Echos du Rassemblement de Lyon
Nous avions cru…
Nous avions cru que nous étions petits, seuls, minoritaires dans l’Eglise et nous nous sommes retrouvés à Lyon à 500, pleins de surprise de voir tous les engagements de nos compagnons et de nos compagnes, décidés à montrer que nous sommes aussi l’Eglise et qu’il n’y a pas que des chrétiens conservateurs, dociles ou suivant aveuglement la hiérarchie cléricale.
Cinq cents, c’est le chiffre officiel qui ne devait pas être dépassé pour des raisons de sécurité. D’autres estimations considèrent que nous étions plus près de six cents. Il y a toujours des « fourchettes » dans les estimations…Selon les manifestants ou la police, dit-on.
Grosse affluence dans les couloirs. La bousculade était parfois désagréable mais elle offrait un avantage : on ne pouvait passer trop vite devant un des vingt-cinq stands d’associations sans les voir.
A deux exceptions près, le conseil d’administration de N.S.A.E. se trouvait au complet ; dix-huit de ses membres ont suivi les réunions plénières, conférences-débats, le travail des « groupes d’espérance », tables rondes et ateliers avec assiduité. Seul bémol dans le concert de louanges final car il faut bien dire que tout était parfaitement organisé : les introductions des responsables d’atelier étaient un peu longues. Il faut dire que cela se situait à la fin de cette Rencontre et que chacun était un peu fatigué.
Pour boucler le budget, les organisateurs avaient fait, dès le début, un appel au peuple (de Dieu) afin qu’il mette la main à la poche. Le seul chapiteau en toile avait coûté 11.300 € de location sans compter la sonorisation avec un technicien (4.780 €).
Les participants ne sont pas restés sourds à cet appel puisqu’ils ont donné 3.686 euros permettant de rééquilibrer les comptes.
Un autre appel avait été lancé au début des Rencontres pour inviter les médecins et infirmières présents à se faire connaître auprès de la direction au cas où on aurait besoin d’eux. Une seule infirmière s’est fait connaître. Pourtant, le dernier jour, une femme de la région de Strasbourg a fait une chute dans un escalier et s’est fracturé le bassin en tombant. Les pompiers ont dû l’hospitaliser à Lyon. Son mari, médecin, l’accompagnait.
Très belle exposition sur la femme dans la Bible, dans un couloir du sous-sol, près des éditeurs. L’auteur et réalisateur Albert Hari était présent et avait proposé, précédemment, cette exposition au diocèse de Strasbourg. Les textes accompagnant les illustrations furent lus attentivement et l’exposition refusée. Il y est question de Phébée, une femme grecque, chaudement recommandée par Paul à la communauté de Rome et qui fut la première femme « diacre » et de Lydie, originaire de Thyatire en Asie mineure, qui hébergea Paul et Silas lorsqu’ils furent relâchés. Elle fut responsable de la communauté de Philippes (Macédoine). « Peut-être présidait-elle la prière et la fraction du pain » est-il dit.
« Joseph Moing est arrivé » entendait-on dans les rangs des participants. Renseignements pris, il ne s’agissait pas de l’arrivée du jésuite mais de son dernier ouvrage « Croire quand même », édité par « Temps présent » et sorti de chez l’imprimeur la veille des Rencontres. Le père de Karim Mahmoud-Vintam, l’auteur de « Pour une Eglise autre » et ancien président de N.S.A.E, avait roulé à « tombeau ouvert » pour livrer les colis de livres à Lyon. Il a été chaleureusement accueilli.
Pierre Desbruyères
Précisions apportée par Pascale
J’aimerais relever deux choses:
1) le mari de la femme qui s’est blessée n’est pas médecin. Il était professeur à l’université de Strasbourg en patristique (le sous entendu qu’il ne se serait pas déclaré comme médecin est mal venu).
2) l’expo sur les femmes a été exposée dans plusieurs églises en Alsace. Ce sont les textes qui l’accompagnaient qui n’ont pas pu être publiés dans la revue diocésaine.Si, ces textes vous intéressent vous pouvez les retrouver sous
http://www.jonasalsace.org/pages/Les_femmes_dans_lEglise-4025793.html
cordialement,
Pascale, membre de Jonas Alsace
Glané de la Table ronde
Ils étaient quatre, d’âges voisins de 35 ans autour de Luc Chatel, le Rédacteur en chef de TC, qui animait le débat.
• Aurélie Duchamp de l’équipe d’animation diocésaine (Lyon) du CCFD ;
• Luc Petitdemange salarié CCFD ; des JMJ à l’altermondialisme ;
• Maggy Tournaille : 10 ans de JEC ; équipe nationale, secrétariat national ; inquiète de la mort de la JEC dans l’indifférence générale. Volontaire permanente d’ATD ;
• Guillaume Gamblin : marqué par Marcel Légaut ; sorti de l’Eglise. Son fil rouge : la non-violence (MAN) ; volontaire au Guatemala ; faucheur volontaire.
