APPEL AUX CHRÉTIENS À SE JOINDRE À L’INITIATIVE «UN BATEAU FRANÇAIS POUR GAZA»
Dans le courant de la troisième semaine de juin, un bateau français rejoindra la flotille internationale pacifique et humanitaire envoyée pour la deuxième fois vers Gaza dans le but de pousser à la levée du blocus qui touche la population palestinienne. En soutien à cette initiative, huit responsables d’Eglise français lancent un appel aux chrétiens à « porter cette action dans leurs préoccupations et la prière ». Les signataires expliquent ainsi leur démarche : « Par cet appel, nous voulons partager avec nos frères et sœurs chrétiens la conviction qu’une paix juste est possible, que le pardon et la réconciliation sont toujours offerts, et qu’en nous mettant à l’écoute de la Parole de Dieu nous pouvons recevoir de Lui une vision d’avenir ».
On trouvera ci-après le texte intégral de cet appel qui est accompagné d’une proposition de textes pour l’organisation de temps de prière pour la paix et d’une présentation de la campagne (Annexe 2) et de l’appel national (Annexe 3).
APPEL
Chers frères et soeurs
des communautés chrétiennes de France,
Dans les prochaines semaines, une nouvelle flottille de la liberté veut relancer la mobilisation internationale pour la recherche active d’un avenir commun pour Israéliens et Palestiniens, condition majeure du règlement du conflit qui les oppose. Elle comprendra un bateau français et va s’élancer vers Gaza pour dénoncer et briser, si possible, le blocus israélien de ce territoire de 41 km de long sur 6 à 12 km de large où vivent plus d’un million et demi de Palestiniens. Il s’agit de répondre à la crise humanitaire que subit cette population même si l’étreinte dont elle est victime s’est très légèrement desserrée depuis la première flottille de la liberté, en mai 2010 ; il s’agit aussi de promouvoir et de faire respecter le droit international.
La campagne internationale mobilise en France depuis plusieurs mois de multiples organisations [1] et personnes, signataires de la plateforme des ONG françaises pour la Palestine, signataires du collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, et signataires individuels, tous attachés à rompre le mur de l’indifférence.
Nous pensons que les communautés chrétiennes de France devraient porter cette action dans leurs préoccupations et la prière. Par cet appel, nous voulons partager avec nos frères et sœurs chrétiens la conviction qu’une paix juste est possible, que le pardon et la réconciliation sont toujours offerts, et qu’en nous mettant à l’écoute de la Parole de Dieu nous pouvons recevoir de Lui une vision d’avenir. Nous sommes d’autant plus encouragés à lancer cet appel que déjà, en 2006, au lendemain d’un premier appel en faveur d’un bateau pour Gaza, ONG et services liés aux Eglises catholique et protestantes s’étaient concertés pour y donner une réponse commune. Seules les circonstances politiques du moment en avaient retardé la réalisation.
Avec vous, nous voulons partager la Béatitude de la paix : « Heureux ceux qui font oeuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu » (Matthieu 5, 9. TOB). Il s’agit bien de « faire œuvre »… pas seulement de dire « paix ! paix ! ». Et par conséquent d’en prendre le risque. Or la paix ne peut dépendre ni de l’usage délibéré de la terreur, ni de l’humiliation, ni de la misère, mais en l’occurrence de la recherche passionnée d’un avenir commun entre Israéliens et Palestiniens, dans le respect mutuel, dans l’application du droit, et dans la quête de la justice. Nous croyons qu’en mobilisant l’opinion internationale autour de cette deuxième flottille de la liberté, nous engagerons les parties en présence et tous ceux qui les soutiennent à faire de nouveaux pas en faveur de cet avenir commun.
Il s’agit incontestablement d’une démarche politique. La paix et la justice sont les biens les plus évidents de l’action politique. Pourquoi y serions-nous insensibles ? Nous sommes attachés au droit imprescriptible de l’Etat d’Israël d’exister, en paix, dans ses frontières reconnues, et au droit du peuple palestinien de développer ses institutions démocratiques dans un Etat libre et prospère. La démarche totalement non violente de la deuxième flottille de la liberté n’est pas tournée contre Israël ; elle appelle la communauté internationale à sortir de l’indifférence et à ne pas se contenter de paroles mais à agir. Elle exhorte les parties en présence à sortir du conflit pour rechercher les compromis nécessaires entre des droits contradictoires; c’est une démarche éthique fondée au nom « d’une vision commune bâtie sur l’égalité et le partage, non sur la supériorité, ni sur la négation de l’autre, sous prétexte de peur ou de sécurité » [2].
