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Nouveaux protectorats

PubliĂ© le 1 mars 2012 par Lucette Bottinelli dans Coups de cƓur Aucun commentaire
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Nouveaux protectorats

Par Ignacio Ramonet

La date du 21 fĂ©vrier 2012 sera dĂ©sormais pour la GrĂšce celle de la Grande Capitulation. Ce jour-lĂ  en effet, contre la promesse d’un second plan d’aide europĂ©en, le gouvernement hellĂ©nique a acceptĂ© les humiliantes conditions imposĂ©es par le « gang de la triple A » que commande l’Allemagne : coupes draconiennes dans les dĂ©penses publiques, rĂ©duction du salaire minimum, baisse des retraites, licenciement de 150 000 fonctionnaires, augmentation des impĂŽts, privatisations massives…

Les Grecs avaient pourtant dĂ©jĂ  subi un vĂ©ritable « coup d’Etat financier » le 10 novembre dernier, quand Berlin leur avait imposĂ© un gouvernement tripartite, composĂ© de sociaux-dĂ©mocrates, de conservateurs et d’extrĂ©mistes de droite, dirigĂ© par Lukas Papademos, ancien vice-prĂ©sident de la Banque centrale europĂ©enne. Mais leur sacrifice, aprĂšs quatre ans de thĂ©rapie de choc extrĂȘmement dure, n’aura servi Ă  rien.

Cette fois, l’affront a Ă©tĂ© plus grave. Car c’est un Ă©norme abandon de souverainetĂ© qui a Ă©tĂ© rĂ©clamĂ© Ă  AthĂšnes, « probablement le plus grand jamais concĂ©dĂ© par un pays en temps de paix » [1]. En fait, la GrĂšce a Ă©tĂ© placĂ©e sous tutelle de l’Union europĂ©enne (UE) et ne possĂšde dĂ©sormais, en ce qui concerne son budget et ses finances, qu’un statut de « souverainetĂ© limitĂ©e ».

Une telle agression Ă©tait prĂ©visible. Elle sert d’ailleurs d’avertissement aux autres pays en difficultĂ© de la zone euro (Irlande, Portugal, Espagne, Italie). DĂšs juillet 2011, Jean-Claude Juncker, premier ministre du Luxembourg et prĂ©sident de l’Eurogroupe [2], avait mis en garde : « La souverainetĂ© de la GrĂšce sera Ă©normĂ©ment restreinte [3]. » Et le 27 janvier dernier, le quotidien britannique Financial Times rendait public un document allemand demandant de dĂ©pĂȘcher Ă  AthĂšnes un Commissaire permanent avec droit de veto pour piloter le budget public et bloquer toute dĂ©pense non autorisĂ©e par les crĂ©anciers de la GrĂšce. Enfin, la veille, dans un entretien Ă  l’hebdomadaire Der Spiegel, Volker Kauder, chef du groupe parlementaire de l’Union chrĂ©tienne-dĂ©mocrate (CDU), Ă©tait allĂ© encore plus loin : il a rĂ©clamĂ© l’envoi en GrĂšce de « fonctionnaires allemands pour aider Ă  bĂątir une administration financiĂšre efficace« . Exigence Ă©galement formulĂ©e par le ministre allemand de l’Économie lui-mĂȘme, le trĂšs libĂ©ral Philipp Rösler.

On n’en est pas encore lĂ , mais l’accord du 21 fĂ©vrier prĂ©voit tout de mĂȘme « une prĂ©sence permanente en GrĂšce d’une mission de la Commission europĂ©enne » pour contrĂŽler et surveiller ses comptes, ainsi qu’ « une prĂ©sence renforcĂ©e de la troĂŻka [Commission europĂ©enne, Banque centrale europĂ©enne, Fonds monĂ©taire international] pour superviser en permanence le remboursement de la dette« .

Les fonds transfĂ©rĂ©s dans le cadre du plan d’aide seront versĂ©s sur un compte bloquĂ© auquel la troĂŻka seule aura accĂšs, pas le gouvernement grec. Ce compte servira uniquement Ă  rembourser la dette souveraine, pas Ă  payer les salaires des fonctionnaires, par exemple, ou Ă  payer les retraites. Les nouvelles obligations Ă©mises par l’Etat hellĂ©nique ne seront plus de droit grec, mais de droit britannique… Et en cas de conflit entre AthĂšnes et les crĂ©anciers privĂ©s, le litige sera jugĂ© au Luxembourg, pas en GrĂšce… Ce n’est pas encore officiel, mais tout montre que la RĂ©publique hellĂ©nique a cessĂ© d’ĂȘtre un Etat souverain.

Silencieusement, l’UE a donc franchi une nouvelle Ă©tape. DĂ©sormais, les Etats forts (ceux de « la triple A » plus la France) exigent de tous les autres, et particuliĂšrement des Etats de la pĂ©riphĂ©rie, un changement de rĂ©gime. Il ne s’agit pas exactement d’un statut colonial. Mais il ressemble assez Ă  un type d’administration que les grandes puissances avaient mis au point Ă  l’époque coloniale : le protectorat.

