La résistance non-violente en Palestine
Bil’in, Al-Rowwad, BDS, Sabeel… Des mots peu connus des Occidentaux, mais porteurs d’espoir dans le conflit du Proche-Orient, car reflets du nouveau mode d’action mis en place par les Palestiniens pour obtenir leur libération : la résistance populaire non-violente.
UNE OPTION DIFFICILE ET COURAGEUSE
L’absence de perspectives caractérise dramatiquement la situation en Palestine occupée. La poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, la construction du mur de séparation qui annexe de larges territoires palestiniens, la poursuite du blocus de la bande de Gaza qui étouffe depuis 2006 un million et demi de civils, les check-points et les humiliations exacerbent le désespoir des Palestiniens.
Pour résister à l’occupation, ces derniers ont mené deux Intifadas : la première (1987-1994), non-violente, a vu des milliers de jeunes Palestiniens affronter l’armées israélienne avec de simples frondes, tel David contre Goliath. La seconde (2000-2004), menée par des factions armées, s’est accompagnée d’attentats et de violentes représailles. Ces deux soulèvements n’ont pas atteint leur but. Les accords d’Oslo de 1995 se sont révélés être un marché de dupes, les Palestiniens n’obtenant pas la reconnaissance d’un Etat indépendant et l’Autorité palestinienne étant le plus souvent cantonnée dans un rôle de supplétif sécuritaire d’Israël, au risque de passer pour collaborationniste et de faire le jeu des extrémistes.
Depuis l’agression israélienne contre Gaza en janvier 2009 qui a tué 1 400 Palestiniens (en majorité civils), la région vit une logique de guerre, aggravée par la formation en Israël d’une coalition de droite et d’extrême droite – dont les Occidentaux ne se sont guère émus, alors qu’ils avaient vivement réagi à la victoire de l’extrémiste Jörg Haider en Autriche en 2000… La violence (bombardements, attentats, destructions de maisons et de cultures, barrages, humiliations, etc.) est le quotidien des Palestiniens. Pour Ziad Medoukh, directeur du département de français de l’université Al-Aqsa à Gaza et fondateur du Centre de la paix, «l’origine de la violence est la non application par Israël des résolutions internationales, la colonisation qui continue même en plein “processus de paix“, la construction d’un mur qui pénètre dans les territoires palestiniens, la complicité et le silence internationaux. »
Dans cette période difficile, aggravée par le sentiment d’impunité des Israéliens, persuadés de l’appui éternel des Etats-Unis (malgré les velléités du président Obama), beaucoup de Palestiniens s’interrogent sur la nouvelle stratégie à adopter pour trouver une solution durable au conflit. « Nous devons nous organiser, dit Ziad, pour être à la hauteur de nos espérances et de ceux qui sont solidaires de notre cause dans le monde. Nous devons poursuivre notre résistance, mais en revenant à nos principes, à notre culture, à nos traditions. Proposer une alternative non violente, même si Israël continue sa politique agressive… Ce n’est pas par faiblesse que je propose cette alternative. Pas question d’être faible, au contraire ! Il faut comprendre que cette occupation violente essaie constamment de nous provoquer par des attaques et des assassinats ciblés… Nous allons prouver aux occupants qu’ils ne réussiront pas à changer notre attachement aux principes de paix, de démocratie, de respect de l’autre, de tolérance. Nous allons défier l’occupation en optant pour l’avenir et pour la paix. » Défier est le mot juste, car la résistance pacifique dérange Israël, Etat militarisé où l’armée, alliée aux colons et aux extrémistes religieux, détient le pouvoir réel. Les attentats-suicides, qui ont quasiment cessé, ont longtemps donné à Israël un prétexte pour étendre la répression et la colonisation « par mesure de sécurité ». En remettant en cause cette stratégie de la force, en vigueur depuis des décennies, et en procurant aux Palestiniens un courant de sympathie bien gênant, la résistance non-violente change la donne.