Mais il s’agit d’abord d’un appel à la prière qui reste la force des croyants dans leur faiblesse et reconstruit en eux l’espérance qui permet de « voir Dieu au milieu de l’épreuve et d’agir avec son Esprit [3]». Nous vous invitons donc à faire une place particulière dans votre prière personnelle et en communauté pour que la deuxième flottille de la liberté puisse atteindre ses objectifs au service de la paix. Au lendemain de Pâques, où nous avons reçu le message renouvelé de la présence du Christ ressuscité dans un monde promis à la vie nouvelle, nous faisons monter vers Dieu le cri d’espérance de nos frères et soeurs chrétiens d’Israël et de Palestine qui attendent « le triomphe de Dieu sur le mal de la haine et de la mort qui règnent encore sur notre terre » [4].
Chacun des signataires de cet appel est à votre disposition pour répondre à toute question qui vous semblerait utile pour comprendre sa démarche.
Vous trouverez par ailleurs, sur les sites :
– du CCFD-Terre solidaire ( http://ccfd-terresolidaire.org),
– de la Cimade (http://www.cimade.org/),
– de Chrétiens de la Méditerranée (www.chretiensdelamediterranee.com),
– de Pax Christi (http://paxchristi.cef.fr) et sur le site
– de la campagne «Un bateau pour Gaza» (www.unbateaupourgaza.fr),
tous les renseignements nécessaires et la possibilité de suivre l’opération « Un bateau français pour Gaza » dans le cadre de la flottille de la liberté.
Nous vous prions de croire en nos messages bien fraternels,
Mgr Yves Patenôtre, archevêque de Sens-Auxerre
Jean-Arnold de Clermont, pasteur
Mgr Bernard Housset, évêque de La Rochelle et Saintes
Jacques Maury, pasteur
Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, président de Pax Christi
Jacques Stewart, pasteur
Mgr Philippe Brizard, directeur de la Maison d’Ananie
Jean Tartier, pasteur et directeur émérite de l’Œuvre d’Orient
Le 20 mai 2011
Notes :
[1] Parmi les ONG et associations signataires figurent le CCFD-Terre solidaire, la Cimade, Pax Christi, le réseau Franciscain Gubbio, l’ACAT et le réseau Chrétiens de la Méditerranée [2] Extrait du Document « Kairos » (9,1), « Un moment de vérité : Une parole de foi, d’espérance et d’amour venant du coeur de la souffrance palestinienne » appel signé par des personnalités chrétiennes palestiniennes en décembre 2009.http://www.oikoumene.org/fr/documentation/documents/other-ecumenical-bodies/un-moment-de-verite.html
[3] Kairos 3,1 [4] Kairos 10.Cliquer ci-après pour accéder au texte : « Proposition pour l’animation de temps de prière »
ANNEXE 2 : Présentation de l’initiative nationale
« Un bateau français pour Gaza »
Pourquoi ?
=> La population de la bande de Gaza privée de ses droits fondamentaux.
Depuis juin 2007, soit près de 4 ans, la population de la bande de Gaza vit coupée du monde extérieur, soumise à un blocus mis en place par le gouvernement israélien. Les Palestiniens de la Bande de Gaza sont privés de leurs droits les plus fondamentaux, comme la liberté de mouvement, le droit à la santé, à l’éducation et au travail. L’attaque israélienne de décembre 2008/ janvier 2009 n’a fait qu’aggraver une situation déjà extrêmement difficile. Du point de vue du droit international, le blocus de la bande de Gaza est illégal et fait l’objet de condamnations régulières de la part de la communauté internationale. L’allègement concédé en juin dernier reste une mesure largement insuffisante par rapport aux besoins de la population, qui n’a toujours pas la liberté de circuler ni d’exporter ses produits [1]. Les conditions de vie demeurent ainsi extrêmement difficiles pour le plus d’un million et demi d’habitants de la bande de Gaza.
Quoi ?
=> Une campagne internationale et citoyenne
Au mois de juin 2011, un bateau français, avec à son bord une quarantaine de personnalités, journalistes, citoyens, rejoindra une flottille internationale qui se dirigera vers la bande de Gaza. 3 objectifs ont été fixés dans le cadre de la campagne :
• Dénoncer et briser le siège israélien de Gaza ;
• Promouvoir et faire respecter le droit international ;
• Répondre à la crise humanitaire que subissent un million et demi de Palestiniens de Gaza.
« Par cette action, les associations et citoyens interpellent leurs représentants et leur demandent d’agir et de prendre des mesures pour la levée immédiate et sans conditions du siège illégal de la bande de Gaza. Ils demandent aussi un appui fort de la part du gouvernement français pour permettre aux bateaux d’accoster à Gaza. Ils veulent témoigner de leur solidarité avec la population de la bande de Gaza isolée du monde, en leur envoyant un message clair : Vous n’êtes pas seuls ! Ils veulent apporter un soutien humanitaire en faisant entrer le matériel nécessaire à la reconstruction de la bande de Gaza. » [2]
Qui ?
= > De nombreuses organisations attachées à la paix et à la justice
La campagne « Un bateau français pour Gaza » a été initiée par la Plateforme des ONG pour la Palestine et le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens. Elle regroupe plus de 60 associations, syndicats et partis politiques, ainsi que plusieurs collectifs locaux, parmi lesquels on retrouve un certain nombre d’organisations chrétiennes : le CCFD – Terre Solidaire, la Cimade, Pax Christi, Chrétiens de la Méditerranée et l’ACAT-France.
