Mur de séparation : les chrétiens palestiniens en appellent au pape
L’isolement progressif des habitants de Bethléem et la confiscation de leurs terres par le mur de sécurité israélien ont incité la communauté chrétienne de Palestine à adresser une lettre ouverte au pape François. Le Secours Catholique est solidaire de ses coreligionnaires et dénonce avec eux les spoliations dont ils sont régulièrement victimes.
Les représentants de la ville chrétienne de Beit Jala, près de Bethléem, ont adressé une lettre au pape dans laquelle ils écrivent : « Nous sommes menacés de voir la plupart de nos terrains confisqués par l’occupant militaire israélien qui a déjà commencé à construire le “fameux mur” annexant la terre palestinienne chrétienne. »
Cette lettre ouverte est un appel au secours des habitants de Beit Jala après que la justice israélienne s’est prononcée la semaine dernière en faveur de la construction du mur de séparation dans la vallée palestinienne de Crémisan, site agricole de 170 hectares. Une commission spéciale d’appel, statuant sur les confiscations de terre, a rejeté les recours présentés par les propriétaires fonciers de Crémisan et par la Société Saint-Yves de Jérusalem, une association catholique de défense des droits de l’homme qui représentait les religieuses d’un couvent salésien également affecté par le tracé du mur.
Le pape François, en qui les chrétiens palestiniens fondent aujourd’hui leur espoir, devrait recevoir cette semaine le président israélien Shimon Peres, que les rédacteurs de la lettre estiment être « un des principaux auteurs de la politique israélienne de colonisation en Palestine occupée. »
Les terres que le mur va confisquer en les faisant basculer en territoire israélien sont plantées de vignobles. La communauté monastique salésienne cultive ces coteaux depuis 1891 et le raisin qui y est récolté produit un vin réputé. La plainte des agriculteurs de Crémisan remonte à 2006. Outre l’appel au pape, les plaignants n’ont plus comme seul recours que de saisir la Cour suprême israélienne.
Le « mur de l’apartheid », comme l’ont baptisé les Palestiniens, ceinture les populations palestiniennes et les sépare de leurs terres, qui, bien souvent, sont leur unique ressource. Le dossier du journal Message d’avril [1] dénonçait cet état de fait que la justice internationale condamne régulièrement (en juillet 2004 par exemple, la Cour internationale de Justice exigeait le démantèlement de cette « barrière illégale »), comme le font aussi l’Assemblée générale ou le Conseil de sécurité des Nations unies, dont la plupart des résolutions ne sont pas respectées par Israël.
J.D. (avec AFP) – 29.04.2013
Note :
[1] http://www.secours-catholique.org/nous-connaitre/nos-publications/messages/messages-no-678-avril-2013,11687.htmlAller plus loin :
• Consulter le site du Patriarcat latin de Jérusalem : « Mur de séparation : lettre ouverte des Palestiniens chrétiens au pape François» en cliquant ICI
• s’associer à la vague de prière hebdomadaire de SABEEL du jeudi 2 mai 2013 en cliquant ICI et dont voici un extrait :
« Seigneur, nous sommes affligés du jugement rendu mercredi dernier par le tribunal civil israélien qui a rendu légal le mur de séparation qui va couper la vallée de Cremisan de Beit Jala. Pendant 7 années, des pétitions ont été faites pour tenter de sauver cette terre, mais le jugement va annexer à Israël, sans la population, les terres agricoles de 58 familles palestiniennes. Le mur qui va entourer le monastère de Cremisan sur trois côtés le séparera de 75% de ses terres. Les religieuses dirigent une école primaire pour les enfants palestiniens dans le besoin et les moines exploitent la seule entreprise vinicole utilisant du raisin palestinien. Ils seront tous pénalisés. Il s’agit du dernier espace vert accessible aux gens de Bethléem et de Beit Jala. Nous avons le cœur brisé par la perte de cette terre importante. Comment pouvons-nous conserver l’espoir d’une paix juste alors que notre terre est spoliée de façon continue ? Seigneur, nous te prions pour que le pape François soulève ce problème lorsqu’il va rencontrer le président Shimon Peres cette semaine. Nous te prions pour que ce jugement soit remis en question afin que la justice prévale. Seigneur, dans ta miséricorde, entends notre prière. »