Pourtant, l’option non-violente n’est pas la plus facile. Pour être plus efficace que la violence, elle exige beaucoup de technique, de coordination, de sacrifices, de patience. L’important pour les Palestiniens est de mobiliser l’opinion mondiale en faveur de ce choix courageux. Pour cela, la société palestinienne doit réaliser son unité, changer ses pratiques politiques, encourager le dialogue entre les partis, faire participer tous les citoyens, notamment les femmes, à l’élaboration du projet national.
Défier l’occupation par la non-violence active
La non-violence a été utilisée avec succès dans l’histoire mondiale récente : pour l’indépendance de l’Inde (Gandhi), contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis (Martin Luther King), contre l’apartheid en Afrique du Sud (Desmond Tutu et le monde entier). En fait, elle se pratique déjà tous les jours en Palestine, mais elle est moins médiatisée que la violence des factions armées et des provocations israéliennes. Les actions non-violentes dans les territoires occupés revêtent trois formes principales :
– La résistance sur la terre. Malgré les brimades des forces d’occupation et des colons, les paysans palestiniens continuent de cultiver leurs champs ; dans la bande de Gaza, les habitants préfèrent vivre à côté des ruines de leurs maisons plutôt que de quitter leur terre.
– Les manifestations pacifiques contre le mur en Cisjordanie et à Jérusalem et devant les maisons menacées de destruction.
– Le boycott des produits fabriqués dans les colonies.
Ces actions sont souvent efficaces, car elles attirent de plus en plus de solidaires internationaux et d’anticolonialistes israéliens. Leurs points faibles sont le manque de coordination entre les groupes locaux, leur faible couverture médiatique, leur manque de notoriété au sein même de la société palestinienne et, bien sûr, la stratégie israélienne pour les briser (arrestations, violences, chicanes administratives). Mais ce mouvement trouve un écho de plus en plus favorable dans la société. « La lutte pacifiste est un concept civilisé qui développe la personne humaine, garantit son indépendance et sa capacité à endurer les représailles et à lutter contre toutes les formes d’injustice, dit Ziad. Nous sommes plus forts que l’armée parce que nous n’avons rien à perdre, ayant déjà tout perdu : nos maisons, nos terres, nos familles et nos proches. Il ne nous reste que deux choses, que toutes les forces d’occupation ne pourront arracher de notre mémoire et de celle de nos enfants : la dignité et l’espoir. » La résistance non violente a été popularisée à partir de 2005 par l’action exemplaire du village de Bil’in, spolié par le mur. En 2010, 19 comités de résistance populaire (contre 3 en 2008) mènent des actions hebdomadaires concertées dans 45 lieux différents.
LA RESISTANCE SUR LA TERRE
L’exemple de Bil’in
Bil’in est un village à 12 km à l’ouest de Ramallah qui lutte pour sauver sa terre, ses ressources, sa liberté. En annexant 60 % de son territoire pour y bâtir des colonies et le mur, Israël étouffe le village. Tous les vendredis, les habitants et le comité populaire, soutenus par des pacifistes israéliens et internationaux, manifestent devant le « chantier de la honte ». Chaque fois, l’armée répond par la violence. Le combat de Bil’in est devenu le symbole de la résistance pacifique de toute la Palestine. En 2006, la Cour Suprême israélienne a reconnu l’illégalité des colonies de Bil’in et ordonné l’arrêt des implantations. Les villageois ont construit deux maisons sur les terres confisquées, devenues « Bil’in Ouest », première « colonie palestinienne » sur son propre territoire ! Mais en 2007, le Conseil suprême d’urbanisme israélien a légalisé a posteriori les logements coloniaux. La même année, la Cour Suprême israélienne a jugé que le tracé du mur portait préjudice à Bil’in et qu’il devait être modifié. Mais elle a aussi décidé le maintien des bâtiments coloniaux sur les terres du village. Ces décisions contradictoires n’ont pas freiné la résistance pacifique de Bil’in, qui soutient aussi l’action d’autres villages, notamment contre les « routes d’apartheid » réservées aux colons. En 2008, l’armée n’avait toujours pas modifié le tracé du mur, preuve de sa prédominance sur la société civile. Bil’in a entamé une action en justice contre les entreprises canadiennes Green Mount et Green Park, dirigées par un milliardaire israélo-américain, qui vendent des habitations aux colonies de Bil’in. En 2009, à l’ouverture du procès au Canada, les incursions nocturnes de l’armée et des colons et les arrestations de villageois se sont multipliées. Bil’in a reçu la visite de Desmond Tutu, archevêque du Cap (qui avait dit en 2002 à propos de la Palestine : « Cela me rappelle tellement ce qui est arrivé au peuple noir en Afrique du Sud ») et de l’ex-président Carter. Fin 2008, la Cour suprême a ordonné une nouvelle fois le déplacement du mur. Les travaux n’ont commencé qu’en février 2010 ; une victoire tout de même pour Bil’in qui va récupérer 60 ha sur les 95 confisqués. Chaque année depuis 2005, Bil’in organise une conférence internationale sur la résistance non-violente.
