Mahmoud Abbas a appelé, samedi 22 mai, les Palestiniens à boycotter des produits fabriqués dans les colonies juives, soulignant que cet appel ne concernait pas les produits fabriqués dans le reste du territoire israélien. “Il ne faut, en aucun cas, consommer de marchandises issues de nos terres sur lesquelles ont été construites des colonies”, a déclaré M. Abbas à Ramallah (Cisjordanie). “Et nous sommes très contents que notre jeunesse (…) se soit portée volontaire pour vider les maisons palestiniennes des produits des colonies”, a-t-il ajouté.
Des milliers de jeunes Palestiniens ont commencé mardi à faire du porte-à-porte en Cisjordanie occupée pour inciter au boycottage des produits des colonies juives, à l’initiative du Fonds Karameh (dignité), établi pour promouvoir l’économie palestinienne.
Le dirigeant palestinien a ouvert sa porte à des bénévoles qui distribuaient des tracts énumérant des produits divers (meubles, vins, boissons non alcoolisées, etc.) dont l’Autorité palestinienne a interdit la vente sur les marchés palestiniens.
PAS UN BOYCOTT D’ISRAËL
“Nous ne boycottons pas Israël, a-t-il cependant souligné, car nous avons des relations (avec cet Etat) et nous importons” des produits d’Israël. Le mois dernier, M. Abbas avait signé un décret interdisant la vente et le négoce des produits fabriqués dans les colonies juives en Cisjordanie.
Toute personne reconnue coupable de se livrer au négoce de tel produits risque de deux à cinq ans de prison et 16 000 euros d’amende.
Près d’un demi-million d’Israéliens vivent dans plus de 120 colonies établies en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée. Les Palestiniens considèrent leur présence comme menaçant la création d’un futur Etat indépendant et viable.
Abbas a rejeté des accusations israéliennes selon lesquelles cette campagne équivaudrait à une incitation à la haine contre l’Etat juif – ce que les Etats-Unis, engagés dans une médiation entre les deux parties, lui ont recommandé d’éviter.
La principale organisation de colons, Yesha, a riposté à la campagne de porte-à-porte en la qualifiant de “terroriste”. Le ministre israélien des finances, Yuval Steinitz, a estimé, vendredi, que le boycott compromettait les démarches engagées par les Etats-Unis pour relancer le processus de paix.
“Ce n’est pas la bonne manière d’aborder des négociations”, a-t-il déclaré à la télévision israélienne, ajoutant que les produits provenant des colonies étaient souvent le résultat d’une coopération avec des usines israéliennes.
Source : LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 22.05.10