Nicaragua : Le pape François lève une sanction datant des années 80
Par Nicole Winfield
Le pape François a rétabli un prêtre nicaraguayen suspendu par le Vatican dans les années 1980 pour avoir participé au gouvernement sandiniste de gauche du Nicaragua.
Le Révérend Miguel d’Escoto Brockmann, âgé de 81 ans, qui fut ministre des Affaires étrangères du Nicaragua de 1979 à 1990, a récemment écrit à François pour lui demander l’autorisation de célébrer à nouveau la messe avant de mourir. Le Vatican a déclaré lundi que François avait accepté et chargé le supérieur de d’Escoto dans l’ordre Maryknoll de le réintroduire dans le ministère sacerdotal.
Le Vatican avait suspendu d’Escoto et trois autres prêtres dissidents en 1985 [1] pour avoir défié l’interdiction faite par l’Eglise au clergé d’occuper des fonctions gouvernementales [2]. La sanction était aussi un reflet d’une répression plus large par Saint-Jean-Paul II de la théologie de la libération en Amérique latine.
Les sandinistes, qui ont soutenu l’ «église populaire » de la théologie de la libération, avaient renversé le régime pro-américain d’Anastasio Somoza en 1979.
François, qui était à l’époque un jeune jésuite provincial en Argentine, avait partagé l’opposition de Jean-Paul II à ce qui était perçu comme les excès marxistes de la théologie de la libération. Mais en tant que pape, il a également appelé à une Eglise plus miséricordieuse et a indiqué qu’un autre symbole de la théologie de la libération, l’archevêque salvadorien assassiné, Oscar Romero, sera bientôt béatifié.
D’Escoto a été ordonné prêtre en 1961 et il est resté membre de l’ordre religieux des Pères et des Frères de Maryknoll tout au long des 29 ans de la suspension. Il ne pouvait simplement pas exercer ses fonctions sacerdotales. Un bref communiqué publié par les Maryknolls, connus pour leur travail missionnaire dans le monde entier, a annoncé le 1er août le décret de François levant la suspension et a noté que d’Escoto peut maintenant reprendre ses fonctions.
En 2008-2009, d’Escoto a été président de l’Assemblée générale de l’ONU.
Nicole Winfield, Associated Press
Traduction Lucienne Gouguenheim
Source : article original (en anglais) publié le 4 août 2014 à : http://www.startribune.com/world/269837481.html
Photo : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Miguel_d%27Escoto_Brockmann2.jpg
Notes (LB) :
[1] parmi ces prêtres sanctionnés par le Saint siège via une suspens a divinis (qui interdit de célébrer la messe et d’administrer les sacrements) figurent : (i) Fernando Cardenal, ministre de l’éducation en 1984 du premier gouvernement sandiniste de Daniel Ortega. Ce jésuite dut quitter la Compagnie en 1984 en raison de ses engagements politiques, avant d’y être réadmis en 1996. Depuis 2011, il dirige le grand mouvement catholique d’éducation populaire « Fe y Alegria » à Managua. (ii) Enersto Cardenal, ministre de la culture, de 1979 à 1987, dans le gouvernement sandiniste. Lors de la visite du pape Jean-Paul II au Nicaragua en 1983, E. Cardenal fut publiquement réprimandé par le Souverain Pontife, qui refusa de lui donner la main.
[2] Miguel d’Escoto Brockmann, diplomate nicaraguayen et prêtre catholique, a été ministre des affaires étrangères de Daniel Ortega entre 1979 et 1990.
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