Si nous faisons le bilan sur une année de l’activité du mouvement « chrétien en Vaucluse », nous pouvons mesurer le chemin parcouru et discerner des perspectives.
Le mouvement « Chrétiens en Vaucluse » est né de l’initiative de nombreux catholiques du Vaucluse qui ont réagi au fil des années au comportement personnel de l’Evêque d’Avignon. Celui-ci a développé des formes de gouvernance autoritaires tant auprès des prêtres qu’auprès des laïcs et des mouvements créant un véritable état de souffrance dans le diocèse de Vaucluse et favorisant le clivage entre les pro Cattenoz et les anti Cattenoz.
Les sympathisants du mouvement ont pris des initiatives soit individuelles soit plus collectives pour faire connaître aux autorités ecclésiastiques cet état de fait et ont demandé le départ de l’évêque qui manifestement ne remplit pas la charge pour laquelle il a été désigné, comme nous pensons pouvoir l’attendre d’un évêque.
A partir du début de l’année 2010, le mouvement encore très informel a pris acte de la difficulté de se faire entendre. Constatant le fait que la situation risquait de durer et mesurant la constance de la brutalité du mode de gouverner de l’évêque, le mouvement a pris un certain nombre d’orientations pour davantage se structurer, pour mieux fédérer ceux qui le rejoignaient et pour rendre plus lisible et plus constructive son action.
Plan de la note :
I/ Une évolution dans la revendication :
1-1/ Notre perception de la gouvernance de l’Eglise d’Avignon
1-2/ L’action de « Chrétiens en Vaucluse »
II/ Les conditions du dialogue au sein de l’Eglise d’Avignon
III/ La réflexion à mener au sein du mouvement « Chrétiens en Vaucluse »
I/ Une évolution dans la revendication :
1-1/ C’est la façon de gouverner et d’administrer le diocèse qui a conduit le mouvement à considérer que la situation ne pourrait évoluer qu’en passant par le départ de Mgr Cattenoz qui nous semble inapte à assumer comme il le devrait la charge qui lui a été confiée.
1-1-1/ Nous ne doutons pas que Monseigneur Cattenoz ait quelques qualités qui ont fait penser aux autorités ecclésiastiques qu’il avait les moyens d’être un réel pasteur.
Cependant à l’évidence et après 8 ans de pratique, le constat est flagrant : Il ne possède pas le sens de la personne et des relations humaines qui le rendraient aptes à conduire la portion du Peuple de Dieu qui lui est confiée, pour le rassembler dans la charité, au lieu de ne cesser de le diviser autour de sa personne selon que l’on se trouve être avec ou contre lui.
1-1-2/ Une réelle difficulté a compliqué la position de Mgr Cattenoz. Il a été nommé dans son propre diocèse où il a été en paroisse et où il a enseigné au grand séminaire. Il a lui même rapidement affiché devant les uns et les autres une tendance à vouloir dépasser voire effacer un passé dont il a souvent dit qu’il était inconsistant.
1-1-3/ Par ailleurs, les choix pastoraux de l’Evêque, peu partagés au sein des instances prévues à cet effet ont profondément bouleversé le diocèse avec des conséquences dignes de restructurations douloureuses dans le monde de l’entreprise.
Il indique lui même qu’il a été trop vite, qu’il considérait qu’il n’avait que peu de temps. Il s’est même défini comme un « bulldozer », ce qui traduit une conception bien peu adaptée à ce que doit être une gouvernance en vue de l’annonce du Royaume sauf à penser que nous sommes dans des temps révolus de chrétienté où il fallait conquérir des terrains vierges accompagnant tout cela de tous les dégâts que l’on connaît.
1-1-4/ On rajoute que les dérives constatées, largement décriées au sein du presbyterium, relatées par d’innombrables témoignages de prêtres, laïcs et mouvements, et largement portées auprès des autorités (Nonce, Archevêque de Marseille, conférence des évêques de France) ne semblent avoir attiré aucune sérieuse mise en garde à l’adresse de Monseigneur Cattenoz.
