Pollution de l’air : et si l’on posait les vraies questions ?
Par Hervé Kempf
Avions, transports gratuits, Grand Paris : avec l’épisode de pollution, il faut aller plus loin que la circulation alternée.
On ne peut qu’apprécier que, face aux pics de pollution de l’air, le gouvernement ait finalement décidé d’imposer la circulation alternée en région parisienne, en ce lundi 17 mars.
Cela pourra sans doute alléger une situation si absurde que l’on en venait, malgré le beau temps, à devoir renoncer à faire du vélo en raison de la pollution !
Mais l’on ne saurait se contenter de cette mesure d’un jour, si louable soit-elle.
Et les avions ?
Il est tout à fait surprenant que les grands aéroports parisiens, à commencer par celui de Roissy, soit épargné de toute contrainte. Les avions ne provoquent certes pas de pollution de particules fines – leurs moteurs ne sont pas diesel -, mais ils génèrent une pollution importante et échappent à toutes les réglementations courantes, comme l’a montré notre récente enquête [1]. Il est temps de mettre fin à cette situation extraordinaire. Ce serait aussi, sans doute, une mesure éco-sociale : car ceux qui prennent l’avion ont un niveau de revenu plus élevé que la moyenne de la population.
Les transports toujours gratuits ?
Aussi importante que la circulation alternée, la gratuité des transports est un outil essentiel pour faire reculer la pollution atmosphérique. Il est temps de se reposer la question de généraliser cette mesure. Difficile ? On en convient. Mais possible, comme le montre plusieurs expériences réussies, comme à Aubagne.
Abandonner le Grand Paris
La raison essentielle de l’échec des politiques est qu’elles poursuivent des objectifs contradictoires : on ne peut pas vouloir à la fois réduire la pollution dans une immense agglomération comme Paris et vouloir étendre encore celle-ci. Or, c’est le parti adopté par le PS comme l’UMP, qui visent, avec le projet du « Grand Paris », à augmenter l’hypertrophie de la région parisienne, ce qui entraînera évidemment, avec l’étalement urbain, un surcroît de trafics routier et aérien. Il est temps de remettre en cause ce projet à la rationnalité fort discutable.
Appliquer ce qui a été décidé
Comme l’a montré une récente enquête de Reporterre [2], de nombreuses mesures et politiques ont déjà été adoptées dans le passé pour être, plus ou moins discrètement, abandonnées ou tempérées de façon à les rendre inopérantes. Il faudrait faire ce qui a été convenu et approuvé…
Hervé Kempf – 17 mars 2014
Notes :
[1] « Les avions ne paient pas d’impôts mais polluent un maximum » : http://www.reporterre.net/spip.php?article5392 [2] « Pollution de l’air : les gouvernements s’en fichent » : http://www.reporterre.net/spip.php?article5149Source : Edito de Reporterre à : http://www.reporterre.net/spip.php?article5563
Dessin : Philippe Mouche.