Ils parrainent le rassemblement de Lyon des 11 et 12 novembre
Le rassemblement est soutenu et encouragé par un comité de parrainage constitué de personnalités. Nous reproduisons ici deux des nombreuses lettres de reçues : celle du Père Jacques Noyer et celle de Hans Küng
Chers amis,
Vous m’avez fait part de l’initiative prise par les Réseaux du Parvis. Vous estimez que le temps est venu de montrer l’actualité de l’Evangile pour le monde d’aujourd’hui et vous estimez aussi que le temps est venu de prendre publiquement la parole pour réveiller cette conscience au cœur de l’Eglise.
Je partage profondément vos objectifs et, comme vous me le demandez, j’accepte volontiers de parrainer votre rassemblement.
On vous reprochera sans doute de ne pas faire assez confiance à ceux qui dans l’Eglise revendiquent l’autorité pastorale. Je crois que les pasteurs ont besoin d’un peuple éveillé, responsable, impatient et qui réclame des portes ouvertes plutôt qu’un troupeau endormi n’attendant que des portes closes sur les rigueurs du temps.
Vous souffrirez peut-être de cette capacité apprise au long des siècles par les responsables de circonscrire le feu que vous allumerez, par le silence. On vous dira que le temps n’est pas venu, qu’il est trop tôt, qu’il est trop tard. On vous dira que ce n’est pas comme ça qu’il faut faire entendre sa voix, qu’il y a des chemins prévus pour cela. On ne sait que c’est le bon moment et le bon moyen que si les résultats sont là. Et je les souhaite pour vous.
Et si l’on vous reproche de manger à la table des pécheurs, d’ouvrir vos rencontres à des étrangers douteux, de jeter aux chiens les miettes des enfants, vous trouverez la réponse facilement dans l’évangile.
D’autres rassemblements sont annoncés ou envisagés. Je souhaite bien entendu qu’ils n’entrent pas dans des querelles de préséance, n’accentuent pas artificiellement des nuances et ne se lancent pas dans un jeu de surenchère. J’y vois le « signe qu’il est temps ».
Oui, l’Esprit continue à travailler au cœur des hommes pour les rassembler dans le Christ.
Cordialement,
Jacques Noyer, évêque émérite d’Amiens
16 août 2010
Chers amis, chères amies,
Souvent, ces dernières années, il semblait que nous, les réformateurs, nous étions démunis face au pouvoir de la hiérarchie. Mais maintenant, c’est justement le projet de restauration de la hiérarchie romaine qui réveille le peuple, lequel ne se laisse plus imposer une Eglise, une liturgie et une théologie datant du Moyen-âge et de l’époque baroque. Malgré les immenses dégâts qu’elle a occasionnés, la crise de l’Eglise a aussi quelques conséquences positives.
• L’accueil de quatre évêques traditionalistes et hostiles au Concile a entraîné un regain d’intérêt pour Vatican II.
• Le fait d’avoir occulté, durant le règne des deux papes de la restauration, d’innombrables cas d’abus sexuels de la part de clercs a mis en lumière la faillite du système absolutiste romain.
• La nomination de nombreux évêques conservateurs, voire réactionnaires, a fait réfléchir la population aux critères et aux modes de sélection utilisés.
Si je ne me trompe pas, un changement d’opinion s’est aussi opéré chez les catholiques de base, même parmi les conservateurs. De plus en plus de personnes se mettent à critiquer la politique de restauration de l’Eglise. Ce que nous disons depuis si longtemps fait maintenant l’objet d’un large consensus. Les choses ne peuvent plus continuer comme cela dans notre Eglise ! Les gens en ont assez d’être bernés par des hiérarques hors du temps, avides de pouvoir et calquant leur pensée sur la pensée romaine. Nous voulons mettre en pratique les réformes empêchées par Rome. En ce qui concerne l’œcuménisme, nous ne voulons plus de bonnes paroles, mais des actes, en particulier en direction de l’intercommunion.
Nos désirs de réforme trouvent aujourd’hui un écho plus grand que jamais. Alors tenons bon, et continuons à parler franc, à mettre en œuvre, nous la base, les réformes que le sommet empêche de faire. Car « Nous sommes le peuple ». Et beaucoup ont pris conscience que « Nous sommes l’Eglise », au service de laquelle doivent se mettre des dirigeants hélas souvent sourds et aveugles.
Chères amies, chers amis, je vous souhaite d’avoir confiance, d’avoir l’audace de ce que vous croyez, et de tenir. Allez de l’avant sans crainte, avec beaucoup de joie et d’espérance.
Hans Küng, 15 septembre 2010