L’Etat va-t-il reconnaître les diplômes des universités protestantes ?
Lors d’un discours à la Faculté de théologie protestante de Paris, Nicolas Sarkozy a préconisé la reconnaissance par l’État des diplômes de théologie délivrés par l’enseignement supérieur protestant. Cette information est reprise par Isabelle de Gaulmyn dans la Croix du 31 mai 2010.
l’Etat et les diplomes d ethéologie des instituts protestants
Nous faisons nôtre l’idée de Raphaël Picon, doyen de la faculté de théologie protestante de Paris, cité dans cet article, que “la théologie est un bien public qui empêche les religions de devenir folles”. La théologie dont parle Raphaël Picon est celle qui a un aspect «scientifique» : méthode d’analyse, rigueur de cette analyse et références sur lesquelles elle est fondée, bibliographie, etc… Mais elle a aussi un aspect « religieux » c’est dire fondé sur une foi. Ces aspects doivent être distingués…
La théologie comme exercice de l’intelligence libre et de la rationalité critique des croyants peut être un des éléments de la connaissance en sciences humaines et faire partie de la culture. Mais parce qu’elle repose en définitive sur une Foi religieuse, il n’appartient pas pour autant à l’État de reconnaître les diplômes de nature théologique dont la pratique intellectuelle, à la différence des sciences religieuses éventuellement enseignées dans l’Université publique, suppose une référence nécessaire à des convictions non universelles. C’est la même position, sur ce point précis, que nous avons déjà prise à l’égard de l’accord Vatican/ République Française sur la reconnaissance des diplômes de théologie catholiques, même si l’argumentation dans cet autre cas reposait aussi sur l’ambigüité entre « l’autorité spirituelle » et « le pouvoir politique » du Vatican – ce qu’on ne retrouve pas dans le cas du protestantisme.
Pourquoi ne pas garder la procédure actuelle : un diplômé en théologie qui veut poursuivre des études dans une université publique fait examiner son travail par un jury d’État qui peut donner une équivalence, ce qui est différent d’une reconnaissance ? Il est difficile d’avoir une reconnaissance automatique puisqu’il n’y a aucun contrôle sur les enseignants.
De plus en la matière, il n’y a pas de garantie du gouvernement sans risque. Il est souhaitable que l’enseignement supérieur de la théologie reste de la seule responsabilité des croyants, catholiques, protestants, orthodoxes, musulmans… etc. qui s’organisent eux mêmes de façon d’ailleurs diverses pour la recherche et l’enseignement en ces domaines religieux.
De plus Isabelle de Gaulmyn soulève un lièvre : “reste à savoir, écrit-elle, si l’accord (…) pourrait s’étendre à d’autres universités protestantes non pas réformées (…) mais évangéliques”, et par delà où s’arrêter dans cette logique à l’égard des instituts de formation théologique au sens large qui seraient organisés par des structures et institutions de nature religieuse de toutes sortes… voire des intégristes catholiques, musulmans ou juifs… etc. Au nom de quel critère l’État pourrait-il trancher ?
L’idée de théologie “bien public” qui dans un premier temps sous la plume de R. Picon peut sembler séduisante si elle vise à “exorciser rationnellement” les risques d’une religion “de la foi du charbonnier”, de type « irrationnel » voire « passionnel » et en certains cas « fanatique », prend un autre air vu dans le cadre de la pensée de la laïcité “ouverte” tel que l’entend le président Sarkozy.
Jean RIEDINGER , secrétaire de l’Observatoire Chrétien de la Laïcité.
Tout à fait d’accord, moi même diplomé de l’IPT, j’ai du mal à envisager la reconnaissance d’un diplome de théologie par l’Etat (là où je suis en contradiction avecmoi même, c’est que j’ai quand même la licence de théologie de la faculté protestante de Strasbourg)
pour ce qui est de la reconnaissance du travail dans certain domaine, voici ma réflexion : http://blog.maieul.net/Quelle-place-pour-les-facultes-de