Bien au contraire, il aurait été, selon lui, (et sans que cela soit infirmé) conforté dans sa démarche par le Pape lui-même. Cette absence de correction fraternelle par ses supérieurs, que l’on aurait souhaité explicite, a certainement aveuglé l’Evêque quant aux conséquences qu’il devait tirer des critiques locales qui lui étaient faites.
1-2/ Constatant l’inertie des autorités ecclésiastiques à régler le problème et tout en maintenant leur demande de départ de Mgr Cattenoz, les laïcs ont opté pour un réorientation de leur action.
Après avoir essayé toutes les démarches possibles, les laïcs fédérés au sein du mouvement « Chrétiens en Vaucluse » se sont installés dans la durée et conduisent une réflexion et une démarche visant à permettre de construire un avenir différent.
1-2-1/ Ils ont structuré leur mouvement.
Le mouvement s’est doté d’un nom « Chrétiens en Vaucluse », de structures d’animation et d’un blog.
a) Un nom : « Chrétiens en Vaucluse ».
Le nom qui a été choisi vise à donner une identité au mouvement engagé. Il ne prétend à aucune exclusive. Il fédère des chrétiens, les invitant à se mobiliser ensemble tout en restant au sein de leurs paroisses ou de leurs mouvements.
Le nom « chrétiens en Vaucluse » ne dit pas que le mouvement réunit tous les chrétiens de Vaucluse, il aurait pu s’appeler « des chrétiens en Vaucluse ». Il n’y a aucune intention de représenter tous les chrétiens. Le nom choisi situe seulement l’origine de ceux qui militent au sein de ce regroupement.
b) Des structures d’animation
« Chrétiens en Vaucluse » s’est donné des structures d’animation afin de permettre un fonctionnement réactif et responsable et ainsi offrir à nos interlocuteurs une transparence. C’est ainsi qu’ont été mis en place :
– Un comité d’animation composé de 10 membres qui assure les mandats qui lui sont donnés par les instances plus générales et qui conduit l’action notamment : – en termes de contacts avec les autorités ecclésiastiques- en terme de diffusion de l’information- en terme de diffusion des mots d’ordre et d’animation des groupes de travail mis en place.
– Un conseil composé d’environ 30 membres qui se réunit régulièrement et qui oriente l’action de CEV sur le rapport d’activité du groupe d’animation.
– Une assemblée générale de 250 membres environ qui réunit tous les sympathisants de CEV et qui est convoquée en tant que de besoin (2 fois en 2010) et le sera plus régulièrement.
c) Un blog : chretiens-en-vaucluse.over-blog.com
Un blog a été mis en place pour mieux faire connaître les motivations et les actions de CEV. Ce blog doit encore se perfectionner, être mieux alimenté par diverses contributions. Il sera un vecteur important de l’action de CEV. Il est de plus en plus visité.
1-2-2/ « Chrétiens en Vaucluse » a entrepris un travail de fond pour être force de propositions afin d’améliorer le fonctionnement de l’Eglise d’Avignon
Les très nombreux Laïcs réunis dans le cadre du mouvement « Chrétiens en Vaucluse » se sentent concernés et mobilisés par la crise que connaît notre diocèse. Ils souhaitent tenter de comprendre ce qui se passe, échanger et poser des jalons pour construire une démarche afin que notre Église soit davantage signe et active dans un monde complexe.
« Chrétiens en Vaucluse » entend :
1/ Œuvrer pour une meilleure gouvernance de l’Eglise du diocèse d’Avignon
2/ engager et poursuivre un dialogue avec les autorités de tutelle
3/ Organiser les conditions d’une véritable dialogue sur l’ensemble des champs qui constituent l’engagement des croyants : faire un état des lieux en vue de faire des propositions
4/ Organiser l’information et la coordination des initiatives au sein du diocèse en liaison avec d’autres initiatives lancées dans l’Eglise de France.
