Communiqué de presse du Mouvement International Nous Sommes Eglise (IMWAC)
Abus sexuels : plutôt que de rechercher des causes externes, l’Eglise devrait urgemment se pencher sur ses propres structures !
Rome / Madrid, 24 mars 2010
L’International Movement We Are Church (IMWAC) a souhaité réagir publiquement à certains aspects de la lettre pastorale du pape Benoît XVI à l’Eglise catholique d’Irlande.
Le contenu de la lettre
“Plutôt que de rechercher des causes externes à ce problème extrêmement sérieux, l’Eglise devrait urgemment et profondément reconsidérer ses propres structures, sans préjugé ni peur. C’est sa crédibilité même qui est en question dans cette affaire”, a affirmé Raquel Mallavibarrena, Coordinatrice de l’International Movement We are Church en guise de première réponse à la lettre du pape à l’Eglise catholique d’irlande, signée par Benoît XVI le 19 mars 2010, et publiée le 20.
Il est déplorable que le pape ne soit pas prêt à reconnaître la responsabilité des structures ecclésiastiques dans “la dérangeante question de l’abus sexuel d’enfants (the disturbing issue of sexual abuse of children)”, et préfère imputer la faute à “un changement social très rapide (fast-paced social change)” ou à “des façons de penser et de considérer les réalités séculières (ways of thinking and assessment of secular realities)”. Quant au fait de mentionner une “lecture erronée” du concile Vatican II et son “programme de réforme” comme une des causes de cette affaire, c’est tout simplement scandaleux.
Le pape accuse la société d’attendre trop des memebres du clergé, en termes ethiques ; ce qui néanmoins ne l’empêche pas de citer “le mystère de la prêtrise (the mystery of priesthood)” comme une vocation supérieure, invitant de fait à considérer les prêtres comme une espèce spéciale d’êtres humains.
Ce document pontifical adressé aux évêques irlandais ne satisfera pas les croyants, pas plus que les milliers de victimes qui exigent démissions et réforme structurelle. Il n’est pas suffisant de recommander comme “initiatives concrètes (concrete initiatives)” des exercices spirituels, en laissant de côté toute réforme de structure.
Les mots du pape aux catholiques d’Irlande ne peuvent cacher le fait que le Vatican est également responsable. La lettre “De delictis gravioribus” signée le 18 mai 2001 par le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congregation pour la Doctrine de la Foi (CDF), et par Tarcisio Bertone, secrétaire du même département, est particulièrement importante dans cette affaire, en ce qu’elle n’invite pas les évêques à dénoncer ces crimes aux autorités civiles. En effet, elle impose un secret pontifical (“secretum pontificium”) sur ces questions.
Les évêques et nonces ne faisaient donc que suivre des directives vaticanes, même si cela ne les excuse aucunement de n’avoir pas exercé leur vigilance pastorale. Le fait que tant de personnes aient suivi les directives vaticanes rend néanmoins le Vatican complice et responsable de la diddimilation des abus sexuels. Au regard de ces faits, le pape serait bien inspiré de solliciter le pardon de l’Eglise, afin de rendre possible un nouveau départ.
Le chemin du pardon
Face aux milliers de cas, en particulier en Irlande et aux Etats-Unis, il importe de se demander si le nombre de 3.000 accusations en 50 ans publié par un représentant de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF) est plausible — CDF qui provoque un sentiment de malaise quand elle parle de “seulement” 300 cas de pédophilie “au sens strict” (défini comme jusqu’à 14 ans), les autres cas étant des accusations d’ “attirance sexuelle pour des adolescents de même sexe”. Mais ne devraient-ils pas être condamnés aussi sérieusement que la pédophilie au sens strict ?
La “politique de tolérance zéro” (zero-tolerance-policy), présente dans les déclarations antérieures et applicable aux Etats-Unis réclamée par le pape, n’est pas explicitement mentionnée dans la lettre. C’est pourtant celle-ci que les évêques de l’Eglise catholique sont moralement obligés de suivre.
Le mouvement de réforme catholique considère qu’une révision de l’enseignement de l’Eglise en matière de sexualité est essentielle. Elle doit inclure la question du célibat obligatoire dans l’Eglise latine, ce qui a d’ailleurs déjà été suggéré y compris par des évêques et des cardinaux. Même s’il n’existe pas de relation de causalité univoque entre célibat obligatoire et violence sexuelle, la loi du célibat obligatoire est une expression visible de l’hostilité d’une Eglise masculine contre la sexualité et les femmes. Le manque de de structures collégiales et démocratiques comme moyens de rendre les structures ecclésiales responsables devant les laïcs est aussi un problème qui devra être pris en compte. Quand les problèmes structurels seront reconnus et traités, alors et seulement alors l’Eglise deviendra crédible et pourra devenir un instrument de pardon et de réconciliation.
En cette saison de Carême, l’Eglise institutionnelle est appelée au repentir et à la réforme, afin que le Royaume de Dieu annoncé par Jésus de Nazareth soit rendu plus visible dans les structures de l’Eglise catholique romaine.