Comment ?
=> Une mobilisation populaire sans précédent
Portant des valeurs partagées par un grand nombre de citoyens, la campagne « Un Bateau Français pour Gaza » repose sur l’engagement d’hommes et de femmes oeuvrant localement et nationalement à sensibiliser et mobiliser l’ensemble de la population française.
Depuis le lancement de la campagne en octobre 2010, ce sont plus de 1500 actions qui ont été organisées dans tout l’Hexagone. Cette campagne se démarque ainsi par une très forte mobilisation populaire et à ce jour, près de 500 000 euros ont pu être récoltés, permettant au projet de voir le jour. Ces initiatives citoyennes sont également suivies d’une mobilisation politique : plus de 300 élus locaux et régionaux, dont plus de 40 parlementaires, ont manifesté leur soutien à cette campagne [3]. Une centaine de personnalités du monde artistique, académique et religieux se sont également associées à ces actions.
Pour plus d’informations :
• Site de la campagne « Un bateau français pour Gaza »,
http://www.unbateaupourgaza.fr
Contact Mail : mailto:mobilisation@unbateaupourgaza.fr
• Site de la plateforme des ONG françaises pour la Palestine
http://www.plateforme-palestine.org/
• Site de la plateforme-Palestine recueillant les déclarations et les opinions des parlementaires français sur le conflit israélo-palestinien : http://www.palestine-nos-elus.org
Notes :
[1] Voir le rapport « Gaza : des espoirs réduits à néant », publiés par 26 ONG européennes, dont le CCFD – Terre Solidairehttp://ccfd-terresolidaire.org/e_upload/pdf/opt_gaza-paper_2010-11-
30_fr_ok.pdf?PHPSESSID=4aa7f34148aea403c0d0e99961fcbc36
[2] Extrait de l’appel des ONG de la plateforme des ONG françaises pour la Palestine [3] A la date du 17 mai 2011ANNEXE 3 : Appel national
« Un bateau français pour Gaza »
Le blocus de Gaza n’a que trop duré. Nous ne pouvons plus admettre que la population de ce territoire subisse, depuis près de quatre ans maintenant, une situation profondément injuste et inhumaine. Nous ne pouvons accepter que des centaines de milliers d’enfants, de jeunes, de femmes et d’hommes vivent reclus, hantés par la peur du lendemain, les privations de toutes sortes et l’absence totale de perspectives.
Le blocus constitue de fait une punition collective à l’encontre de toute la population civile de Gaza, et représente donc une violation claire du droit humanitaire international. Après l’assaut livré en haute mer à la « Flottille de la liberté », le 31 mai 2010, une pression internationale considérable s’est exercée sur le gouvernement israélien, qui avait annoncé des mesures « d’assouplissement » du blocus.
Qu’en est-il aujourd’hui ? A ce jour, les seuls changements notables observés sont l’augmentation des importations de biens de consommation et de denrées alimentaires et un accroissement des autorisations de circulation aux hommes et femmes d’affaires. Pour le reste, comme l’a confirmé un rapport publié par 26 ONG européennes, « Des espoirs réduits à néant. Prolongement du blocus de Gaza », rien n’a changé à Gaza. 80 % de la population dépend de l’aide internationale ; les pannes d’électricité durent 4 à 6 heures par jour et souvent davantage ; 60 % de la population ne reçoit l’eau courante qu’une fois tous les 3 à 4 jours, pendant 6-8 heures.
Une économie paralysée par le manque de matières premières et l’impossibilité d’exporter, une population emprisonnée dans son territoire, une précarité insupportable en matière de santé ou d’éducation, tels sont les effets principaux d’un blocus qui ne peut plus durer.
Pour tenter d’y mettre un terme, une nouvelle flottille de la liberté, comprenant un navire français, doit s’élancer vers Gaza en juin prochain. Nous soutenons cette initiative citoyenne et non-violente.
Alors que de nombreux appels et déclarations des institutions internationales, de l’Union européenne et des Etats sont restés sans effet, aussi bien pour Gaza que pour l’arrêt de la colonisation en Cisjordanie, nous appelons tous les citoyens de notre pays à soutenir activement le bateau français pour Gaza. Parce que nous voulons manifester notre solidarité envers la population palestinienne de Gaza et lui faire parvenir une aide humanitaire, parce que nous voulons que nos gouvernements transforment leurs déclarations en actes, parce que nous voulons que cesse le blocus.
Quelles que soient nos origines ou nos convictions, nous nous exprimons au nom des valeurs universelles qui ont été proclamées pour que chaque être humain se voie reconnaître sa dignité. Nous ne demandons pas autre chose que le respect du droit international.
Pour signer l’appel cliquer ici
Source : http://www.paxchristi.cef.fr