L’exemple de Bil’in est suivi dans d’autres villages cisjordaniens. A Gaza aussi : chaque mercredi, des centaines de Gazaouis défient l’interdiction israélienne de pénétrer dans la zone tampon imposée à la frontière nord, pour protester contre la confiscation de leurs terres.
Les oubliés de la Vallée du Jourdain
Oubliée du reste du monde, la Vallée du Jourdain (28 % de la Cisjordanie) est complètement séparée du reste du pays. Riche en eau, en terres fertiles et en minéraux (Mer Morte), offrant une ouverture sur l’étranger, elle est indispensable à l’édification d’un Etat palestinien viable. C’est pourquoi Israël y maintient une occupation très dure, en confisquant des terres, en détruisant des maisons, en s’appropriant les ressources en eau, en restreignant la circulation et l’activité économique, en créant des colonies. L’objectif est de contraindre les Palestiniens à fuir vers la Jordanie. Un nettoyage ethnique froidement exécuté : la population est passée de 250 000 en 1967 à 50 000 en 2009. Dans cette « Bande de Gaza oubliée », les soldats israéliens pénètrent à leur gré pour enlever des militants, humilier les habitants, torpiller les « plans de sécurité » de l’Autorité palestinienne. L’habitat étant très dispersé et les ONG, les pacifistes israéliens et les medias loin de l’autre côté des collines, la résistance non-violente ne peut se traduire, comme en Cisjordanie ou à Gaza, par des manifestations pacifiques. Elle passe surtout par une volonté farouche de survivre dans ce qu’il reste des villages, par la reconstruction indéfinie des maisons détruites, le maintien de quelques activités agricoles (malgré l’accès quasi impossible à l’eau), et parfois, d’une école qui permettra peut-être de garder les enfants au village. Aujourd’hui, les Palestiniens ne disposent plus que de 5,62 % du territoire, le reste étant sous contrôle israélien, sous forme de colonies agricoles, de « réserves naturelles » gelées, de terrains militaires. Les captages des colonies assèchent les sources et les puits des Palestiniens, qui n’ont pas le droit de creuser des réservoirs pour recueillir l’eau de pluie. Le message israélien est clair : Partez ou nous vous ferons mourir de soif ! Comme il est interdit de rebâtir les maisons détruites en dur, les habitants utilisent des techniques traditionnelles (briques de terre et de paille). Ils résistent comme ils peuvent, en privilégiant, comme partout en Palestine, l’éducation des enfants. A Jiftlik, les Israéliens ont érigé, entre le village et l’école, un check-point qu’ils ferment juste avant la fin des cours, empêchant les enfants de rentrer chez eux ; les petits doivent dormir dans des tentes dressées par les villageois. A Fasayil, une école a été bâtie, sans permis de construire israélien bien sûr, avec des fonds norvégiens, par les habitants eux-mêmes aidés de jeunes Anglais. Depuis 2007, l’association Jordan Valley Solidarity (dont la devise est « Exister c’est Résister ») tente de coordonner quelques petits projets et, surtout, d’aider les habitants à résister aux tentatives de dépossession par les colons en organisant des visites su place. Une plus grande présence internationale permettrait de mieux faire connaître ce scandale.