Un processus de travail a été engagé : Il s’agit de produire un état des lieux de la situation basé sur des faits ce qui permettra de commencer à concevoir des solutions de sortie de crise en contribuant à un meilleur avenir (et non pas un audit comme cela est rapporté par nos détracteurs).
8 groupes de travail ont ainsi été créés :
Groupe 1 : Les rôles de l’Evêque, des prêtres, des diacres et des laïcs
Groupe 2 : L’Eglise d’Avignon et ses rapports avec les divers mouvements d’Eglise
Groupe 3 : La communication de L’Eglise d’Avignon
Groupe 4 : La gestion financière de l’Eglise d’Avignon. Les choix budgétaires
Groupe 5 : Les communautés nouvelles venues dans le diocèse
Groupe 6 : Les priorités de l’Eglise d’Avignon. Les lieux d’élaboration
Groupe 7 : La transmission de la foi, la formation continue des laïcs
Groupe 8 : L’œcuménisme, le dialogue inter religieux
Les groupes rendront des conclusions dans le courant de l’année 2011.
1-2-3/ CEV a noué avec les médias un relationnel qui permet à ce jour de porter à la connaissance publique tous les dysfonctionnements autoritaires au sein de l’Eglise d’Avignon.
C’est ainsi qu’ils ont pu à l’occasion du limogeage d’Olivier Pety provoquer une manifestation silencieuse le 9 janvier devant l’Evêché qui a été suivie par au moins 250 personnes et qui a été appuyée par des dizaines d’autres qui ont signifié leur soutien.
Cette opération a démontré l’écho réel de « chrétiens en Vaucluse » et la capacité de renouveler ce type d’événement ou tout autre adapté à la situation, en cas de besoin.
1-2-4/ CEV a instauré avec les autorités ecclésiastiques des contacts et obtenu une reconnaissance qui ne pourra manquer de peser au moment voulu.
1-2-5/ CEV s’est fait reconnaître par le collectif des prêtres du diocèse comme interlocuteur sérieux capable de travailler à la recherche de solutions même si certains d’entre eux, aveuglés par une méfiance ou des aprioris fustige inutilement le groupe.
1-2-6/ CEV a tissé avec les autres mouvements de laïcs, tels la conférence des baptisés de France, des liens d’information qui devraient à terme être confortés tant les positions sont communes.
1-2-7/ Enfin, et surtout, CEV a créé les conditions de mise en place d’un véritable dialogue avec les autorités ecclésiastiques du diocèse qui reconnaît le mouvement même s’il n’en apprécie pas les modalités d’action ni les revendications mais avec lequel il souhaite composer et construire (voir le communiqué de l’évêque en date du 12 janvier 2011 suite à la spirale du silence). Nous reviendrons sur ce point majeur.
II- Les conditions du dialogue au sein de l’Eglise d’Avignon
2-1/ Retrouver la confiance :
La confiance ne se décrète pas, elle se construit par des gestes, des instances, des constructions communes, de la transparence, des attitudes, des paroles.
La grave crise de confiance que connaît aujourd’hui le diocèse trouve sa source dans le mode de gouvernance qui a manifestement dérapé. Il convient de le réformer et de travailler ardemment à réinstaller tous les ingrédients qui font qu’un travail ensemble est possible.
2-2/ CEV demande une amélioration substantielle des conditions du dialogue qui doit trouver des modes d’expression clairs notamment au sein des instances et organisation mises en place dans l’Eglise (les différents conseils qui assistent l’Evêque).
Le dialogue doit aussi être mis en place avec les associations et mouvements qui oeuvrent au nom de l’évangile et qui doivent trouver appui et accompagnement de la part de l’évêque.
Le dialogue doit se retrouver au sein des paroisses où les laïcs doivent prendre toute leur place.
2-3/ Les choix pastoraux et les messages envoyés au peuple de Dieu et aux hommes de bonne volonté doivent être plus mesurés, respecter le pluralisme et les diversités, favoriser l’oecuménisme et la tolérance
2-4/ Les opérations de changements de responsables sans concertation, de pression sur les personnes doivent cesser sauf à être dénoncées publiquement.
