Appel des Patriarches d’Orient
« L’extrémisme religieux est une menace majeure
pour la région et pour le monde »
Au cœur d’un Moyen-Orient à feu et à sang, les Patriarches d’Orient [1] lancent un appel urgent à la communauté internationale dans un communiqué [2] condamnant les guerres et les violences qui déchirent la région, et tout particulièrement la persécution d’innocents et de chrétiens. Ils y dénoncent sans détour le fondamentalisme religieux et ceux qui le nourrissent en finançant ses mouvements armés, portant atteinte à l’équilibre et à la stabilité de la région. Nous reproduisons ici l’appel qui conclue le communiqué.
Les Patriarches des Églises orientales déclarent que :
• Premièrement : les chrétiens des pays du Moyen-Orient souffrent d’une grave persécution. Ils sont expulsés de leurs demeures et de leurs biens saisis par les fondamentalistes et « takfiri »[3] sous le voile d’un silence mondial. C’est une honte pour l’humanité. Comme si notre époque retournait à ce qu’elle était avant toute loi et coexistence humaine.
• Deuxièmement : les composantes religieuses et les valeurs liées à la foi, ou qui sont de nature humanitaires, culturelles et éthiques sont toutes menacés, et de manière très dangereuse.
• Troisièmement : l’extrémisme terroriste et « takfiri » au nom de la religion est une menace majeure pour la région et le monde.
C’est pourquoi (les Patriarches) exigent :
• Premièrement : que tous les chefs religieux prennent une position commune, claire et forte contre cette persécution et cette menace.
• Deuxièmement : que la Ligue arabe, la Conférence de la coopération islamique, le Conseil de sécurité des Nations Unies, la Cour pénale internationale et la communauté internationale agissent immédiatement par un acte de secours efficace et fort.
• Troisièmement : que tous les États et les parties qui financent, directement ou indirectement, par l’argent et les armes, des groupes fondamentalistes, terroristes et « takfiri », pour des fins politiques et économiques, arrêtent ce financement et ce soutien.
(Les Patriarches) expriment leur soutien à leurs fils chrétiens expulsés de leurs maisons et de leurs terres par la force et le mépris, les assurent qu’ils sont près d’eux dans la prière et qu’ils font tout pour qu’ils trouvent un lieu sûr, avant de pouvoir retourner dans leurs maisons et propriétés, et que leur soient restaurés tous leurs droits.
Ils demandent également aux enfants de leurs églises disséminées sur les cinq continents d’être solidaires avec leurs frères et parents des pays de cet Orient souffrant, et de les aider matériellement, spirituellement et moralement, afin qu’ils puissent tenir dans leur pays avec une espérance chrétienne solide, et qu’ils puissent poursuivre en elle leur mission, en annonçant l’Evangile de fraternité, justice et paix, que le Christ leur a confié, lui le Rédempteur de l’homme et le Sauveur du monde et qui leur répète en ces moments difficiles: « Ne crains point, petit troupeau… Vous aurez des tribulations dans le monde; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde. » (Luc 12: 32; Jn 16: 33).
Notes :
[1] Suite à l’invitation du Cardinal Bishara Boutros Al Raï, Patriarche d’Antioche et tout l’Orient, les Patriarches des Eglises Orientales se sont réunis au Palais Patriarcal de Dymane, le 7 août 2014. Etaient présents: le Catholicos Aram Kshishian I, Catholicos de Beit Kilika pour les Arméniens Orthodoxes ; le Patriarche Grégorios Lahham III, Patriarche d’Antioche et d’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem pour les Grecs Melkites Catholiques ; le Patriarche Yuhanna Al Yazajee X, Patriarche d’Antioche et d’Orient pour les Grecs Orthodoxes ; le Patriarche Mar Aghnatios Yousef Younan III, Patriarche d’Antioche pour les Syriaques ; le Patriarche Mar Aghnatios Afram II, Patriarche d’Antioche et d’Orient pour les Syriaques Orthodoxes ; le Patriarche Narcis Bedros XIX, Catholicos et Patriarche de Kilika pour les Arméniens Catholiques ; le représentant du Patriarche Louis Raphaël Sakko I, Patriarche de Babel pour les Chaldéens, l’évêque Shlimon Wardouni, Vicaire Patriarcal.
[2] Le communiqué complet (traduit de l’arabe) comporte les 8 sections suivantes : I. L’expulsion des chrétiens de Mossoul et la vallée de Ninive (points 1 et 2) ; II. Le conflit en Syrie (points 3 et 4) ; III. Les événements de Gaza (point 5) ; IV. Les événements de Arsal (points 6) ; V. L’expérience de la coexistence (points 7) ; VI. Le fléau de l’extrémisme religieux et le devoir de le contrecarrer (points 8 et 9) ; VII. La solidarité avec nos frères et nos fils (points 11 et 12) ; VIII. Les demandes (points 12 à 14) ; Conclusion (point 15).
Il est TELECHARGEABLE (en pdf) en cliquant ci-après : Comm.Patriarchesd’Orient11.08.14
[3] Les takfiri (du mot arabe تكفيري, de Takfir wal Hijra (arabe : تكفير والهجرة, Anathème et Exil, groupe fondé en 1971) sont des extrémistes islamistes adeptes d’une idéologie violente. Le terme «takfiri» signifie littéralement « excommunication ». Les takfiris considèrent les musulmans ne partageant pas leur point de vue comme étant des apostats, donc des cibles légitimes pour leurs attaques.
Source : publié le 11 août 2014 sur le site du Patriarcat latin de Jérusalem à :
Photo : http://fr.lpj.org/2009/03/18/relance-de-la-collecte-pour-les-chretiens-de-terre-sainte/
Sur le même sujet :
• « Le Proche-Orient embrasé » à : http://nsae.fr/2014/08/08/le-proche-orient-embrase/
• « Solidaires avec les chrétiens d’Irak » à : http://nsae.fr/2014/07/29/solidaires-avec-les-chretiens-dirak/