Pourquoi les évêques catholiques d’Irlande
traînent-ils les pieds
sur le nouveau questionnaire du Vatican ?
C’est le titre de la tribune que nos amis de Nous Sommes Eglise d’Irlande, membres de IMWAC (International Movement We are Church) ont publié dans le quotidien irlandais The Irish Times, s’étonnant de l’inertie de leur épiscopat et appelant les laïcs à soutenir activement le programme de réforme du pape François.
Par Brendan Butler
La préparation du Synode extraordinaire des évêques qui se tiendra à Rome sur le thème de la famille du 5 au 19 Octobre 2014 comporte un questionnaire de 39 items qui doit être distribué à tous les fidèles catholiques.
Les résultats de ce questionnaire serviront de base à l’ordre du jour d’un nouveau synode en 2015.
Cette consultation mondiale, sans précédent, d’un milliard de catholiques sur les familles modernes, incluant des questions sur le mariage de personnes de même sexe, la cohabitation, la contraception et la place des divorcés remariés dans l’église, rencontre des réponses très mitigées .
Le secrétaire général de ce synode, le cardinal Erdö, a déclaré que « la base du synode sera la doctrine du Magistère et ne sera pas une question d’opinion publique ».
L’attaché de presse du Vatican, le P. Lombardi, a démenti que le pape Francis consulte les laïcs, cela fait, dit-il, « partie d’un document de préparation de routine d’un synode ». Mgr Hine, d’Angleterre, s’est exprimé sur Radio Vatican le qualifiant de « très important ».
De même, les réponses des Conférences épiscopales catholiques à la demande de la consultation mondiale du pape ont varié de l’enthousiasme à la tiédeur. Les évêques de la conférence d’Angleterre et du Pays de Galles ont été les premiers à mettre le questionnaire en ligne, sur le site SurveyMonkey, [NDLR : site de gestion de sondages en ligne] à la fin Octobre, et sont prêts à rassembler les résultats. La plupart des diocèses anglais et gallois ont nommé des agents de coordination et d’information pour aider cette importante initiative.
Les évêques de Belgique ont également placé le questionnaire en ligne et collationneront les réponses à la mi-décembre.
Une apparente indifférence
Cependant la conférence des évêques irlandais doit encore se prononcer sur la façon de réagir. La réponse de l’archidiocèse de Dublin est représentative de l’indifférence apparente des évêques irlandais à faciliter ou favoriser une approche conviviale de réponse à ce questionnaire important ; son site Web contenant la totalité du document du Vatican demande simplement que toutes discussions, commentaires ou propositions soit envoyés par courriel à « communications @ dublindiocese ».
Pourtant, le secrétaire du synode avait demandé, au nom du pape, dès le 18 Octobre, que le questionnaire soit distribué « immédiatement aussi largement que possible pour obtenir des données réelles sur le thème du synode. »
En outre, mener une consultation nationale auprès des fidèles en les impliquant dans la prise de décision, avec des journées portes ouvertes et des discussions animées sur ces questions très importantes de la famille, est une occasion en or pour un renouveau dans l’Église catholique irlandaise.
Il n’a même pas eu une annonce à ce sujet à la messe du dimanche.
Pourquoi les évêques irlandais ignorent-ils la volonté du pape en ne faisant pas participer activement les fidèles à ce développement significatif dans l’Eglise ? Nous sommes Eglise d’Irlande a écrit à la Conférence épiscopale en lui demandant d’agir immédiatement pour promouvoir ce processus de consultation.
Déconcerté
Alors que la consultation est la bienvenue, beaucoup de questions et la façon dont elles sont posées, sont une cause de frustration et de confusion.
Par exemple :
2 c) Comment, en pratique et en théorie, la loi naturelle sur l’union entre un homme et une femme en vue de la formation d’une famille est-elle contestée?
4 a) Le concubinage ad experimentum est-il une réalité pastorale importante dans votre Église particulière?
La question 7 f), qui demande aux fidèles, en particulier dans un monde surpeuplé, une réponse à « Comment une augmentation des naissances peut-elle être encouragée ? », doit sûrement se classer parmi les plus inapproprié des 39 questions.
Ce qui est incongru, c’est qu’un synode sur le thème de la famille soit organisé par une hiérarchie célibataire, sans un père ou une mère en vue. Sans doute, des laïcs « cueillis à la main » apparaîtront-ils plus tard au cours du synode, mais une large fraction de l’opinion laïque doit être représentée pour le rendre crédible.
Avancer
Bien que le bureau de presse du Vatican ait minimisé cette initiative « de routine », c’est une marche en avant dans le démantèlement d’une église cléricale et la reconnaissance du sensus fidelium comme voix de l’Esprit dans l’Eglise.
Cependant, comme en témoigne la résistance à ce sondage minimaliste dans l’Eglise d’une grande partie de l’Eglise hiérarchique, le pape François fait face à une tâche gigantesque en promouvant un programme de réforme .
Il est temps pour les laïcs de soutenir ce pape réformiste, en particulier dans sa promotion d’une Eglise plus miséricordieuse et plus ouverte.
Brendan Butler
Traduction française par Lucienne Gouguenheim
Brendan Butler est membre de l’équipe de coordination du mouvement Nous sommes Eglise Irlande. Pour en savoir plus sur We are Church Ireland voir : http://wearechurchireland.ie/
Source : tribune publiée le 26 novembre 2013 dans le quotidien The Irish Times à :
Sur le même sujet :
– Lettre ouverte de José Arregi : http://nsae.fr/2013/11/14/lettre-ouverte-au-pape-francois-sur-la-famille/
– http://nsae.fr/2013/11/07/leglise-catholique-se-met-au-remue-meninges-participatif/
