, théologien, Rome ; Filippo Gentiloni, journaliste et écrivain, Rome; Giulio Girardi, théologien, Rome; Marta Heizer, théologienne, Innsbruck ; Casimir Martì, théologien et historien, Barcelone ; Ramon Maria Noguès, théologien Barcelone ; José Ramos Regidor, théologien, Rome ; Juan José Tamayo, théologien, Madrid ; Adriana Zarri, théologien, Ivrea.
Comme maieul, je ne peux que souscrire moi aussi. Sur le point 5, on pourrait dire que JPII a fait que le seul “débat” sur la condition des femmes dans l’Eglise catholique romaine n’a commencé qu’en 2009 à l’instar de BXVI aux Etats-Unis avec l’investigation du Vatican des réligieuses américaines…et je ne pense pas que ce serait un vrai débat ni une vrai réflection.
Bon appel, auquel je ne peux que souscrire, mais dont je ne peut que douter de son efficacité.
Prenez par exemple le point 1 : comment le dire à un pape qui était jusqu’au décés de de Jean-Paul II le préfét de la Congrégation pour la doctrine de la foi ?