Les croisés mis à nu
À lire : CIVITAS et les nouveaux fous de Dieu, par Luc Chatel (éd. Temps présent)
L’UFAL s’est déjà intéressée à CIVITAS, groupuscule musclé d’ultra-catholiques dont les Femen et Caroline Fourest, notamment, ont subi les brutalités. Notre pétition [1] pour la suppression des déductions fiscales dont bénéficient ses donateurs est toujours à signer. À ce titre nous ne pouvions qu’accueillir avec sympathie l’ouvrage de Luc Chatel qui met à nu les mécanismes, les organisations, et les principales personnalités des mouvances catholiques traditionalistes, intégristes, voire pétainistes et fascistes (il y a des nuances, si, si !) qui ont tant fait parler d’elles autour de la « manif pour tous ».
Luc Chatel (ne pas confondre avec un désastreux ministre de Sarkozy) est ancien rédacteur en chef de Témoignage chrétien, et les éditions « Temps présent », où est publié son livre, un petit village d’irréductibles chrétiens progressistes, qui placent la parole adressée aux hommes avant le dogme de la hiérarchie. L’UFAL, qui y a déjà mis les pieds pour rencontrer nos amis du CEDEC (Chrétiens pour une Eglise Dégagée de l’Ecole Confessionnelle), y est d’ailleurs connue et appréciée, figurez-vous !
Ne manquez pas de lire ce bouquin très bien documenté. Il vous en apprendra beaucoup sur les forces, mais aussi les faiblesses (Civitas : 450 membres !) des adversaires de la liberté de conscience, sur leurs liens et leurs ramifications. Il y aurait sans doute tout un ouvrage supplémentaire à écrire sur l’Opus Dei, ses ramifications et ses membres placés dans des endroits stratégiques (bien mieux que le « complot maçonnique » !). Mais la méthode et les objets d’étude choisis par Luc Chatel permettent à la fois une approche empirique fine, et une réflexion stratégique : lisez les passages « merci Benoît » (XVI) et « merci François » (Hollande !) à propos du mouvement contre le mariage pour tous, ainsi que la référence paradoxale à… Antonio Gramsci. De précieux portraits d’évêques de choc complètent utilement l’analyse des « Soutiens et relais catholiques ». Et pour vous mettre en appétit, n’hésitez pas à commencer par le savoureux « Florilège de citations », toutes authentiques et référencées : on oublie trop souvent à quel point l’obscurantisme, la bêtise et la méchanceté se nourrissent mutuellement.
Un regret : l’auteur a omis d’évoquer la pétition de l’UFAL contre les avantages fiscaux de Civitas. Il l’a reconnu : qu’il soit pardonné, car il se rachète en nous livrant une piste tout aussi intéressante, celle de l’institut Ichtus. Cette officine a tout pour plaire : pétainisme, collaboration, OAS, apologie de la torture, putschisme, dictature argentine, lutte contre l’IVG, etc. De vrais facholiques. Eh bien, Chatel nous apprend qu’ils délivrent des « formations » (les exemples qu’il donne sont éloquents de sottise apologétique) remboursées par l’État au titre de la formation professionnelle, et qu’ils sont agréés auprès de l’Agence du Service (sévice ?) Civique (présidée par François Chérèque) !
Certes, ces activistes sont parfois peu nombreux : néanmoins, ils bénéficient de fonds considérables (comme la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, des « lefebvristes »). Et ce qui peut inquiéter, c’est qu’ils recrutent des jeunes, qui n’hésitent plus à s’afficher « croisés », et font, pour certains, carrière dans l’église officielle. Raison de plus pour être vigilants, et bien les connaître : ce livre y contribue.
Charles Arambourou
Responsable de la commission Laïcité de l’UFAL
[1] Pétition contre le financement public de Civitas :http://www.ufal.info/feminisme-et-laicite/stop-au-financement-public-de-civitas/6811
Source : publié le 18 mars 2014 par l’UFAL à :
À LIRE :
« CIVITAS et les nouveaux fous de Dieu », par Luc Chatel, Ed. Temps présent, 160 pages, 14,90 €, Mars 2014.
http://www.temps-present.fr/ouvrage.php?ouvrage=19
En savoir plus :
• « Civitas, le lobby catho qui flirte avec l’extrême droite »
http://rue89.nouvelobs.com/2011/11/14/civitas-le-lobby-catho-qui-flirte-avec-lextreme-droite-226486
• « Derrière le Printemps français, l’influence de l’institut Ichtus »