Contacts :
Autriche : Hans Peter Hurka +43-650-315 42 00 hans_peter.hurka@gmx.at
Belgique : Edith Kuropatwa-Fèvre +32-(0)-2-567-09-64 ekf.paves@happymany.net
Brésil : Irene Cacais +55-61 3223 4599 luisirenecacais@solar.com.br
Canada : Jean Trudeau +1-613)745-2170 trudeau.jean@videotron.ca
Catalogne : Francesc Bragulat somescat@somesglesia-cat.org
Chili : Enrique Orellana +56-696 4491 lapazesobradelajusticia@yahoo.com
Finlande : Giovanni Politi giovanni.politi@kolumbus.fi
France : Hubert Tournès +33-240119873 hubertournes@orange.fr
Allemagne : Christian Weisner +49-172-518 40 82 media@we-are-church.org
Hongrie : Dr. Marcell Mártonffy +36 1 2190621 martonffy@pantelweb.hu
Irlande : Helen McCarthy wearechurchireland@eircom.net
Italie : Vittorio Bellavite +39-02-70602370 vi.bel@IOL.IT
Pays-Bas : Henk Baars +31-20 6370221 hbaars@steknet.nl
Norvège : Aasmund Vik aasmund.vik@nationaltheatret.no
Pérou : Franz Wieser +51-1-4492716 fwieser@speedy.com.pe
Portugal : Maria Joao Sande Lemos +351.91 460 2336 mjoaosandel@gmail.com
Espagne : Raquel Mallavibarrena +34-649332654 rmallavi@mat.ucm.es
Suède : Krister Janzon krister.janzon@comhem.se
Suisse : Brigitte Durrer +41-819212725 bridu@gmx.ch
Royaume Uni : Martin Pendergast +44 (0)208 986 0807 martinjp@btinternet.com
Etats-Unis : Anthony T. Padovano + 973-539-8732 tpadovan@optonline.net
Pardon, j’ai oublié de signer:
Pierre BOUCHARD
DIACRE PERMANENT
La publication de ce communiqué m’a inspiré les réflexions suivaun:
Premièrement, ce n’est certainement pas en remettant complètement en cause le célibat des prêtres que l’on va pouvoir régler le problème ; la pédophilie existe partout.
Deuxièmement, par contre, il faut certainement remettre en cause la conception de « sacerdoce ».
Troisièmement, il faut certainement en revenir à une conception beaucoup plus évangélique de l’église. Il y a actuellement un certain nombre, pour ne pas dire un grand nombre, de distorsions entre les Évangiles et l’organisation de l’église.
C’est ainsi que, par exemple ,les premiers chrétiens refusaient la présence de « traître »et ils ont pris soin d’utiliser un vocabulaire en conséquence :
– Un prêtre du type « prêtre juif », inscrit dans une hiérarchie, se disait, en grec : iereus.
– Les premières communautés n’avaient pas de prêtre, mais des anciens «presbyteros» réunis en une sorte de « conseil pastoral » sous la présidence d’un «episcopos », terme issu des cultes bachiques aux cet episcopos était une sorte de modérateur, chargé d’éviter les excès. L’épître aux hébreux reflète bien cette conception : il n’y a qu’un seul grand prêtre, le Christ. On pourrait presque dire que cette épître est une épître anticléricale.
– Autre « contresens », la messe est définie comme un sacrifice, ce qui est est cohérent avec l’appellation iereus (terme qui a d’ailleurs donné notre « hiérarchie »).en réalité, la messe et plus précisément la consécration est du type « action de grâce » copiée en partie sur la célébration juive de l’ouverture du sabbat le vendredi soir. C’est cette action de grâces qui est commémorée, le sacrifice, comme le dit la lettre aux hébreux, c’est la mort de Jésus, sacrifice fait une fois pour toutes contrairement aux sacrifices du grand prêtre juif.
Ce sont bien sûrs les vicissitudes de l’histoire qui ont amené toutes les dérives par rapport à la parole du Christ. On peut dire de notre église catholique quel est peut-être davantage de type « paulinien » que « christique ». On peut d’ailleurs constater par une simple lecture du nouveau testament que Paul qui n’a jamais connu Jésus, ne reproduit aucune parole de lui, à l’exception de la formule de la consécration. D’autre part, Jésus a annoncé un« royaume », Paul, lui, annonce une « église ».
Le mot église est pratiquement absent des quatre Évangiles et bien des exégètes pensent que les deux passages où il en est question ont été rajoutés par la suite. On peut en prendre un seul exemple l’institution de Pierre :« tout ce que tu liras sur la terre seule liée aux cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre seras délié aux cieux. », est à mettre en parallèle avec « tout ce que vous lirez sur la terre sera lié au ciel, et tout ce que vous désirez sur la terre sera déliée au ciel. » La première citation et de Mathieu16,13 19, la seconde également de Mathieu 18,20.il semble donc que le pouvoir donné à Pierre soit également donné aux disciples.
À ce propos, on peut pointer une autre imprécision commise par l’église : la confusion entre disciples et apôtres. Le disciple et celui qui suit son maître et recueille son enseignement, l’apôtre est celui qui est envoyé en mission par une autorité supérieure. Le pouvoir ci-dessus est donné aux disciples, même à Pierre, qui à ce moment-là, est encore disciple puisqu’il n’a pas encore été envoyé en mission par Jésus (Mathieu chapitre 28)On rejoint la le vieux débat sur la différence entre le sacerdoce et le sacerdoce commun des baptisés, débat dans lequel la théologie actuelle est plutôt « vaseuse ».
Je pourrais poursuivre, mais ce n’est pas la place de faire une étude complète. Je veux simplement souligner la nécessité de réétudier la notion de sacerdoce dans notre église.
La question du célibat ou du mariage est une question secondaire, la véritable question c’est : qu’est-ce qu’un prêtre ? Mais, l’église actuelle est-elle prête pour la traiter ?