HANS KÜNG : « LE PAPE PROVOQUE A LA DESOBEISSANCE »
Le théologien Hans Küng a refusé l’invitation de venir célébrer le 50e anniversaire du Concile Vatican II, lors du Katholikentag à Mannheim (Allemagne), les samedi 19 et dimanche 20 mai 2012.
Il a donné à son refus de participer à ce qu’il a appelé le « Gala du Concile » une explication de 4 pages dont sont extraits les 2 passages suivants :
« J’ai été honoré de recevoir l’invitation mais est-on d’humeur à une célébration à une époque où l’Eglise est dans une telle détresse douloureuse ? »
« A mon avis, il n’y a aucune raison de faire un gala festif. Mais plutôt un service honnête de pénitence ou un service funèbre pour le Concile ».
Il a fait par ailleurs, à l’issue de la rencontre, une déclaration que le réseau IMWAC (International Movement We Are Church) – auquel appartient NSAE – s’est chargé de diffuser, en particulier la traduction française reproduite ci-après :
Communiqué de presse
Le Pape provoque à la désobéissance
À Mannheim, c’est en général la colère et la frustration qui dominaient aussi bien du côté des « alternatifs » que du Katholikentag officiel, au sujet de l’immobilisme concernant les réformes internes. En total contraste avec cette aspiration, le Pape Benoît XVI prépare de toute évidence une réconciliation définitive de l’Eglise Catholique Officielle avec les traditionalistes de la Fraternité Saint‐Pie X, leurs évêques et leurs prêtres. Ceci doit se passer même si ses membres continuent de refuser les textes décisifs du Concile, ceci au moyen d’astuces de droit canonique pour les intégrer dans l’église. Le Pape devrait être formellement prévenu, avant tout par les évêques, car :
1. Le Pape ferait entrer définitivement dans l’Eglise des évêques et des prêtres dont l’ordination n’est pas valide. Selon la Constitution Apostolique de Paul VI « Pontificalis Romani recognitio » du 18 Juillet 1968, les ordinations d’évêques et de prêtres faites par l’archevêque Lefebvre n’étaient pas seulement illicites, mais elles étaient aussi invalides. Ce point de vue est soutenu entre autres par Karl Josef Becker SJ, qui est l’un des principaux membres de la « Commission de Réconciliation » et qui est aujourd’hui cardinal.
2. Une telle décision scandaleuse éloignerait davantage le Pape Benoît du Peuple de Dieu, en plus de son attitude hautaine déplorée de toutes parts. La doctrine classique sur le schisme devrait lui être un avertissement. Selon cette doctrine, un schisme arrive dans l’Eglise quand on se sépare du Pape, mais aussi quand on se sépare du reste du corps de l’Eglise. «Ainsi le Pape peut aussi devenir un schismatique s’il ne veut pas maintenir l’unité et l’attachement dû avec la totalité du corps de l’Eglise. » (Francisco Suarez, éminent théologien espagnol des XVIe et XVIIe siècles)
3. Selon ce même droit canonique, un Pape schismatique perd son ministère. Tout au moins il ne peut pas compter sur l’obéissance. Le Pape Benoît encouragerait alors un mouvement déjà croissant de la « désobéissance » envers une hiérarchie qui désobéit aux Evangiles. Il aurait alors la responsabilité exclusive pour l’immense fossé et pour la discorde qu’il aurait lui‐même provoqués au sein de l’Eglise.
Au lieu de se réconcilier avec la Fraternité Saint‐Pie X, ultraconservatrice, antidémocratique et antisémite, le Pape ferait mieux de se réconcilier avec la majorité réformatrice des Catholiques et de s’occuper de la réconciliation avec les Eglises de la Réforme, et de tout l’œcuménisme. Ainsi il pratiquerait l’unité et non la division.
Prof. Dr. Hans Küng – 22 mai 2012
(traduction française de Pierre Collet)
Source : http://www.we-are-church.org/joomla/
En savoir plus :
– sur le Katholikentag à Mannheim et les rencontres alternatives (en langue allemande) : http://www.wir-sind-kirche.de/
– sur la pétition Vaticanum 2