Le théologien Edward Schillebeeckx est décédé
Le théologien flamand avait été une des grandes figures de Vatican II
Edward Schillebeeckx en 1965 (Photo : CIRIC).
Figure majeure de la théologie du XXe siècle, le dominicain flamand Edward Schillebeeckx, 95 ans, est mort mercredi 23 décembre à Nimègue (Pays-Bas), a annoncé l’Université de Nimègue où il avait enseigné pendant 25 ans.
Né en 1914 à Anvers (Belgique), il entre en 1934 chez les dominicains. Après sa formation à Louvain, il est ordonné prêtre en 1941. De 1945 à 1947, ce spécialiste du thomisme est à Paris où il complète ses études à la Sorbonne, à l’École pratique des hautes études et au Saulchoir, aux côtés de Marie-Dominique Chenu et Yves Congar.
Professeur de théologie dogmatique en 1958, il défend dans son discours inaugural, « À la recherche d’un Dieu vivant », une théologie qui tienne compte du dogme mais où l’expérience humaine aurait aussi sa place.
Démêlés avec Rome sur le célibat ecclésiastique
Expert à Vatican II, ce spécialiste de la Révélation sera un des principaux rédacteurs de la Constitution dogmatique Dei Verbum, aux côtés de Karl Rahner et du jeune Joseph Ratzinger. Au lendemain du Concile, il fonde avec Rahner et Congar la revue de théologie Concilium.
En 1967, la publication de Dieu, avenir de l’homme, coeur de sa pensée christologique, marque un tournant de sa réflexion théologique qui « se centre sur les nouvelles herméneutiques et l’expérience humaine dans le monde contemporain » (1).
Mais, dans le contexte de la contestation hollandaise du lien sacerdoce-célibat, ce sont surtout ses réflexions sur le ministère presbytéral, appelant à une ouverture de la discipline latine sur le célibat ecclésiastique, qui vont lui valoir des démêlés avec Rome, notamment lorsqu’il envisage un ministère laïc extraordinaire de l’eucharistie en cas d’absence durable de ministre ordonné…
Sa christologie n’a jamais été condamnée
En 1986, une lettre du cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, juge cette conception du ministère « en désaccord avec l’enseignement de l’Église sur des points importants ».
Au même moment, il doit aussi s’expliquer pour des propositions sur sa christologie, développée notamment dans Jésus, histoire d’un vivant (1974). Il ne sera toutefois jamais condamné.
Professeur émérite depuis 1983, il vivait depuis dans sa ville d’adoption de Nimègue, continuant à publier.
Nicolas SENÈZE
(1) Dictionnaire des théologiens et de la théologie chrétienne, dirigé par Gérard Reynal (Bayard-Centurion)
source : http://www.la-croix.com/
24 -12-2009