LA RESISTANCE PAR L’EDUCATION
Le Centre de la paix à Gaza
La résistance non-violente passe avant tout par l’éducation, comme le propose Ziad Medoukh du département de français de l’Université Al-Aqsa de Gaza, créé en 2000 (120 étudiants en 2008). Depuis 2005, un centre de ressources francophones met à la disposition des étudiants des livres et du matériel audiovisuel. En 2006, le département a contribué à la création, au sein de l’Université, du Centre de la paix, qui veut susciter, dans une société désespérée, une conscience civique alternative à la violence. Le centre organise notamment des conférences publiques (les femmes et leur rôle à Gaza, les jeunes et la drogue, le mariage dans la loi palestinienne, la démocratie en France, la démocratie et la liberté d’expression, le rôle de la famille face à la violence, etc.). Le département de français souhaite ouvrir un centre d’information francophone, géré par les jeunes diplômés de français, pour promouvoir la francophonie en Palestine, améliorer le niveau linguistique des étudiants, développer des échanges avec des jeunes des pays francophones, informer les médias francophones sur la vie à Gaza et faciliter le travail des solidaires francophones pendant leur mission sur place. L’enfermement de ce petit territoire nécessite des initiatives originales (via internet notamment) pour aider les jeunes à défier efficacement le blocus. La guerre de 2009, avec l’interdiction israélienne de laisser entrer les journalistes et les humanitaires à Gaza, a mis en évidence la nécessité d’un tel centre pour pallier le manque d’informations et d’images.
L’association Al-Rowwad
« Tout ce qui travaille au développement de la culture travaille aussi contre la guerre » (Einstein). Le centre Al-Rowwad (« Les pionniers ») pour la culture, situé dans le camp de réfugiés d’Aïda, près de Bethléem, est une institution non gouvernementale, indépendante de tout parti politique et de tout groupe confessionnel. Animé par des bénévoles dirigés par le Dr Abu-Srour, 38 ans – qui a fait ses études de médecine en France puis est retourné en Palestine pour être au service de son peuple –, le centre propose des activités culturelles aux enfants de 10-15 ans. Son objectif est de créer un environnement sain pour aider les enfants à surmonter le stress engendré par les agressions israéliennes et à vivre une « vie normalement humaine ». Sa première activité a été l’initiation au théâtre (utile pour apaiser les tensions) des enfants du camp et des régions voisines. Le centre a produit deux pièces dont Nous sommes les enfants du camp, présentée avec succès en Europe, notamment en France. Autres activités soutenues par l’ONU et des partenaires étrangers : initiation au dessin animé, aux arts plastiques, à l’informatique, aux soins médicaux et bibliothèque (montée avec des Français). La nouvelle pièce en préparation, Le loup n’est pas toujours le coupable, adaptée d’une pièce américaine, vise à aiguiser l’esprit critique. Al-Rowwad tente de se doter d’un nouveau local, à usage de salle de spectacle et de conférence, mais aussi de réunion pour la population. Avec le Comité populaire, il participe à des projets de création d’emplois et de développement local. L’ONU contribue financièrement à l’entretien du camp, mais le fonctionnement du centre dépend de particuliers.
Le camp d’Aïda se trouve au pied du mur (10 m de haut, bardé de barbelés) entourant Bethléem, qui confisque des terres palestiniennes et empêche les habitants de se rendre au travail ou de visiter les proches restés de l’autre côté (comme l’ex-mur de Berlin qui lui, au moins, n’empiétait pas sur le territoire ouest-allemand…). Pour détourner cette frontière de son usage initial et ouvrir une fenêtre sur le monde, Al-Rowwad a eu l’idée de s’en servir comme écran de cinéma. Ainsi est né le premier Festival palestinien de films en plein air, qui diffuse des œuvres faisant écho aux problèmes des Palestiniens : L’Aurore (Murnau) où la jeune paysanne pardonne à son époux tenté par une séduisante citadine, Le Mécano de la Générale (Buster Keaton « anti héros » d’une morale où le plus fort n’est pas celui qui gagne), Freaks (Tod Browning) où l’humanité est du côté des exclus de la société.
