45 mouvements chrétiens dénoncent le projet de loi sur l’immigration
Alors que, mardi 28 septembre, les députés commençaient à examiner le nouveau projet de loi relatif à l’immigration, plusieurs centaines de chrétiens sont venus leur apporter une lettre (1) dans laquelle ils demandent à ne pas rendre l’étranger plus fragile qu’il n’est déjà.
16h 30 place Édouard Herriot à côté de l’Assemblée nationale. Les représentants de 45 associations et organismes chrétiens se sont réunis pour remettre solennellement à chaque député une lettre portant un appel collectif : « Ne laissons pas fragiliser le droit de l’étranger ».
« Par touches successives, plus ou moins perceptibles, la politique de l’immigration engagée en 2003 s’installe en France de manière drastique dans l’indifférence quasi générale ». C’est en ces termes que débute l’argumentaire des 45 associations et organismes chrétiens, catholiques, protestants ou orthodoxes. En effet, en sept ans, la loi qui doit être débattue au Parlement dans les semaines à venir est la cinquième du genre. Et chaque nouveau régime d’entrée et de séjour en France resserre le droit des étrangers, fragilisant un peu plus les hommes et les femmes « déjà fortement ébranlés par les difficultés de l’exil ».
Ce nouveau projet comporte plusieurs mesures très contestées par les associations : déchéance de nationalité pour les personnes naturalisées depuis moins de dix ans et qui auront commis un crime contre des personnes dépositaires de l’autorité publique ; l’allongement de la durée maximale de rétention en vue d’une expulsion de 32 à 45 jours ; la création d’une interdiction de retour sur le territoire.
A ces mesures, s’ajoute la volonté du gouvernement de restreindre l’accès à la justice dans la procédure d’expulsion. Le droit d’asile existe et il est reconnu à ceux qui sont persécutés ou risquent leur vie dans leur pays d’origine. Or, il leur sera de plus en plus difficile d’entrer sur le territoire pour demander à bénéficier de ce droit.
Le projet prévoit aussi de réprimer l’abus « du droit au court séjour (moins de trois mois) par des allers-retours successifs ». Cette mesure vise implicitement les Roms, ressortissants européens, qui pourraient alors se voir contraints de quitter le territoire.
La gauche dans son ensemble est opposée à ce projet. A droite, il est aussi des députés qui n’adhèrent pas au projet concocté par Éric Besson, le ministre de l’immigration. Étienne Pinte, député UMP, se dit hostile à un texte qui « vise à draguer l’électorat du Front National ».
Outre le Secours Catholique, les initiateurs de la manifestation et de la lettre adressée aux députés sont : ACAT-France (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), le CCFD – Terre solidaire, la Fédération de l’Entraide Protestante (FEP) et la Cimade.