Regards sur les Journées Mondiales de la Jeunesse
Le déroulement des JMJ à Madrid a fait l’objet d’analyses critiques de la part de nombreux groupes de notre mouvance.
Nos amis espagnols de Redes Cristianas (Nous sommes Eglise Espagne) ont réalisé un excellent document (accessible seulement en Espagnol) asi no vengas ! (Ne venez pas ainsi !), qui se veut « une vision alternative aux JMJ et à la visite de Benoît XVI à Madrid » : ils y analysent l’aspect financier, l’image d’Eglise qui est donnée aux jeunes participants et la vision théologique de ce qu’est – et devrait être – le rôle du pape dans l’Eglise catholique. Les militants de Redes Cristianas ont participé en tant que catholiques à la grande manifestation laïque du 24 août contre l’implication de l’Etat espagnol dans l’organisation des JMJ.
De leur côté, cent-vingt prêtres, qui travaillent dans les paroisses populaires de Madrid et sont regroupés au sein de l’association « Foro de curos de Madrid », ont vivement critiqué le coût de la visite du pape et la compromission de l’Eglise avec les bailleurs de fonds dans un document intitulé “Los ricos de Rouco” accessible ici dans sa traduction française.
Plusieurs associations de la fédération “Réseaux du Parvis” leur ont apporté leur soutien dans un communiqué auquel nous nous associons.
A NSAE, nous sommes particulièrement sensibles aux problèmes qu’affronte la jeunesse aujourd’hui, en France et partout dans le monde. Nous suivons avec beaucoup d’intérêt – et d’espérance – le combat déterminé et courageux des “indignés”. Le symbole fort de la Puerta del Sol occupée par les indignés espagnols et évacuée pour faire place à l’arrivée des JMJ donne l’idée désastreuse d’une jeunesse qui serait opposée à une autre jeunesse.
Et puisqu’il est question de jeunesse, en ce douzième anniversaire de la mort tragique de deux jeunes africains Yaguine Koïta et Fodé Tounkara, venus avec une lettre aux membres responsables d’Europe nous reproduisons ci-après le texte d’un membre de Partenia 2000.
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Yaguine Koïta (né le 25 septembre 1984) et Fodé Tounkara (né le 6 avril 1985) furent le 28 Juillet 1999 les passagers clandestins du vol 520 Sabena Airlines en provenance de Conakry (Guinée ) et à destination de Bruxelles (Belgique).
Leurs corps morts de froid (ceux de deux garçons de moins de 15 ans) furent découverts le 2 août 1999 dans le train d’atterrissage arrière droit de l’appareil à l’aéroport international de Bruxelles.
Dans leurs affaires, les garçons transportaient dans des sacs plastiques leurs certificats de naissance, leurs cartes de scolarité, des photos et une lettre.
Cette lettre fut largement publiée dans les medias du monde entier…
Elle en appelait de manière prémonitoire à la clairvoyance des puissants de ce monde afin qu’ils mettent enfin naturellement en place des relations équitables avec « les enfants »(la sève et le suc), des pays émergents.
Au moment où se déroulent les JMJ à Madrid, c’est ce type de comportement exemplaire, qui fait par sa radicalité autorité morale et politique, que le Pape pourrait donner en exemple.
Le couple Merckel-Sarkozy pourrait s’en inspirer aussi pour gérer la crise économique sans précédent qui attend l’Europe.
La mort des deux adolescents a suivi de peu l’évacuation brutale de l’Eglise St Bernard à Paris, le 23 août 96, après près de deux mois d’occupation par près de 300 sans papiers.
Rappelons que c’est à St Bernard que Louise Michel, grande figure révolutionnaire de la Commune, anima « le Club de la révolution », lieu privilégié de l’expression populaire comme bon nombre de ces clubs dont elle présidait souvent les séances. Elle préconisa un enseignement vivant, des écoles professionnelles et des orphelinats laïques.
Le contenu de « la lettre de Fodé et Yaguine » pourrait être le programme politique que notre Europe hésitante et vieillissante pourrait appliquer dès aujourd’hui
Georges Yoram Federmann
Strasbourg le 20 août 2011