Offensive religieuse au Parlement européen
Le Parlement européen (PE) réuni actuellement en plénière va être saisi le 12 juin 2013 du rapport de Mme Andrikiené, suite aux travaux de la Commission des Affaires étrangères du PE, contenant « une proposition de recommandation du Parlement européen à l’intention du Conseil sur le projet de lignes directrices de l’Union sur la promotion et la protection de la liberté de religion ou de conviction » [1]. Véronique De Keyser, députée européenne (Vice-présidente du Groupe Socialistes et Démocrates) réagit dans un communiqué de presse du 10 juin [2] : « Qui pourrait être contre l’idée de protéger la liberté de religion et de conviction ? Le problème, c’est ce que Madame Andrikiené […] a fait de la proposition initiale de la Commission. Elle l’a transformée en un véritable brûlot religieux. […]. En l’état, ce rapport est inacceptable. Il a été rejeté par les Socialistes et Démocrates en Commission des Affaires Étrangères, et le sera encore en plénière s’il ne subit pas un lifting complet, c’est-à-dire si des pans entiers ne sont pas élagués par des votes de rejet. »
Informé du rapport de Mme Andrikiené, l’Observatoire Chrétien de la Laïcité (OCL) a fait part de sa réaction à Mme De Keyser, via le communiqué ci-après (et [3]). De son côté le CEDEC (Chrétiens pour une Eglise Dégagée de l’Ecole Confessionnelle) a apporté son soutien à Mme De Keyser (voir le communiqué ci-après (et [4]).
Communiqué de l’Observatoire Chrétien de la Laïcité – 11 juin 2013
Informé du rapport Andrikiené, proposé au Parlement Européen, « pour promouvoir la liberté de religion et de conviction dans le monde », l’Observatoire Chrétien de la Laïcité (France) souligne le grave danger que ce rapport fait courir à la liberté de conscience qui consiste dans le droit des citoyens des pays démocratiques de choisir librement leurs convictions, c’est-à-dire d’avoir une religion, de n’en pas avoir et d’en changer librement.
Contrairement à la notion de liberté religieuse qui consisterait selon ce rapport à défendre « le droit des parents d’éduquer leurs enfants conformément à leurs convictions qu’elles soient religieuses ou pas » ce qui supposerait « le droit de dénier toute interférence dans cette éducation qu’elle provienne d’acteur étatiques, si elle est opposée à leur conviction qu’elles soient religieuses ou pas » la liberté de conscience suppose la neutralité de l’Etat et d’un système scolaire, fondé sur l’éducation au savoir théorique et pratique, sur des méthodes communes de transmission et d’élaboration des connaissances, sur une pensée rationnelle commune et l’acquisition d’un esprit critique positif, et permettant l’apprentissage vécu de la citoyenneté démocratique et du « vivre ensemble dans le respect des différences ». Il serait désastreux pour tout système éducatif dans une société sécularisée de femmes et d’hommes libres d’y introduire l’obligation à enseigner des convictions particulières, à la limite sectaires ou délirantes…
L’école n’est pas le prolongement de l’éducation parentale mais elle doit ouvrir l’enfant sur la vie sociale globale et sur la diversité légitime qu’inclut la liberté de conscience, et non imposer des points de vue particuliers que ce soient des croyances particulières voire des idéologies (religieuses ou non) d’un Etat, en ce dernier cas non démocratique.
Le système éducatif ouvert à tous les enfants est de la responsabilité des Etats dans une société sécularisée dans laquelle l’Etat n’a pas à reconnaître, mais seulement à connaître, les diverses convictions et groupes de conviction des citoyens et s’adresse à des enfants de toutes convictions.
Ce qui implique une neutralité du système éducatif dans le domaine des croyances et la définition des moyens d’une éducation humaine à une morale citoyenne fondée sur les valeurs communes qui permettent de fonder une démocratie.
Jean Riedinger
secrétaire de l’O.C.L.
Contact : O.C.L.
Temps Présent, 68 rue de Babylone, 75007 Paris
Notes :
[1] le rapport est disponible à :
[2] Communiqué de V. De Keyser téléchargeable (en pdf) en cliquant ci-après :
[3] Communiqué de l’OCL téléchargeable (en pdf) en cliquant ci-après :
[4] Communiqué du CEDEC téléchargeable (en pdf) en cliquant ci-après :
4-Communiqué CEDEC Liberté religieuse 11juin 2013
Communiqué du C.E.D.E.C.
Tours, le 11 juin 2013
Le C.E.D.E.C. (Chrétiens pour une église Dégagée de l’école Confessionnelle) approuve le Communiqué de Presse de Véronique De Keyser, députée européenne et vice-présidente du groupe Socialistes & Démocrates au Parlement Européen, publié le 10 juin 2013.
Ce qui nous semble premier, c’est la liberté de conscience, qui rend tous les citoyens également autonomes en droit à l’égard de tout groupe d’opinion. Ces groupes se partagent en obédiences diverses, entre autres religieuses. Les différentes religions ne sauraient avoir dans nos sociétés davantage de droits que les autres groupes de conviction, parmi lesquels elles doivent être rangées. Ces groupes doivent bénéficier également du droit d’expression, et certains ne sauraient se voir accorder des droits particuliers que n’auraient les autres.
C’est à la nation de prendre en charge le contenu d’une éducation nationale – collective – indépendamment de toute pression issue de groupes, religieux ou non.
Toutes les craintes émises par Madame De Keyser concernant la mise en œuvre de “l’objection de conscience” nous paraissent justifiées. Le risque de dérives sectaires n’est pas un leurre.
Monique Cabotte-Carillon (Présidente du C.E.D.E.C.)
Contact : C.E.D.E.C., 100 rue de la Fuye, 37000 Tours