Noël : la fête de l’homme
Par Jacques Gaillot
Noël n’appartient à personne. Comme Jésus n’appartient à personne. L’enfant de Bethléem appartient à l’humanité.
À Noël, nos yeux cherchent la lumière du côté de l’Orient, comme jadis les Mages guidés par l’étoile, en route vers la capitale et la bourgade aux noms symboliques qui restent si parlant aujourd’hui: Jérusalem, vision de paix ; Bethléem, maison du pain.
Dans nos régions, les illuminations de Noël expriment le rêve de la lumière au cœur de l’hiver sombre. La tradition chrétienne s’est coulée dans la tradition populaire du solstice d’hiver pour en faire la date anniversaire de la naissance de Jésus. C’est le moment où les choses s’inversent: les jours ont commencé à rallonger, les ténèbres font peu à peu place à la lumière. Le symbole est parlant. Le christianisme a gardé tout l’aspect festif déjà en place et lui a donné plus d’éclat encore à travers la naissance de celui qui nous appelle tous à la lumière.
Nul étonnement alors à ce que Noël soit la plus universelle des fêtes. C’est celle qui dure le plus longtemps: les préparatifs commencent en novembre et les dernières illuminations seront enlevées fin janvier. Les sapins décorés font rêver aux fleurs et aux fruits au moment où la végétation semble morte.
On sait que la solitude et la précarité pèsent plus durement le jour de Noël. Partout on fait effort pour que personne ne reste seul. Les mains et les cœurs s’ouvrent volontiers à l’amitié et au partage. Quand on aime il ne fait jamais nuit.
C’est probablement pour cette fête que l’on dépense le plus d’argent. Simple entreprise commerciale alors ? Pas seulement. Il y a le désir de se réjouir ensemble, le besoin de voir des gens heureux autour de soi. Noël est avant tout une fête familiale, et les enfants y tiennent une grande place. Rien n’est trop beau pour fêter l’intuition profondément enfouie qui empêche de désespérer: l’intuition que rien n’est fini, que rien n’est perdu, que tout peut recommencer, à l’image d’un enfant nouveau-né. Cette espérance ne demeure-t-elle pas au fond des cœurs ?
Jésus est né au cours d’un déplacement. Dans une ville où il n’y avait plus de place pour un couple de passage. Dieu prend visage d’homme. Il partage notre condition humaine. Il n’est plus dans le Temple mais dans l’étable. Il est mêlé à la foule des hommes. Inutile de le chercher là où il n’est pas. Il est au cœur de nos vies, lié à ceux que la société délaisse.
Les marginaux et les clochards ont tous le droit de s’approcher de l’enfant de Bethléem. Personne n’est exclu. Désormais tout ce qui touche l’homme touche Dieu. Si on blesse l’homme, on blesse Dieu. Si on méprise l’homme, on méprise Dieu. Seul l’être humain peut manifester Dieu. Jésus n’est-il pas le visage humain de Dieu ? Comment pourrait-on croire en Dieu si on ne croit pas en l’homme ?
J’aime aller visiter des crèches aux cents visages, entouré d’enfants aux regards émerveillés. Mais sans nous, la crèche est vide ! C’est à nous de rendre la crèche vivante. Noël est la fête de l’homme, de son incomparable dignité.
Jacques Gaillot – Evêque de Partenia
24.12.2013
Source : publié à :
http://www.huffingtonpost.fr/jacques-gaillot/noeel-la-fete-de-lhomme_b_4493788.html
Transmis via [Mouvance Partenia] ; http://www.partenia2000.over-blog.com/
• Nos amis de Partenia 2000 nous ont également transmis la traduction (par Peio Ospital) du billet de Noël de Jose Arregi suivi d’un poème de Pedro Casaldaliga (support pour la prière). Texte téléchargeable (en pdf) en cliquant ci-après) : Noël-Jose Arregi
• Le blog de Jose Arregi (en espagnol) : http://blogs.periodistadigital.com/jose-arregi.php