Le mobilier liturgique fait débat
Cathédrale. Des fidèles jugent excessif le coût du nouvel aménagement
Trop chers l’autel, l’ambon, les sièges de la cathédrale ? C’est ce que pensent quelques membres du groupe NSAE 15 (Nous sommes aussi l’église). Ces fidèles l’ont fait savoir à l’évêque de Saint-Flour, Mgr Grua, par le biais d’une lettre ouverte.
Chœur. L’artiste Goudji de renommée internationale, présente à l’évêque l’autel qu’il a réalisé à partir de matériaux précieux. Un luxe au coût excessif juge une poignée de fidèles. Photo d’archives.
Ils se disent « choqués ». Et ont décidé de faire part de leurs réflexions, par le biais d’une lettre ouverte adressée à l’évêque de Saint-Flour, au sujet du changement du mobilier de la cathédrale Saint-Pierre. En effet quelques membres du groupe local NSAE 15 (Nous sommes aussi l’Eglise) ne digèrent pas le coût de l’autel, de l’ambon, des sièges et des différents objets de célébration qui ont été installés le 19 octobre dans l’édifice religieux. Un mobilier réalisé par l’artiste Goudji, de renommée internationale.
Un édifice classé
« Deux cents mille euros (*), c’est une somme importante pour un petit diocèse. Vous auriez pu vous adresser à des artistes nationaux ou locaux à moindre frais » remarque, dans sa lettre, le groupe NSAE 15.
« Le coût de cette opération nous paraît excessif, surtout en période de crise économique et sociale, dans un département qui n’est pas riche », poursuivent ces fidèles, qui voient là un préjudice porté à « l’image d’une Eglise servante et pauvre ».
S’il entend parfaitement ces considérations, monseigneur Bruno Grua répond qu’il est important que « la dignité de l’aménagement du chœur de la cathédrale reflète enfin la beauté de la liturgie ».
De plus, selon l’évêque, l’édifice religieux, classé au titre des Monuments historiques et visité chaque année par des milliers de touristes, ne pouvait accueillir en son sein n’importe quel mobilier. « La commission diocésaine d’art sacré a reçu six dossiers. C’est celui de maître Goudji qui a été retenu. Financièrement, il était plutôt dans la tranche basse », ajoute monseigneur Grua, lequel précise, enfin, que le coût de l’opération est à comparer à l’échelle d’un « budget départemental et non familial ».
(*) Dans ces 200 000 euros, sont également compris les frais liés au nouvel équipement de sonorisation de la cathédrale.
Olivier Rezel
Source : article paru dans le journal La Montagne daté du 20 Janvier 2011
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Annexe : ci-après la lettre ouverte – dans son intégralité – envoyée le 25/11/2010 par NSAE Cantal à l’évêque de Saint-Flour et aux conseils diocésains ainsi qu’au journal local La Montagne et à l’hebdomadaire catholique local La Voix du Cantal. Ce dernier média a brièvement mentionné la lettre ouverte dans son édition du 28 novembre (« Le coût de réalisation du mobilier liturgique fait débat ») et La Montagne dans l’article ci-dessus du… 20 janvier 2011.
Lettre ouverte au Père GRUA, évêque de St Flour,
Aux membres du Conseil économique diocésain
et du Conseil presbytéral
En tant que membres du groupe local NSAE 15 (Nous Sommes Aussi l’Eglise) nous tenons à vous faire part de nos réflexions, suite à l’article paru dans « La Montagne » du 21 octobre 2010, ayant trait au changement de mobilier liturgique de la cathédrale de St Flour.
Vous avez décidé de faire appel à un artiste international, créant « des pièces uniques qui ne peuvent être reproduites, ornées « de pierres précieuses car on voyait mal comment travailler le cuivre » ! Le problème ne réside pas dans le changement de mobilier. L’art contemporain et la beauté ont toute leur place dans la cathédrale de Saint-Flour… mais pas à n’importe quel prix ! Deux cent mille euros, c’est une somme importante pour un petit diocèse. Vous auriez pu vous adresser à des artistes nationaux ou locaux qui créent aussi de belles choses, à moindre frais.
Le coût de cette opération nous paraît excessif, surtout en période de crise économique et sociale, dans un département qui n’est pas riche, au moment où tant de nos concitoyens aux faibles revenus viennent frapper aux portes des associations philanthropiques. Cela choque davantage encore ceux et celles d’entre nous qui ont participé aux travaux du Synode en s’impliquant dans le chantier N°8 : « Pauvreté, précarité, solidarité ».
Encore une fois, la beauté et l’art contemporain sont bienvenus dans les églises, mais que le montant des frais engagés ne porte pas préjudice à l’image d’une « l’Eglise servante et pauvre »
Des membres du groupe NSAE 15