A Bayonne, le succès d’Alternatiba, une mobilisation joyeuse pour la bataille climatique
Alternatiba s’est déroulée dimanche 6 octobre à Bayonne. Dans une ville investie par des dizaines de présentations d’alternatives au système économique dominant, plus de quinze mille personnes ont échangé, réfléchi et discuté. Paradoxe : à la gravité du diagnostic sur le changement climatique s’opposait un sentiment joyeux d’alliance dans une lutte vitale.
Reportage-Bayonne, par L’équipe de Reporterre
Extrait
Ci-après un bref extrait du reportage autour des interventions de Geneviève Azam et de Patrick Viveret :
[ Geneviève Azam prend la parole. « Alternatiba est un véritable événement politique, on invente ici les voies pour que le peuple de la Terre relève le défi climatique. Il ne s’agit pas d’un défi pour les générations futures, mais d’une solidarité avec les générations présentes, qui le vivent déjà, comme au Bangladesh, ou comme les enfants déjà nés. Ce n’est pas une solidarité abstraite pour demain, mais active pour aujourd’hui. » L’auditoire est très attentif, une petite fille passe devant la tribune, paisiblement, son doudou à la main.
« Il nous faut imposer la reconnaissance des limites et la solidarité avec la Terre, poursuit Geneviève, nous rentrons dans cette zone frontière où le vécu concret s’articule avec la nature. Nous ne voulons pas nous limiter pour survivre, mais pour vivre en démocratie. Nous ne sommes pas réunis ici pour faire verdir le bitume, mais pour faire reculer le bitume ». Elle conclut en citant un beau discours d’Aimé Césaire en 1966 (http://gradhiva.revues.org/1604), déplorant un « monde où l’homme devient chose lui-même ». Applaudissements nourris !
Patrick Viveret se lance, reprenant l’expression de Geneviève pour expliquer que « l’humanité devient peuple de la Terre, il se constitue comme sujet de sa propre histoire. Il a commencé avec Hiroshima et Auschwitz comme un sujet négatif, l’enjeu est qu’il devienne un sujet positif : vraiment sapiens sapiens, et non sapiens demens, comme le dit Edgar Morin ».
Deux questions se posent à nous, selon Viveret : « D’abord le blocage de l’oligarchie mondiale, qui est vent debout contre toutes les logiques de transformation. Et c’est pourquoi la résistance est nécessaire. Mais aussi la démesure et le mal de vivre. Les dépenses énormes de la publicité, des armements et des drogues, montrent que le système opère une gestion massive du mal-être et de la maltraitance. » Alors, selon Patrick, « il nous faut organiser la résistance du peuple de la Terre à l’oligarchie, mais aussi offrir la sobriété, l’acceptation des limites, avec la transition vers une société du buen vivir, du bien-vivre, prendre en compte le volet de l’art de vivre, de la joie de vivre ».
Les mots d’espérance positive, de fête, de plaisir, de joie, emplissent la salle. Il y a trois portes dans l’existence humaine, selon un mythe indien : les portes de la beauté, de l’amour, de la douleur. « Eh bien, conclut Patrick, il nous faut mener la résistance, mais aussi réapprendre la porte de la beauté, et comprendre que la porte de l’amour est l’avenir de l’humanité, par une capacité relationnelle supérieure ». L’applaudissement est enthousiaste et prolongé. ]
Source : le reportage complet de l’Equipe Reporterre à Bayonne est disponible à :
http://www.reporterre.net/spip.php?article4804
ALLER PLUS LOIN
En diffusant la déclaration finale d’Alternatiba :
« Appel à multiplier les villages des alternatives »
• disponible à : http://www.bizimugi.eu/fr/creons-10-100-1-000-alternatiba-en-europe/
• téléchargeable en cliquant ci-après : Declaration-Alternatiba