L’Australie interdit partiellement les commentaires anonymes sur Internet
Anonymat interdit : pour les élections locales de l’Etat d’Australie du Sud, prévues le 20 mars, les commentaires sur les sites d’actualité parlant de l’élection devront être signés du vrai nom de leur auteur. Depuis le 6 janvier, l’entrée en vigueur de plusieurs amendements à l’Electoral Act de cet Etat impose qu’une personne “ne doit pas, durant une période électorale, publier des écrits ou des commentaires sur un candidat, un parti ou les sujets débattus durant l’élection (…) dans un journal publié sur Internet, sur le site d’une radio ou d’une télévision (…) à moins que [son commentaire] ne contienne le nom et l’adresse” de l’auteur.
Les peines encourues sont relativement sévères : une amende de 1 250 à 5 000 dollars australiens (850 à 3 400 euros). Par ailleurs, les sites sont tenus de conserver pendant six mois toutes les informations permettant d’identifier un internaute qui a écrit sur le site – principalement l’adresse IP d’un commentateur, qui permet de remonter à l’ordinateur sur lequel le commentaire a été écrit.
Le périmètre d’application défini par le texte est vague, et pourrait potentiellement concerner également des sites de socialisation comme Facebook et Twitter.
CONFLIT POLITIQUE
Violemment dénoncée par les associations de défense des libertés et la presse, qui parlent d’un retour en arrière sans précédent et de l’instauration d’une forme de censure politique, la loi a été soutenue par les deux principaux partis australiens. Elle a donné lieu à une passe d’arme entre le principal site d’actualité de l’Etat, Adelaidenow, et le ministre de la justice, Michael Atkinson. “Je m’attends à ce qu’ils cherchent à me punir personnellement pour avoir soutenu cette loi”, a-t-il estimé, allant jusqu’à accuser le site de vouloir “publier des articles mensongers à mon propos, inventer des choses pour me punir”.
Michael Atkinson, qui a qualifié le site d’Adelaidenow “d’égoût où prospèrent la diffamation et le vol d’identité”, a fait à de nombreuses reprises l’objet de commentaires très critiques sur le site, notamment pour avoir défendu l’interdiction des films et jeux vidéo pour adultes sur le territoire australien, mais aussi et surtout lorsqu’il a été accusé de malversations en décembre.
Au niveau fédéral, la loi australienne garantit aux internautes le droit de publier des commentaires anonymes.
Source : Le Monde.fr, 2 février 2010