Les diplômes de théologie bientôt reconnus par l’Etat
Dans quelques jours, l’État et le Saint-Siège devraient annoncer la reconnaissance des diplômes canoniques délivrés par les universités catholiques. Désormais ces diplômes bénéficieront d’une équivalence dans le système universitaire français. Parallèlement, le processus d’évaluation des diplômes par l’Agence d’évaluation du Saint-Siège se poursuit.
Nous publions ici une réaction de l’Observatoire chrétien de la Laïcité.
L’Observatoire chrétien de la Laïcité qui avait combattu, avec l’ensemble des laïques français de toutes tendances, l’accord du 18 décembre 2008 entre le Saint-Siège et le gouvernement français sur les universités catholiques, ne peut que s’élever contre l’annonce de la reconnaissance prochaine par l’Etat français des diplômes canoniques délivrés par les facultés ecclésiastiques. Il s ‘agit en effet de la mise en place progressive de cet accord concordataire par lequel l’État français se lie avec l’ « État » du Vatican qui joue avec une grande duplicité entre son statut politique (Vatican) et son ministère religieux (Saint-Siège) et qui prétend en outre exercer son « pouvoir » de discernement sur des établissements français dont il est censé de par cet accord désigner l’identité à l’État français ! Le Conseil d’État consulté par les organisations laïques avait rappelé qu’il revient selon la Loi à l’Université publique d’apprécier et de délivrer les diplômes dits profanes acquis au sein d es instituts et catholiques. Il semble que – pour le moment (?) – cet avis soit respecté.
Mais il est d’autant plus étonnant de voir l’État français reconnaître l’excellence d’études proprement théologiques, faites dans le cadre d’un enseignement privé, même si elles ont un rapport – comme toute théologie – avec des matières qui peuvent être aussi l’objet d’études universitaires profanes. Sur le fond l’État français n’a aucune compétence pour juger de l’excellence des études théologiques fussent-elles seulement – pour l’instant – canoniques. L’OCL souligne que rien n’interdit à l’université publique de développer des départements laïques de recherche et d’études en sciences religieuse, notamment en ce qui concerne l’étude du droit canon, qui relève au demeurant du domaine des études de droit en général. Ce qui , de ce point de vue,est un précédent inquiétant concernant les études dites profanes.
Quant aux Églises et autres institutions religieuses, elles peuvent organiser si elles le désirent des formations de haut niveau, dont tout homme cultivé peut profiter en toute liberté d’esprit s’il le désire. Mais il n’appartient pas à l’État laïque de garantir la valeur universitaire, donc universelle, de recherches et d’enseignements qui se font dans le cadre nécessaire d’une religion particulière.
En ce domaine comme en bien d ‘autres, notamment dans d’autres pays d’Europe, le Vatican cherche à établir l’idée que « la collaboration loyale entre l’Église et l’État – qui représente une société avec des racines chrétiennes – doit être la règle et non une exception provoquée par un événement de cette ampleur (les JMJ) » (citation du journal espagnol Il Mundo).
L’OCL refuse de mettre ainsi sur le même plan l’Etat démocratique et une institution religieuse particulière, fut elle mondialement présente, dont l’organisation – c’est un comble – repose de plus sur une monarchie absolue.
Jean Riedinger, secrétaire de l’OCL