Q. Comment vivre vos valeurs dans le monde qui leur tourne le dos ?
– Refus du fatalisme ; oui, il y a encore des utopies et des utopistes ; refus de la télé (Aurélie) ;
– idem « changer nos regards pour changer le monde » (CCFD) qui nous impose de ne pas penser. Il faut rêver, lutter, résister, penser – penser global pour agir local. Comprendre les enjeux de ce monde ; donner les informations alternatives (Luc)
Q. Les jeunes s’engagent-ils ?
– Je crois à la démarche et au combat, même si le quotidien n’est pas facile : une jeune du quart monde rêve de devenir info-graphiste : on lui propose une formation en cuisine collective… L’engagement n’est pas une question de génération, mais le long terme est plus difficile pour nous (Maggy).
– Comment serait-il possible de ne pas s’engager devant l’injustice dans la société et entre les sociétés, qui nourrit nos révoltes ; ce qui nous y aide, c’est un environnement bienveillant et stable (Guillaume).
Q. Ils s’engagent dans les ONG : ont-ils des engagements politiques ?
– Aurélie à Europe Ecologie ;
– Luc répond que l’engagement dans la société civile et l’effort de compréhension du monde est un acte politique pur. Il mentionne la campagne du CCFD : « Aidons l’argent » ;
– Pour Maggy, l’importance à ATD du croisement des savoirs et des pratiques ; universités populaires.
Q. Conflits de génération ?
– Croisement de générations riche dit Guillaume ; mais… la dégradation écologique a été préparée par les générations qui nous ont précédés.
Q. Quelle vie spirituelle ?
– Luc qui est dans le faire et dans l’animation se ressource à Taizé ;
– Pour Maggy qui est une blessée de l’Eglise (JEC) la question n’est pas simple ;
– Aurélie : les choses fortes que l’on fait ensemble ; la communion que l’on y ressent (par exemple la marche pour la dignité) ; tout cela nourrit la vie intérieure.
Q. (à Guillaune) Pourquoi la décroissance ?
– Un moyen de relier des exigences fortes sur l’écologie (la fin des ressources, le réchauffement) et les inégalités (exploitation du Sud) => abolir les privilèges.
Ce n’est pas un programme, c’est une porte de sortie : la sobriété choisie.
Q. Que pensent-ils de Réseaux du Parvis ?
– Aurélie : le site ne lui a rien appris ; nous rencontrer lui donne envie d’en savoir plus.
– Luc à travers Jonas-Vosges ; pas toujours d’accord mais intéressant…
– Maggy : j’y étais par la JEC ; ils montrent la diversité dans l’Eglise ; c’est important
– Guillaume : j’ai connu les groupes Légaut par mes parents ; c’est un des seuls lieux d’Eglise où je peux me sentir à l’aise. Il y a chez vous un vent de liberté ; les jeunes que je connais dans l’Eglise sont différents de vous.
– Aurélie : je me suis révoltée contre l’institution et je me reconnais dans « je suis – nous sommes – l’Eglise ».
Lucienne Gouguenheim
Ils se sont exprimés sur RCF : écoutez-les :
Ils ont déclaré :
Message d’Espérance – PARVIS – Lyon 12 novembre 2010
Il ne suffit plus de se préoccuper du devenir des Eglises, il faut donc prioritairement :
• Examiner l’évolution du monde auquel est destiné le Message Evangélique
• Se lever pour lutter contre l’iniquité et la violence inhérentes à cette évolution technique et marchande qui ruine les valeurs constitutives de l’Humanité et met à mal la Planète
• S’engager dans des lieux de solidarité, de désobéissance et de propositions alternatives
• Remettre le monde à l’endroit en donnant la parole aux exclus
• Laisser les prophètes prophétiser et porter à la lumière ce qui est en train de naître.
Oui, pour nous le message libérateur de l’Evangile est nécessaire au monde :
il ne peut plus être porté par voie d’autorité.
C’est le temps pour tous, hommes et femmes, d’en être pleinement responsables dans nos sociétés sécularisées.
C’est donc le temps de donner plein essor à nos communautés héritières de Vatican II pour y vivre le partage authentique de la Parole, des célébrations tissées de nos expériences, et le travail d’actualisation du Message :
Une Eglise Autre est possible !
C’est le temps aussi de renforcer publiquement nos réseaux d’humanisme :
Un autre monde est possible !
Le temps vient d’envisager l’avenir
avec la Force et la Jeunesse de l’Esprit,
Souffle d’Amour et de Vie,
qui recrée le monde.