2-5/ La richesse de l’engagement des laïcs doit être reconnue, valorisée et accompagnée.
2-6/ Les conditions d’intégration de clercs étrangers ou de communautés doivent être préparées et accompagnées. Un véritable travail doit être engagé pour définir les conditions d’arrivées, les modalités d’accompagnement et de suivi. Nous avons assisté ces dernières années à des intégrations qui se sont mal faites et qui laissent dans un grand désarroi les accueillis mais aussi les composantes du peuple de Dieu.
2-7/ L’église catholique permet des modes d’expression différents. Aucun ne doit être privilégié ou porté principalement par l’Evêque. Il doit tout mettre en œuvre pour permettre la communion en exerçant son autorité et sa bienveillance de pasteur. Il doit user d’autorité et de charité pour rappeler aux uns et aux autres le devoir de respect. (On note particulièrement une véritable véhémence d’une frange de catholiques qui n’hésitent pas à insulter, « excommunier » la partie de ceux qui essayent de faire entendre leur voix par des moyens pacifiques, sans agressivité. Ceci doit cesser).
2-8/ Le dialogue avec l’Evêque
L’Evêque d’Avignon propose de travailler avec « Chrétiens en Vaucluse » et de provoquer des rencontres. Elles sont les bienvenues, elles sont attendues mais elles doivent être constructives contrairement aux précédentes qui n’étaient que le lieu pour recevoir des admonestations.
Nous indiquons que les rencontres devront désormais se faire dans des cadres négociés et préparés sur les points suivants :
– Les dates et les lieux
– Les compositions des délégations avec la définition très précise des mandats
– Les sujets abordés avec des ordres du jour écrits
– Des temps de parole et d’exposés partagés
– Un mode d’animation et de conduite de réunion accepté par les parties avec l’intervention d’un modérateur
– Des suites écrites aux entretiens
– Des évaluations régulières pour constater les avancées
– Une transparence totale des échanges avec un droit de communication laissé aux parties dans le respect des personnes et des institutions
– L’élaboration de protocoles communs avec évaluation permanente du suivi.
III- la réflexion au sein de Chrétiens en Vaucluse
3-1/ La réflexion doit se poursuivre, voire s’intensifier au sein des groupes de travail en rappelant cependant qu’il ne s’agit en aucun cas de réaliser des thèses sur les thèmes annoncés mais de travailler à un état des lieux et de faire des propositions.
3-2/ Une véritable réflexion doit être engagée sur le rôle des laïcs dans l’Eglise.
Cette réflexion est déjà engagée partout. Des livres sortent sans cesse (cf. « les Pieds dans le Bénitier » d’Anne Soupa et Christine Pedotti. Editions Presses de la Renaissance. – Cf. les Livres de Monseigneur Rouet qui explicite ce qui se fait et se pense dans le diocèse de Poitiers- Cf. le Livre de Joseph Moingt, jésuite « Croire quand même » – éditions temps présent -cf. « Les actes des états généraux du christianisme ». Groupe la vie- et beaucoup d’autres qui tentent d’expliciter et d’accompagner cette période de transition.
Cette réflexion est portée dans l’action par les militants et sympathisants de la « conférence des baptisés-ées de France » site internet www.baptises.fr ou par les mouvements du Parvis.
3-3/ Dans le Vaucluse, nous vivons ce qui se passe partout dans une Eglise en grande transition.
Nous devons contribuer à penser les nouveaux modes d’organisation et de travail dans une Église qui mute parce que le monde mute.
Seul le dialogue, le travail et le respect nous permettront de discerner les signes des temps, en lien avec nos pasteurs qui doivent s’ouvrir à cette nouvelle donne.
Gageons que cela est exigeant, nécessite de la détermination et de l’engagement.
C’est un beau projet pour servir l’Eglise du Christ.
source : http://chretiens-en-vaucluse.over-blog.com/