Sur la liberté d’expression et le blasphème
« La liberté guidant le peuple » de Eugène Delacroix, 1830,
Musée du Louvre, Paris
Par l’Observatoire Chrétien de la Laïcité (OCL)
A la suite de la réunion de l’OCL du vendredi 4 novembre un communiqué de presse a été rédigé concernant les agressions intégristes récentes tant à l’égard de Charlie-Hebdo qu’à l’égard de la pièce de théâtre attaquée systématiquement par des intégristes “catholiques” sous prétexte dans les deux cas de blasphème.
L’accusation de blasphème qui suppose de fait le retour à une conception juridico-religieuse d’avant la démocratie, semble anachronique non seulement, comme le dit Stéphanie Le Bars dans le Monde*, pour les non-croyants, mais aussi, pensons-nous pour les croyants démocrates eux-mêmes dans une société pluraliste de liberté de pensée, d’expression et de conviction. Cette accusation est le symptôme de la volonté d’instaurer une idéologie totalitaire sur base “religieuse” intégriste et inquisitoriale.
Ci-après le communiqué de l’OCL
Jean Riedinger
secrétaire de l’O.C.L.
Communiqué de l’Observatoire chrétien de la Laïcité
Comme beaucoup de nos concitoyens s’exprimant collectivement ou individuellement nous condamnons les comportements violents d’intégristes religieux qui estiment “défendre” une religion en dénonçant un prétendu blasphème. L’Observatoire Chrétien de la laïcité souligne que dans une société démocratique qui respecte la liberté de pensée le blasphème en tant que tel n’est pas un délit. En accuser quelqu’un n’a de sens que du point de vue de certaines croyances : il ne saurait concerner qui ne partage pas ces croyances. Dès 2003, on pouvait lire dans notre Manifeste : « La République garantit le droit de critiquer publiquement religions et pensées philosophiques, jusqu’à l’ironie ou la comédie, dans les limites de la loi : aucune conviction organisée ne doit à ce sujet revendiquer un caractère intouchable ou sacré. »
Les “intégristes” quelles que soient leurs références religieuses ne sont pas les porte-parole de la communauté à laquelle ils disent appartenir. Dans le cas présent, ils en donnent même une image déformée, voire odieuse, contraire au désir du respect du bien commun et de sa “vitalité” manifestée par la création artistique par exemple. Si on est citoyen avant d’être croyant il faut rappeler que démocratie et liberté d’expression ou de création sont intimement liés.
Bien entendu la violence est condamnable. Tout citoyen a le droit de s’exprimer et aucun n’a le droit d’empêcher l’autre de le faire. La laïcité qui refuse tout lobby (et en particulier celui de la peur) demeure le meilleur rempart pour défendre la liberté d’expression contre les tentations de pratiques totalitaires.
Le vendredi 4 novembre 2011
Observatoire Chrétien de la laïcité
A écouter :
– un court extrait citant le communiqué de l’OCL par Henri Pena-Ruiz au cours de l’émission sur France-Culture du dimanche 6 novembre (infos ci-après) :
– l’intégralité de l’émission de France-Culture (« Les retours du dimanche ») du 6 novembre 2011 (17h-18h) : « Blasphème : en rire ou en pleurer ? », durée 57 min.
* article paru dans Le Monde du 4 novembre 2011 : Les croyants en lutte contre le « rejet » des religions :