Parce que le soutien à la culture et à l’identité palestiniennes est un facteur crucial dans le processus de paix, le Dr Ponsin a fondé à Paris la Société des Amis du Théâtre Al Rowwad. Cette association se veut le passeur du message du Centre Al Rowwad qui lutte pour que les enfants, dépassant leur statut de victimes, deviennent artistes… et acteurs de leur avenir. Elle veut inscrire dans la durée les relations entre artistes professionnels français et artistes en herbe palestiniens, et susciter des échanges entre enfants de France et enfants de Palestine. Accueillir la troupe d’Al-Rowwad en France (avec le concours du Parvis, pourquoi pas ?) serait un bon moyen de l’aider à réaliser ce vœu.
LA RESISTANCE CITOYENNE
La campagne BDS
Depuis quelques années, la campagne internationale BDS (Boycott, Désinvestissements, Sanctions) vise à faire cesser l’impunité dont Israël jouit depuis 60 ans, du fait de la démission des Etats et des politiques. Demandée par la société civile palestinienne, cette action citoyenne, non violente et conforme au droit international, s’inspire du boycott mondial mené contre l’Afrique du Sud de l’apartheid.
Début 2010, le gouvernement palestinien a appelé ses citoyens à boycotter 500 produits fabriqués dans les colonies. Il leur a aussi interdit de travailler dans ces colonies, considérées comme à l’origine du blocage du processus de paix. Deux mesures bien accueillies par les Palestiniens et les pacifistes israéliens, même si la seconde est plus douloureuse du fait de la pénurie d’emploi en Palestine. Le mouvement fait tache d’huile dans le monde. L’Union européenne a exclu les produits fabriqués dans les colonies de son accord commercial avec Israël (en fait, on trouve encore de ces produits sous l’étiquette frauduleuse de « produits israéliens »). L’installation à Sète de la société d’exportation de produits agricoles Agrexco, instrument majeur de la colonisation israélienne, fait scandale. Au-delà des produits à éviter, les sanctions prennent d’autres formes : boycott culturel, universitaire, touristique, etc.
Le volet Désinvestissement de la campagne BDS est illustré par l’affaire du tramway de Jérusalem. Les entreprises françaises Veolia et Alstom participent à la construction d’un tramway reliant Jérusalem à des colonies juives de Cisjordanie, en traversant des terres palestiniennes. Cette ligne, jugée contraire au droit international par l’ONU et la CIJ, vise à empêcher que Jérusalem-Est soit la capitale du futur Etat palestinien. L’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS) ont intenté un procès à Veolia et Alstom. Ces sociétés ont été condamnées dans tous les jugements sur la forme (la décision sur le fond est en attente) et, sous la pression des opinions publiques, elles ont perdu de gros contrats à l’étranger. Interpelé par des actionnaires en colère, Veolia s’est retiré du chantier. La diplomatie ayant échoué, il semble que la campagne BDS soit le seul moyen de pression efficace.