Pour les colonisateurs, le protectorat Ă©tait un moyen d’étendre leur influence politique et administrative, et de placer sous tutelle des territoires Ă©trangers dont on voulait piller les richesses, sans avoir Ă  assumer les inconvĂ©nients et les frais que suppose une annexion pure et simple. La diffĂ©rence avec une colonie, c’est que l’ »Etat protĂ©gé » conserve formellement ses institutions, mais il cĂšde Ă  la « puissance protectrice » sa politique extĂ©rieure et, surtout, son Ă©conomie et son commerce extĂ©rieur.

C’est dans un tel contexte que nous assistons, au sein de l’UE et plus particuliĂšrement de l’eurozone, depuis le dĂ©but – en 2008 – de la crise financiĂšre, Ă  une perte manifeste de souverainetĂ© des Etats les plus affaiblis. C’est la phase prĂ©liminaire avant d’accĂ©der au triste statut de « protectorat europĂ©en », qui vient d’échoir Ă  la GrĂšce.

Angela Merkel a proposĂ©, en septembre 2011, un nouveau concept : « marktkonforme demokratie » (dĂ©mocratie compatible avec le marchĂ©). Elle l’a dĂ©fini ainsi : « L’élaboration du budget de l’Etat est une prĂ©rogative fondamentale du Parlement, mais il nous faut trouver des voies pour que cette exigence dĂ©mocratique soit compatible avec les impĂ©ratifs du marché [4]. » Le marchĂ© est dĂ©sormais la rĂ©fĂ©rence. Ce qui signifie que ce ne sont plus les Ă©lecteurs qui dĂ©terminent les dĂ©cisions lĂ©gislatives mais les Bourses, les banques et les spĂ©culateurs [5].

Cette nouvelle philosophie antidĂ©mocratique gagne peu Ă  peu l’Europe. Cela se traduit en lois et traitĂ©s qui limitent de plus en plus les marges de manƓuvre des gouvernements et fonctionnent comme une sorte de « pilote automatique » pour domestiquer les sociĂ©tĂ©s. Et les amener, de maniĂšre rampante et dissimulĂ©e, vers une Europe fĂ©dĂ©rale. A cet Ă©gard, le chĂątiment infligĂ© Ă  la GrĂšce reprĂ©sente le modĂšle de ce qui menace tout pays europĂ©en rĂ©calcitrant. Et qui deviendra officiellement la norme lĂ©gale dĂšs juillet prochain, une fois le MĂ©canisme europĂ©en de stabilitĂ© (MES) ratifiĂ©.

Conçu par Angela Merkel, et approuvĂ© par Nicolas Sarkozy, le MES est une nouvelle organisation intergouvernementale, une sorte de FMI europĂ©en. Il est actuellement soumis Ă  la ratification des Parlements europĂ©ens sans dĂ©bat public [6], alors que, en raison de ses caractĂ©ristiques, il peut avoir des consĂ©quences dĂ©sastreuses pour les citoyens. En effet, le MES prĂ©voit d’accorder des aides financiĂšres aux pays en difficultĂ© Ă  condition prĂ©cisĂ©ment qu’ils cĂšdent une part de leur souverainetĂ©, acceptent de se placer sous la tutelle d’une troĂŻka europĂ©enne et mettent en Ɠuvre des plans d’ajustements impitoyables.

Le MES est structurellement articulĂ© au « Pacte budgĂ©taire » adoptĂ© le 30 janvier dernier par 25 des 27 chefs d’Etat ou de gouvernement de l’UE. Ce redoutable Pacte (dont le vrai nom est : « TraitĂ© sur la stabilitĂ©, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union Ă©conomique et monĂ©taire ») rĂ©sulte Ă©galement d’un exigence allemande. Il contraindra les Etats signataires Ă  inscrire dans leurs Constitutions (ou au moins dans une loi) la fameuse « rĂšgle d’or » qui oblige Ă  maintenir le dĂ©ficit budgĂ©taire annuel en dessous de 0,5% du PIB. Les pays qui ne respecteront pas cette contrainte pourront ĂȘtre dĂ©noncĂ©s auprĂšs de la Cour de justice europĂ©enne et gravement sanctionnĂ©s.

Karl Marx affirmait que les gouvernements, Ă  l’ùre industrielle, n’étaient que les Conseils d’administration de la bourgeoisie. En le paraphrasant, nous pourrions dire que, aujourd’hui, Ă  l’ùre de « l’Europe austĂ©ritaire » d’Angela Merkel, les gouvernements deviennent les Conseils d’administration des marchĂ©s. Jusqu’à quand ?

Ignacio Ramonet

1er mars 2012

Notes

[1]  El País, Madrid, 21 février 2012.

[2]  L’Eurogroupe coordonne et supervise les politiques et les stratĂ©gies Ă©conomiques des Etats de la zone euro (eurozone). Il rĂ©unit, une fois par mois, les ministres de l’économie et des finances de ces Etats.

[3]  Entretien à l’hebdomadaire allemand Focus, 4 juillet 2011.

[4]  Déclaration à la radio publique allemande Deutschlandfunk, 1 septembre 2011.

[5]  Lire Rafael Poch, « Un documento alemån pide un comisario para Grecia », La Vanguardia, Barcelone, 28 janvier 2012.

[6]  Le 21 fĂ©vrier dernier, l’AssemblĂ©e nationale française a ratifié l’accord autorisant la crĂ©ation du MES. La majoritĂ© des dĂ©putĂ©s socialistes n’ont pas votĂ© contre.

Source : http://www.medelu.org/Nouveaux-protectorats

 

 

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