Les flotilles humanitaires constituent une autre façon, spectaculaire, d’aider la population opprimée. Depuis 2008, des militants internationaux tentent de briser le blocus de Gaza en affrétant des bateaux chargés d’aide humanitaire. Certains ont réussi (deux navires du Free Gaza Movement en 2008), d’autres non (abordage sanglant du Mavi Marmara en mai 2010). Ces tentatives vont probablement se multiplier. Déjà des juifs d’Allemagne préparent un bateau, une initiative d’une grande dimension symbolique…
Sabeel et la résistance chrétienne
Les chrétiens de Palestine ont toujours été à la pointe de la résistance contre l’occupation. Les chrétiens gênent beaucoup Israël, qui aimerait les voir s’exiler, pour au moins deux raisons : leur départ affaiblirait l’économie et la société palestiniennes ; surtout, il permettrait à Israël « d’islamiser » le conflit, ce qui lui donnerait une plus grande marge de manœuvre face à un Occident moins regardant… Michel Sabbah, ex-patriarche latin de Jérusalem, respecté tant par les chrétiens que par les musulmans, a toujours soutenu la résistance non-violente « dont le commandement relève de la logique de l’amour chrétien ». S’inspirant de la théologie de la libération, des chrétiens de Palestine ont créé en 2004 le mouvement œcuménique Sabeel (« chemin »), qui pose les principes d’une paix juste et prône la résistance pacifique. Une antenne française a été ouverte à Avignon. Autant de raisons pour renforcer nos liens avec nos frères d’Orient.
Le soutien actif à la résistance non-violente palestinienne est une priorité pour les chrétiens de progrès, d’autant qu’elle constitue sans doute la dernière chance de trouver une solution juste et pacifique au conflit. A ceux qui hésitent à s’exprimer – et encore plus à agir – sur ce sujet, de peur d’être accusés d’antisémitisme (l’arme fatale du lobby pro-israélien), je conseille de contacter les courageux militants juifs de La Paix Maintenant ou de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) : leurs réponses déculpabilisantes les réconforteront.
Laurent BAUDOIN, membre de David & Jonathan
QUELQUES VERITES A RAPPELER
– L’occupation de la Palestine par Israël est condamnée par la résolution 242 de l’ONU et par la Cour Internationale de Justice (CIJ).
– La colonisation, qu’elle soit légale ou illégale (une distinction inventée par Israël), est condamnée par les résolutions 242 et 338.
– La construction du mur est condamnée par la CIJ (9 juillet 2004).
– La présence armée en territoire étranger est une situation illicite selon l’ONU, punissable d’une intervention armée internationale (cf. le Koweit en 1991), ainsi qu’une violation de la 4e convention de Genève (1949) relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, laquelle interdit également la répression armée (comme à Bil’in) et toutes les formes de punitions collectives, considérées par l’ONU comme crimes de guerre.
SOURCE DES ILLUSTRATIONS : Faculté des Beaux-Arts, Université Al-Aqsa, Gaza
Ils dessinent la vie, ils dessinent la paix
L’équipe du Centre d’information francophone du département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza s’est déplacée jeudi 22 avril 2010. Elle est allée rue Saraya, au centre de Gaza, où des étudiants ont exécuté plusieurs fresques.
A l’initiative de la faculté des Beaux-Arts de l’Université Al-Aqsa, ces jeunes étudiants ont exprimé avec leurs pinceaux, sur le mur de la rue, leur attachement à la vie, à l’espoir et à la paix.
Ces fresques rassemblent plusieurs idées : le rêve palestinien du retour et celui de vivre en paix dans leur pays, la Palestine ; la tristesse dans les regards de ces Palestiniens à cause des conditions très difficiles de la vie à Gaza ; leur volonté de défendre cette terre ; leurs sacrifices pour y parvenir, malgré les mesures criminelles des occupants ; les cris de souffrance de ce peuple qui continue de résister et de lutter, en dépit du contexte si particulier de la Bande de Gaza.
Les jeunes artistes veulent faire passer un message au monde entier : « Les Palestiniens sont très forts et ne perdent jamais espoir ».
SITES UTILES
Al-Rowwad : www.amis-alrowwad.org
La Paix Maintenant : www.lapaixmaintenant.org
Union Juive Française pour la Paix : www.ujfp.org
Plateforme des ONG pour la Palestine : www.plateforme-palestine.org
Association France-Palestine Solidarité (AFPS) : www.france-palestine.org
Sabeel : www.amisdesabeel-france.blogspot.com
Tribunal Russel sur la Palestine : www.russelltribunalonpalestine.org